L’anabaptisme au Pays de Liège (1533-1593) (original) (raw)

2003, Annuaire D Histoire Liegeoise

Lorsque Luther rompit avec Rome, il amorça un vaste mouvement d'émancipation libérant des aspirations de natures extrêmement variées qui, souvent, ne coïncidaient guère avec les siennes. De nombreux chrétiens engouffrés dans la brèche de la Réforme se séparèrent ensuite du «pape de Wittenberg» et des autres théoriciens du protestantisme classique. Certains d'entre eux, hostiles au christianisme de masse et à tout rapport entre vie religieuse et pouvoir séculier, envisageaient l'Église comme une communauté séparée du monde et composée de croyants volontairement enrôlés dans l'armée du Christ. Considérant que l'engagement du fidèle ne pouvait être que conscient, ils préconisaient d'administrer le baptême aux adultes, ce qui les fit connaître sous le nom d'«anabaptistes». Persuadés, comme nombre de leurs contemporains, de l'imminence du jour du jugement divin, ils estimaient parfois que le sort du monde et de l'Église dépendaient en partie de leur piété et de leurs actions. Catholiques et protestants furent désorientés par la foisonnante multiplication des ramifications du mouvement. Enclins à catégoriser celui-ci afin de l'utiliser dans leurs apologétiques, ils tentèrent de l'appréhender selon une typologie axée sur le comportement social de ses adhérents. Il y avait, d'une part, les violents qui, sous Thomas Münzer ou Jean de Leyde, ravageaient (1) Cet article condense le texte d'un mémoire de licence intitulé L'al/abaplisllle el sa réceplion ail Pays de Liège, réalisé en 1996 à l'Université de Liège sous la direction de M.le Professeur Jean-Pierre Massaut. (2) En développant notamment le mythe de l'origine vaudoise de leur mouvemenl. Cf. Olivier DONNEAU,«Tieleman Jansz. van Braght et la construction anabaptiste du passé», in Revue d'Histoire Ecclésiastique, n094 (1999), p. 844.