De l’angoisse, de l’extravagance et de l’écriture (original) (raw)
La quête du sens, ici démoniaque, là théâtrale, ailleurs méditative et effrénée se déplace dans un espace de plus en plus hétérogène, dans une certaine dérive, brouillant même l'angoisse qui est enfer, mais n'est peut-être aussi que plaisanterie permanente. Trois romans en apparence incompatibles parlent d'angoisse, d'extravagance et d'écriture. Angoisse à liquider, à liquéfier, à jouer, écriture à écouler, à épancher, à jouer. Un enfer presque familier 1 , le dernier roman de Lise Harou, s'inscrit dans ce brouillage de l'angoisse qui coule comme un torrent tumultueux. Le «corset d'enfer» qui se relâche ne peut «empêcher les débâcles, n'a pas le pouvoir de faire en sorte que [les] eaux s'abstiennent de ravages qu'il faut ensuite réparer» (p. 25). Écriture donc sous le signe de la fureur des débâcles; le lexique associé à l'eau : mal de mer, noyade, bouée, canaliser, replonger, flot, endiguer, etc., traverse le roman. Anne Élaine Cliche, elle, donne à lire, dans son premier roman La Pisseuse 2 , le spectacle singulier de l'encre avalée et écoulée. Le premier paragraphe-la première vision où une héroïne boit une bouteille d'encre-annonce ce double mouvement de l'écriture de Cliche : «Nous sommes à la limite du spectacle. À l'instant insaisissable où le