Antoine Picon, "Les batailles de Paris Retour sur Quelques Débats-Clés", in Alexandre Labasse, Marianne Carrega (eds), La Beauté d’une Ville: Controverses Esthétiques et Transition Ecologique à Paris, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 2021, pp. 66-77. (original) (raw)

« Entre discussion et polémique : des conceptions de la Cité au sein des pages du Devoir, 1970-1979 », Bulletin d’histoire politique, vol. 18, no 1 (automne 2009), p. 169-181.

Considérant le contexte des années 1970, nous nous demanderons comment se traduit l’engagement qui sous-tend les contributions envoyées au Devoir. Nous nous intéresserons à ce qui motive ces individus à écrire un texte dans le but de le diffuser auprès d’un large public. Au Devoir, ces textes fonctionnent selon la dynamique du dialogue, dont la véritable cible sont les citoyens et citoyennes du Québec. Mais ce dialogue est en fait débat, ce « lieu où s’échangent les opinions ». Par sa nature, le débat peut provoquer des flammèches productives, mais attire bien souvent la polémique. En effet, il peut dégénérer en conflit de personnalités. De fait, nous croyons que le projet mis de l’avant par ces divers intervenants se place sur une corde raide. La frontière est mince entre le dialogue constructif et celui polémique. Pour cette enquête, notre choix s’est porté sur trois évènements-clés des années 1970 qui provoquèrent force remous au Québec et au Devoir. Nous voulions qu’ils soient de natures différentes afin de nous donner accès à un large éventail de la société québécoise. Ainsi, la crise d’octobre est politique, surprenant le Québec, alors que l’affaire Morgentaler concerne le moral, la crise du logement étant une réalité à même de toucher un grand nombre de gens de par sa proximité. Ces évènements ne se confinent pas aux années 1970. Ainsi, la crise d’octobre est toujours présente dans la mémoire collective québécoise. Aussi, comment pourrions-nous affirmer que le débat sur l’avortement est clos, ou même qu’il ait débuté durant les années 1970? Par ailleurs, le logement était déjà, au 19e siècle, un grave problème social, les familles ouvrières vivant alors dans de pitoyables conditions.

« À l’ombre des jeunes villes en fleurs : les ekphraseis de Nicée, Tyr et Beyrouth dans les Dionysiaques de Nonnos de Panopolis », in P. Odorico, C. Messis (ed.), Villes de toute beauté, Paris 2012 [Dossiers Byzantins 12], 181-214.

Paragraphe introducteur Le plus long poème épique de l’Antiquité byzantine – les Dionysiaques de Nonnos de Panopolis qui se développent en quelque 20.246 vers répartis en 48 chants – distingue seulement trois villes : Nicée (Νίκαια), Tyr (Τύρος) et Beyrouth (Βερόη-Βερυτός). Toutes trois ont en commun d’être aussi des jeunes filles (κοῦραι) ou, plus précisément, des nymphes (νύμφαι). La clef de la dynamique mise en œuvre dans la construction de ces figures est la personnification. Cette notion, importante également sur le plan artistique, est étudiée ici du seul point de vue littéraire. L’articulation interne des trois épisodes concernés repose sur le jeu entre la narration (διήγησις) relatant les aventures de Dionysos avec la jeune fille et la description circonstanciée (ἔκφρασις) de la ville éponyme. En accord avec l’esthétique de la variation développée par Nonnos, chacune d’elles est traitée d’une manière particulière, avec cependant toujours le souci de l’équilibre architectonique du tout. Les trois filles-villes des Dionysiaques apportent ainsi un éclairage important sur la pratique rhétorique et poétique propre à Nonnos. La traditionnelle ekphrasis encomiastique de ville se décline ici de manière tout à fait moderne, selon une palette de nuances subtiles et pourtant essentielles à la compréhension de l’œuvre dans son ensemble.