Histoire d'un non-objet historiographique : le cas Louis XVI (original) (raw)
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Le martyre de la Légion Thébaine et la controverse autour de l’historicité du XVIe au XVIIIe siècle
Saint Maurice et la Légion Thébaine / Mauritius und die Thebäische Legion. Proceedings of the International Conference Fribourg – St-Maurice – Martigny, 17-20 September 2003 (ed. Otto Wermelinger, Philippe Bruggisser, Beat Näf and Jean-Michel Roessli, Fribourg, 2005; Paradosis 49), 2003
1 GREGOIRE DE TOURS, À la gloire des martyrs, ch. 74-75 (édité par B. KRUSCH, Monumenta Germaniae Historica. Scriptorum Rerum Merovingicarum, t. I, pars 2, Hanovre, 1885 [réimprimé en 1969], p. 87-89). 2 L'histoire de cette querelle a déjà été écrite par plusieurs auteurs, notamment par BURGENER, probable auteur de l'Helvetia sancta, que le capucin ANTOINE-MARIE a « librement » traduit de l'allemand dans ses « Notices historiques sur Saint Maurice et sa Légion » publiées en plusieurs livraisons dans le volume 12 de la Revue de la Suisse catholique en 1881 (p. 257-273 ; 337-349 ; 423-437 ; 487-500 ; 554-565). La partie « polémique » de ces notes, comme le traducteur a choisi de la qualifier, se lit aux pages 487-500. Elle a été reprise et sensiblement adaptée, sans indication de source, par Joseph BERNARD DE MONTMELIAN, dans son premier tome de Saint Maurice et la Légion thébéenne, Paris, 1888, p. 258-271. Cette « histoire » de la querelle, comme toutes celles qui ont été écrites depuis le XVIII e siècle est, à de rares exceptions, entachée de préjugés confessionnels nettement hostiles au camp adverse. Elle comporte en outre nombre d'approximations que la présente étude s'efforcera de préciser, non sans commettre ellemême des erreurs que des travaux ultérieurs auront charge de dépister et de corriger. Je signale aussi le mémoire de licence de Danny SCHLUMPF, Der Streit um die Historizität des Martyriums der Thebäischen Legion, Juin 2004, déposé à la Bibliothèque centrale de Zurich et dont l'auteur m'a généreusement offert un exemplaire, dont j'ai pris connaissance en début d'année 2005. J'y renvoie le lecteur pour tous les cas où les limites de cette contribution ne permettent pas d'entrer dans toute la complexité des débats. 3 Ecclesiastica Historia integram Ecclesiae Christi ideam, quantum ad locum,
Être un mémorialiste de la seconde moitié du XVIe siècle
Seizième siècle , 2020
Bruno Morgant Tolaïni EHESS ÊTRE UN MÉMORIALISTE DE LA SECONDE MOITIÉ DU XVI e SIÈCLE i les Mémoires émergent à la fin du xv e siècle avec ceux de Philippe de Commynes, qui envisage alors l'histoire selon un angle personnel, ce sont les guerres de Religion qui fournissent un terreau favorable au développement de leur écriture. En effet, la période qui s'étend du massacre de Wassy en 1562 à l'édit de Nantes en 1598 correspond à un temps d'instabilité politique et de centralisation grandissante du pouvoir qui exacerbent un besoin de revendication des succès et de leur juste rétribution 1. Or, c'est souvent lorsque les femmes et les hommes se sentent lésés que naissent les polémiques, incitant de futurs mémorialistes à prendre la plume pour justifier leurs actes et donner leur propre version de ce qu'ils ont accompli. Dans la seconde moitié du xvi e siècle, le substantif « mémorialiste » n'existe pas et c'est longtemps après que ces scripteurs ont été ainsi qualifiés, notamment par les éditeurs successifs des textes, et parfois de manière abusive. Pour définir ce terme, il serait tentant de répondre simplement qu'un mémorialiste est celui qui écrit ses Mémoires, soit un récit rétrospectif de moments choisis de son existence. Mais comment traiter alors tous ceux qui ont fait le choix d'écrire la vie de quelqu'un d'autre, à l'instar de Charlotte Arbaleste ou de Jean de Saulx, qui rédigent les Mémoires de leur époux ou de leur père 2 ? Si ces textes ne peuvent assurément pas être délaissés, il convient toutefois de les envisager comme les Mémoires de leur scripteur et non pas de ceux dont ils entendent raconter l'existence. Que cela soit intentionnel ou non, ces individus se livrent bien davantage à propos de leur vie, de leur culture, de leurs pensées qu'à propos des événements auxquels ils se réfèrent. Un mémorialiste est ainsi l'auteur de ses Mémoires, fut-ce sans le vouloir. Existerait-il donc un lien entre le fait de tenir la plume et celui d'être un
Acta Romanica Tomus XXVI – VARIA
Le fil conducteur de la littérature autobiographique a toujours été la notion de l'individu, la mise en scène du « je ». Certes, la notion même de l'autobiographie est vaste et plus vaste encore sont les genres que nous pouvons classer sous la notion d'écrits intimes ou personnels ; toujours est-il que théoriquement et globalement parlant, l'autobiographie traite de sujet personnel où le scripteur est protagoniste et vis-versa. Le genre peut être remonté au XVIII e siècle en tant qu'invention de genre réflexif, de littérature trouvant en l'auteur même le sujet d'inspiration.
L'historiographie de Jean de Labadie
Institut d'Histoire de la Réformation, Genève, 1976
Cette recherche est essentiellement une mise au point historiographique, visant plutôt à établir l'état de Ia question qu'à proposer une nouvelIe interprétation des problèmes soulevés. Certaines questions méthodologiques, ainsi que des hypothèses pour un travail ultérieur, seront toutefois abordées.
Péninsule 82, 2021
Péninsule n° 82-2021 (1) 4 Le texte intégral du Tamnan Xieng Dong Xieng Thong Xieng Vang n'est connu que par un manuscrit unique sur feuilles de latanier conservé dans les collections du Vat Saen Sukharam de Luang Prabang, qui jusqu'à récemment n'avait pas retenu l'attention. C'est toutefois cette composition qui, sous une forme corrompue et incomplète, constitue dans l'étude d'Archaimbault la version C des chroniques phuan, où elle est considérée à tort comme un Nithan Khun Borom (ARCHAIMBAULT, Charles, « Les annales de l'ancien royaume de S'ieng Khwang », Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient (désormais BEFEO), t. LIII-2, 1967, pp. 557-673). Inscrite sur un cahier européen, cette version fut elle aussi découverte à Luang Prabang, mais fut reconnue par un membre de la famille royale de Xieng Khuang comme étant la dernière copie d'une des deux traditions historiographiques du royaume phuan (la seconde est représentée par les versions A et B). Le titre de ce manuscrit pourrait lui-même suffire à révéler l'influence lao sur cette tradition, puisqu'il associe l'ancien nom de Luang Prabang, Xieng Dong Xieng Thong, à celui de Xieng Vang qu'il faut identifier à Xieng Khuang. Nous verrons que cette chronique se rattache en fait à la tradition des Phongsavadan. Notons qu'un fragment manuscrit du Tamnan Xieng Dong Xieng Thong Xieng Vang, daté de 1907, se trouve à la Bibliothèque Nationale de Vientiane sous le titre erroné de Khun Borom, phuk (fascicule) 4. 5 Nous donnons ici le sens littéral de l'expression (ບ ໍ ່ ຮ ຸ ່ ງບ ໍ ່ ເຮ ື ອງ, bo hung bo hueang), que l'on traduira autrement par « non prospère ». Archaimbault évoque quant à lui l'absence de civilisation, une notion qui ne trouve son appellation (ສ ີ ວ ິ ໄລ, sivilay) qu'à l'époque contemporaine, à partir d'un emprunt aux langues occidentales. 6 On verra que les deux chroniques empruntent en fait la thématique de la mission religieuse civilisatrice à un même texte hagiographique plus ancien, auquel elles sont liées d'une façon indépendante. Dans le Tamnan Xieng Dong Xieng Thong Xieng Vang, la reprise de cette thématique, transposée dans le royaume phuan, apparaît d'ailleurs avec d'autant plus de force que le texte, qui insiste sur le rôle de l'Achan Thammakatha, relate également les entreprises de Fa Ngum, y compris l'accueil fait au Maha Pasaman et à ceux qui l'accompagnaient. La redondance renforce alors la perception de l'artificialité du récit. Il est probable que la tradition historiographique du Lān Nā-qui sublime l'introduction du bouddhisme à Haripuñjaya / Lamphun (Nord de la Thaïlande) en l'associant à la venue de Nang Chamathevi (Cāmadevī)ait servi de modèle, car elle devait être connue à Luang Prabang au XVI e siècle. On peut toutefois se demander si la référence appuyée à une mission religieuse n'est pas davantage qu'une
Le Code noir de 1675: un historien pris au piège de l'Histoire
Suite à son travail sur le Code noir français de l'esclavage de 1675, l'historien français Jean-François Niort, par ailleurs militant anticolonial, s'est vu confronté à une dure polémique avec des militants 'nationalistes' guadeloupéens. La question est dans quelle mesure un intellectuel doit observer une certaine précaution dans ses travaux scientifiques - et/ou leur diffusion - sur des sujets sensibles dans un contexte colonial (ou postcolonial) étant donné la longue histoire de falsifications, contre-vérités et réductivisme historiques de la part du colonisateur? Ou est-ce que l'histoire doit fonder la mémoire, la science la politique, et le scientifique se tenir au-dessus de la mêlée? Avec aussi un exemple de polémique en Afrique.