La démocratie sans territoire ? Habermas, Rawls et l'universalisme démocratique (original) (raw)
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Le principe de légitimité démocratique et le débat Rawls-Habermas 1
Est-il encore possible de donner un fondement au principe de légitimité démocratique sur l'autonomie morale des citoyens dans un contexte social et culturel qui est devenu « post-métaphysique », comme le dit Habermas ? Il faudrait recourir à un langage et à une argumentation qui tiennent compte du « désenchantement du monde » (Habermas), c'est-à-dire de « l'absence de tout critère indépendant et antérieur de la justice » (Rawls) ou de « la disparition des repères de certitude 2 » (Lefort). Comment repenser à neuf les fondements des institutions et des pratiques démocratiques dans un contexte de crise de la raison théorique et pratique ? Comment continuer à affirmer la priorité du juste sur le bon, de la loi sur les préférences, au milieu de « la guerre des dieux » ? Définir la légitimité démocratique par le simple « consentement » des citoyens est une démarche qui a fait long feu tant l'exemple aussi bien du nazisme que des différentes formes de totalitarisme ont montré à quel point un tel consentement pouvait être aliéné ou trompé. Nous ne voulons plus de cette soi-disant démocratie. Il faut donc trouver une autre voie. 1. Les sources de cet article se trouvent dans une première conférence, faite à l'Université de Fribourg en mai 2001 et intitulée « Rawls at -il une conception de la citoyenneté ? », ainsi que dans une deuxième conférence, destinée au Colloque « Le lien social » organisé par l'Institut du roi du Maroc à Casablanca, en octobre 2001, et intitulée « Éthique publique, pluralisme et démocratie délibérative ». Je remercie Jan-Werner Müller qui m'a communiqué le texte de sa conférence « Rawls in Germany » prononcée à l'occasion du colloque « Reception of Rawls in Europe », organisé à Londres en juin 2001 et qui doit paraître en 2002 dans The European Journal of Political Theory. Je remercie également Rainer Rochlitz pour ses commentaires judicieux sur les premières versions de ce texte ainsi qu'Alban Bouvier 2. Claude Lefort, Essais sur le politique, XIX e-XX e siècles, Paris, Éd. du Seuil, 1986, p. 30.
Habermas et la souveraineté populaire comme procédure. Un concept normatif d'espace public.
2023
L'article La souveraineté populaire comme procédure. Un concept normatif d'espace public est écrit par Habermas en 1989 dans le contexte intellectuel de ses travaux sur la théorie de la démocratie délibérative et de l‘espace publique. À cette époque, Habermas poursuivait son engagement dans le développement de sa théorie politique et sociale, en particulier après la publication en 1981de son œuvre majeure Théorie de l’agir communicationnel.
La démocratie radicale de Jürgen Habermas
Revue française de science politique, 2008
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Habermas. La politique délibérative
Jürgen HABERMAS, Droit et démocratie. Entre faits et normes, trad. R. Rochlitz et Ch. Bouchindhomme, Paris, Gallimard, 1997 Commentaire du Chapitre VII La politique délibérative -Un concept procédural de la démocratie 1 HABERMAS Jürgen, Droit et Démocratie : entre faits et normes, Gallimard, 1992, p12 2 BOUCHINDHOMME Christian, Le vocabulaire de Habermas, Ellipses, 2002, p51 Le chapitre VII qui nous intéresse ici, « La politique délibérativeun concept procédural de démocratie » s'intéresse particulièrement aux processus de formation et d'expression de cette raison communicationnelle. Habermas développe sa théorie de la démocratie sur fond d'une reconstruction normative. Or, la normativité semble toujours, et notamment par rapport aux structures juridiques et politiques, confrontée aux faits, qui la contredisent, ou qui, même, l'obscurcissent. Donc le droit démocratique procède de cette tension entre les faits et la validité des normes. Tension finalement entre la conception normative que l'Etat de droit a de lui-même -telle qu'elle est ici explicitée par la théorie de la discussionet la factualité sociale des processus politiques qui se développent dans le cadre de schémas plus ou moins conformes à l'Etat de droit. Alors dans quelles mesures cette théorie procédurale de la démocratie, cette politique délibérative, dans la formation d'un nouveau système de droit, va-t-elle pouvoir permettre de réconcilier normes et réalité ? Tout d'abord, nous verrons comment Habermas élabore sa théorie de la discussion, puis nous étudierons les moyens de la mise en place de telles procédures, et enfin nous questionnerons, avec l'auteur lui-même, l'opérationnalité de son modèle.
L'espace public selon Habermas
La communication publique, 2022
L’espace public s’avère constitutif de la communication publique car il désigne, de manière métaphorique, le cadre dans lequel se déploient les débats publics en démocratie. La problématisation de la notion de « public » s’avère essentielle à la compréhension des enjeux portés par ce type de communication. Or les sciences sociales sont largement redevables en cette matière aux travaux du philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas. Le parcours théorique de celui-ci débute avec sa célèbre thèse sur l’espace public bourgeois. Son analyse repose alors sur la philosophie des Lumières, dont il constate le dévoiement dans l’histoire. Habermas s’applique par la suite à reconstruire le projet moderne d’une émancipation par la raison. La théorie de l’agir communicationnel pose les bases d’une nouvelle philosophie de l’intersubjectivité, à partir de laquelle Habermas élabore un modèle de démocratie délibérative susceptible de résoudre les défis soulevés par le pluralisme des visions du monde dans les sociétés contemporaines.
Article (D-3) Discussion de Rawls, Habermas, Bourdieu (Marx)
Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - Inria, 2020
Cet article (D-3) Discussion avec Rawls, Habermas, Bourdieu (Marx) est sous Creative Commons BY-SA 4.0. Objet de cet article et articles précédents Cet article (D-3), tout en confirmant le grand l'intérêt des concepts développés par Rawls, Habermas et Bourdieu, les situent et les discutent en mobilisant Spinoza et les thèses complémentaires rappelées en annexe, dont la thèse (4-) (à propos de toute chose, chacun.. désire construire SA raison ou faire sienne une raison d'un autre) est la principale pour notre propos. Cette discussion permet également de souligner la proximité et les différences entre ces auteurs, notamment entre Rawls et Habermas. Cet article et les thèses mobilisées reposent sur l'article (B-2) Prémisses fondamentales pour toute SHS et surtout sur l'article (A-3) critique de la Raison chez Spinoza et introduction de raisons multiples dans ses écrits.
Deleuze, Rawls et la philosophie politique utopique
Deleuze, Rawls et la philosophie politique utopique, 2009
Les philosophies politiques de Deleuze et de Rawls comportent toutes deux une dimension utopique immanente, qui offre un cadre et un prétexte utile pour la comparaison. Les travaux des deux auteurs paraissent au premier abord articulés sur des plans profondément différents : alors que ceux du premier expriment une orientation principalement critique, ceux du second ont pour premier objectif de reconstruire. Les uns portent avant tout sur des dynamiques d'assemblages sociaux et politiques, tandis que les autres s'efforcent d'élaborer une conception normative relative à une société juste et démocratique. Toutefois, une comparaison menée depuis l'angle de leur aspiration utopique suggère que la distance entre les deux est moins importante qu'il ne pourrait paraître. La philosophie deleuzienne est utopique en ce qu'elle produit des concepts qui mobilisent certains aspects de la culture politique existante afin d'établir un lien avec les processus de déterritorialisation relative déjà à l'oeuvre dans le champ social. Rawls, quant à lui, développe une conception de la justice sur la base de concepts et de convictions déjà présents dans la culture politique publique des démocraties libérales. Cette conception fournit ensuite un standard à partir duquel il est possible de critiquer les institutions et les politiques publiques existantes. Le fait qu'il ne mobilise rien d'autre que les opinions et les discours établis qui caractérisent une culture politique donnée justifie l'idée selon laquelle il développe lui aussi un utopisme politique immanent. 71 Deleuze, Rawls et la philosophie politique utopique
Hermes Cognition Comunication Politique, 2001
Traduit de l'anglais par Muriel Valenta (INIST) HERMÈS 31, 2001 Repenser la sphère publique : une contribution à la critique de la démocratie telle qu'elle existe réellement (Calhoun, 1992), il a pour auteur l'une des figures marquantes du féminisme et de la critique sociale américaine (Fraser, 1989 ; Fraser, 1999). D'emblée, celle-ci souligne que c'est moins le principe d'un modèle normatif d'espace public qu'elle remet en cause-« l'idée générale d'une sphère publique est indispensable à la théorie critique »-que les présupposés sur lesquels Habermas tient à le faire reposer : l'égalité entre les participants à la discussion ; l'unicité, préférable à la fragmentation des publics ; la limitation des questions ouvertes à la discussion et la séparation entre cette sphère publique et l'État. Dans la discussion de ces principes Nancy Fraser inaugure de nombreuses attitudes, idées et concepts qui seront par la suite d'un usage récurrent dans la littérature sur l'espace public, à commencer par la référence aux « contre-publics »-« subalternes » ou « concurrents », plébéiens ou féministes, historiques ou contemporains-évacués de la perspective habermassienne. L'ensemble de l'essai, qui a marqué à juste titre la réception des thèses de Habermas dans le monde anglo-saxon, rend compte tout à la fois du ton et des principales orientations du débat ouvert aujourd'hui dans la philosophie politique et la théorie critique anglo-saxonnes autour du concept d'espace public (Young, 1996 ; Sanders, 1997 ; Mansbridge, 1999).
L'empire contre la démocratie ? Sur la généalogie impériale de l'universalisme
Sociétés politiques comparées, 51, 2020
L’universalisme et l’égalitarisme sont souvent présentés comme les attributs inaliénables de la démocratie moderne. En poursuivant leur généalogie antique, cet article entend montrer que les idées universalistes et égalitaristes ne relèvent pas de la pratique démocratique mais bien au contraire des dynamiques culturelles de la société romaine impériale. Cette dernière remit effectivement en question les hiérarchies naturelles et pratiqua l’inclusion pluraliste.