Déterminer une idée vague. L’être en général de Malebranche aux matérialistes français du XVIIIe siècle (original) (raw)

Imagination, corps et rapports de pouvoir selon Malebranche

Camenae, 8, L’imagination/la fantaisie de l’Antiquité au XVIIe siècle, edited by Christine Pigné, December 2010, http://www.paris-sorbonne.fr/IMG/pdf/17-\_Carbone.pdf (ISSN 2102-5541).

In this article we examine the physhiological mechanisms of imagination’s operations and we consider the status of imagination as a function which stays between the mind and the body. We stress the fact that in Malebranche there is a notion of imagination’s activity and that this idea produces some problem in his philosophical system. On this point of view we compare the Malebranchean perspective and the conceptions on imagination of some thinkers of Renaissance (Ficinus, Pero Mexia, Montaigne) to show the peculiarity of Malebranchean paradigm. Moreover we explain that the Malebranche’s theory of imagination must be kept quite separate from Aristotle’s theory of imagination (many Renaissance’s thinkers inherited this model). Then we focus the relationships between bodily manifestations of imagination, contagious communication of strong imaginations and power relationships into the family (father/mother, father/children) and into the political society (sovereigns/subjects). In the Recherche de la vérité Malebranche explains the phenomenon of imaginations’ transmission by an example: in an evening a shepherd tell his family that he takes part in a Sabbath: his “excited” imagination expresses itself by the rhetorical ability and the bodily movements which attract his family’s attention. In the Traité de morale Malebranche stress that the strong influence of governors over the people is strengthened by their posturing, their gestures, their behaviour, their court rituals and owes much to custom that leads to veneration, fear and respect for political authorities. It should not surprise us, then, that princes influence the imagination of other men so heavily: blessed with lively, powerful imaginations, they enchant and subject those of rationally weak mind and malleable imagination, using their body-language, their attitude and bearing. We assert that Malebranche has provided valuable analysis of the mechanisms by which superiors, thanks to the force of their imagination expressed through the body, can subjugate their subordinates and strengthen their position to the detriment of the latter. In this regard, Malebranche mentions the tradition at the court of Ancient Ethiopia, passed down to us by Diodorus Siculus: Ethiopian courtiers crippled or mutilated themselves in order to resemble their mutilated or deformed princes, thereby demonstrating their affection and generosity. Under a pretext of devotion, therefore, this bizarre trend became custom and law. This example, which illustrates a danger that hangs over every era and every society, shows how the pressure of the power and imagination of governors over those they govern, can lead to autosuggestive phenomena which then spread and finally become custom and then law. In this way Malebranche demonstrates that the imagination’s power of somebody can produce modifications into body of another people, and this phenomenon happens in particular into the power relations system. Besides the imagination power contribute to consolidate the suggestion’s aspects of political power.

Les passions chez Descartes, Malebranche et Lamy

Les passions chez Malebranche et Lamy, ou ce que la théorie des passions de Malebranche doit à son occasionalisme, in Lucie Desjardins et Daniel Dumouchel, dir., Penser les passions à l’âge classique, Paris, Hermann, 2012, p. 67-86.

Cet article propose une analyse de la théorie des passions de Malebranche par comparaison avec l'héritage cartésien, et sa reprise quelque peu modifiée chez le bénédictin François Lamy à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe.

Jean Meslier, lecteur de Malebranche : Vers un « malebranchisme d’extrême gauche » ?

Séminaire Problèmes du cartésianisme : La philosophie de Malebranche, organisé par Delphine Antoine-Mahut, ENS de Lyon – IHRIM, Lyon, France, 2020

PRÉSENTATION DU COURS Dans ce cours, qui vise à présenter quelques-unes des lectures/réceptions les plus significatives de la pensée de Nicolas Malebranche – et notamment de la Recherche de la vérité – pendant le XVIIIe siècle, je me concentrerai particulièrement sur la figure de Jean Meslier (1664-1729). Étant donné que Meslier n’est pas aussi populaire parmi les étudiants et les chercheurs en philosophie que d’autres philosophes des Lumières, tels que Voltaire, Rousseau ou le baron d’Holbach, je vais d’abord faire une rapide présentation de ce curé athée, de sa vie et de ses œuvres. Ensuite, je voudrais vous raconter un peu la manière dont était composée la petite bibliothèque du curé d’Etrépigny, et formuler quelques hypothèses sur ses pratiques de lecture. En fait, d’après moi, Meslier n’est qu’un « lecteur pyromane », qu’un incendiaire de la philosophie clandestine. En ce sens, je pense que son Mémoire des pensées et des sentiments pourrait être relié sans difficulté à d’autres « manuscrits philosophiques clandestins » – le corpus de textes sur lequel je travaille actuellement –, tels que L’Esprit de Spinoza ou L’âme matérielle, car ils adoptent tous la technique du copié-collé . Qu’est-ce que cela signifie ? Que leur originalité ne réside pas tant dans les idées et les arguments que ces textes présentent, mais dans la manière dont ces idées et ces arguments sont présentés. Selon Pierre-François Moreau, par exemple, les manuscrits ont souvent une « originalité d’intention » . Enfin, en tenant compte de certains des exemples qu’on peut trouver dans le Mémoire des pensées et des sentiments (c. 1729), je voudrais vous montrer la façon dont Meslier a lu et a utilisé de nombreux passages de la Recherche de la vérité de Malebranche pour construire sa propre pensée. En d’autres termes, je vais essayer d’illustrer la manière dont la théologie rationnelle de Malebranche se transforme en matérialisme athée dans les dernières pages du manuscrit de Meslier. Mais auparavant, je vous rappellerai quelques-unes des thèses les plus importantes de Meslier, je passerai en revue la structure générale du Mémoire et je présenterai brièvement les discussions sur le rapport qui, selon différents spécialistes, peut être établi entre Meslier et Malebranche. Ce cours est donc divisé en trois parties : la première est de nature biographique et bibliographique ; la seconde est liée à l’histoire du livre et de la lecture, ainsi qu’aux pratiques de réception et de production – autrement dit, de lecture et d’écriture – pendant le XVIIIe siècle ; la troisième, enfin, est de nature strictement philosophique, ou historiographique-philosophique.

Théorie de l'imagination en France à l'aube des Lumières: Malebranche et Fontenelle

Revue de métaphysique et de morale, 2009

Cet article s’efforce de prendre la mesure de l’impact du cartésianisme dans les transformations du concept d’imagination à la fin du XVIIe siècle en prenant pour points d’ancrage les développements consacrés à cette notion chez Malebranche et Fontenelle. Ces deux penseurs accentuent des polarités qui sont présentes dans la conception cartésienne de l’imagination : Malebranche fait fond sur la notion d’imagination passive pour en faire le pivot d’une théorie de la contagion des affects et des représentations, alors que Fontenelle mobilise celle d’imagination active pour élaborer son histoire de l’esprit humain. Tous deux, à terme, font de l’imagination une notion centrale dans la formation d’un proto-concept de « culture ».

Malebranche sur le terrain des théories contemporaines de la reconnaissance :un révélateur

Revue philosophique de la France et de l'étranger, 2015

Résumé Dans les théories contemporaines de la reconnaissance, Hegel est perçu comme un initiateur. Cette identification repose sur une conception périodisée de l'histoire de la philosophie dans laquelle on identifie l'émergence des conditions de possibilité théoriques et pratiques des problèmes philosophiques dont on traite. Cette reconstruction qui inclut des noms d’auteurs dans une continuité produit ainsi, symétriquement, des exclusions relevant de l’anachronisme. L'objectif de cet article est de mobiliser dans ce débat contemporain un auteur inattendu : Malebranche, Cette mobilisation produit deux résultats, ici identifiés à des mécanismes intellectuels de révélation. Elle montre, d'une part, qu'une approche politique et éthique des textes de l'Oratorien permet de repenser la place de ce dernier dans l'histoire de la pensée philosophique. Elle permet, corrélativement, de problématiser une question centrale dans les théories contemporaines de la reconnaissance : la relation entre une approche normative et une description empirique du lien social, la priorité étant ici donnée à la dimension psychologique de cette dernière. Pour le montrer, nous mettons en regard les modalités et les enjeux de la référence à Hegel dans La lutte pour la reconnaissance de Axel Honneth et les analyses de Malebranche dans les livres IV et V de De la recherche de la vérité. Mots-clés : Histoire des idées, Histoire de la philosophie, Malebranche, Théories de la reconnaissance, Théorie des passions, Normativité. Abstract In contemporary theories of recognition, Hegel is seen as a strategic reference. This use of a philosophical figure relies on a periodized conception of the history of philosophy where it is possible to identify the birth of practical and theoretical conditions of philocophical problems at stake, shaping inclusion of authors’s names in a continuity and exclusions of others, considered as anachronisms. The aim of this article is to refer to an unexpected author in this contemporary debate: Malebranche. This strategic reference produces two results, as a developper mechanism. Firstly, it shows that a political and ethical approach of Malebranche’s texts enables to reconsider the place of Malebranche in the history of philosophical thought. Secondly, it shows a key thorny quandary in contemporary theories of recognition : the relation between a normative approach and an empirical description of the social bond. We give here the priority to the psychological dimension of the latter. As a demontration, we compare Axel Honneth’s use of the reference to Hegel in La Lutte pour la reconnaissance and Malebranche’s analysis in books IV and V of De la recherche de la vérité. Key-Words : History of Ideas, History of Philosophy, Malebranche, Theories of Recognition, Theories of Passions, Normativity.

Le Traité de l’infini créé et Malebranche : la subversion du sens

Tangence, 2006

Le rapport entre l’Infini créé et Malebranche est aussi étroit que complexe. Ce traité a en effet circulé et a été imprimé sous le nom de l’Oratorien, supercherie manifeste pour les plus fins connaisseurs de la pensée de Malebranche, mais qui, pourtant, a paru très convaincante à d’autres contemporains. Cette relation est toutefois complexe, car il ne s’agit nullement d’une simple reprise des thèses de l’Oratorien, mais d’une appropriation de certaines théories, utilisées dans un contexte qui en bouleverse radicalement le sens. Notre but est d’explorer quatre thématiques : le nécessitarisme, la théorie de la pluralité des mondes, la thèse de l’infinité et de l’éternité de l’univers, la noétique 1.

Matérialisme ou mentalisme ? Une querelle post-marriste à propos de Potebnja (années 1930-40

S'il s'avère que la pensée a une histoire, alors qu'en est-il de l'universalisme kantien? Telle est la question qui agitait les esprits à Lé-ningrad dans les années 1930-40. Loin de l'image étouffante du stalinisme omniprésent que les sciences politiques donnent habituellement de cette période, la philosophie du langage des typologues post-marristes se heurte à la lecture de Potebnja et tente d'en donner une interprétation où la psy-chologie idéaliste devient, par oxymore, une sorte de mentalisme matéria-liste. Cette discussion, sur un fond de vocabulaire marxiste, rappelle étonnam-ment les écrits de psycho-linguistes anti-structuralistes français de la même époque comme Damourette et Pichon. Les lignes de partage sont à revoir complètement.

« Notes sur la réception de Malebranche au siècle des Lumières » (2015)

Lumières, l'ouvrage dirigé par Delphine Antoine-Mahut 2 élargit considérablement notre vision de la réception, favorable ou hostile, fidèle ou déformante, versant parfois dans le détournement, de Malebranche à la fin du XVII e et au XVIII e siècle, et nous en confirme la complexité. Cette réception fut en effet « massive, variée, et multiforme », selon les mots de Jean-Christophe Bardout qui en fait une excellente analyse dans ses Quelques remarques sur le malebranchisme en France au siècle des . Bien que se « limitant pour l'essentiel aux années 1720-1765 », cette vue d'ensemble très documentée, qui dresse une manière de typologie des malebranchismes, conclut qu'« il n'y a pas tant une réception du malebranchisme, qu'une de l'âme à elle-même. Malebranche dans les lectures de quelques matérialistes français du XVIII e siècle » (pp. 125-141), ainsi que par Antony McKenna avec « Du malebranchisme dans les manuscrits philosophiques clandestins : les lunettes de Pierre Bayle » (pp. 207-221) et par Delphine Antoine-Mahut avec « Les références à Malebranche dans L'Âme matérielle : décontextualisation et transplantation » (pp. 223-234). La question de la réception de Malebranche en Angleterre est abordée par Sophie Roux avec « De Malebranche à Locke et retour. Les idées avec ou sans la vision en Dieu » (pp. 77-123), qui analyse la lecture que Locke fit de Malebranche et pointe un contresens que cette lecture entraîna chez Norris, lequel attribua à Malebranche une conception matérialiste des idées. Celle de sa réception en Allemagne par Jean-François Goubet avec « Imagination passive et active. La reprise par Georg Friedrich Meier d'un élément de doctrine malebranchiste » (pp. 159-166), et par Christian Leduc avec « Harmonie préétablie et occasionalisme selon Wolff » (pp. 167-182). Et celle de sa réception en Italie par Pierre Girard avec « Les usages de Malebranche dans la réception du cartésianisme à Naples ». Des thèmes inattendus nous sont offerts par Marie-Frédérique Pellegrin avec « Les pratiques philosophiques de M me de la Ferté-Imbault ou le malebranchisme comme refuge, arme, jeu et enseignement » (pp. 53-75), qui montre que la marquise d'Étampes « propose un usage de Malebranche qui met en valeur la raison et la religion » (p. 74), et par Didier Masseau t. IV, p. 461) ; le Cursus philosophicus ad scholarum usum accommodatus (Paris, 1750) de Pierre Lemonnier (1675-1757), où Malebranche est souvent mentionné et dont le chapitre « An existant idaeae ? » commence : « Dari idaeas in spiritibus creatis, fatentur omnes Philosophi, excepto Malbranchio » (t. II, pp. 297 sqq.) ; les Institutiones philosophicae ad usum seminarii Tullensis (Épinal, 1763) de l'abbé Camier et du recteur de l'université de Paris Daniel Gigot, un cours particulièrement intéressant car adoptant le système malebranchien des causes occasionelles (voir éd. Toul et Neufchâteau, 1770, t. II, pp. 291-293 [« Systema assistentiae »] et 302-305 [« Admittendum est systema causarum occasionalium »], spéc. p. 304 : « Vera sunt principa systematis causarum occasionalium » et « In systemate causarum occasionalium feliciter explicatur quod est explicandum ») ; la Philosophia ad usum scholarum accommodata