Doit-on réhabiliter les milieux ouverts dans les massifs forestiers vosgiens? Un enjeu écologique et paysager revu par la biogéographie historique (original) (raw)

ROCHEL X. Doit-on réhabiliter les milieux ouverts dans les massifs forestiers vosgiens ? Un enjeu écologique et paysager revu par la biogéographie historique.

Le massif forestier s’entend souvent comme un ensemble continu, uniformément ou presque uniformément boisé. Mais il ne s’agit pas là d’un état forcément optimal pour la biodiversité et le bon fonctionnement des écosystèmes. La nature de la fragmentation des milieux à différentes échelles, le degré d’ouverture des ensembles forestiers, l’imbrication entre formations ouvertes et fermées ont des constituantes importantes de la qualité écosystémique à l’échelle paysagère. Ce qu’étudie l’écologie du paysage dans le contexte actuel ou récent peut être éclairé par la géohistoire et l’étude des archives forestières. En réalité, ce qui apparaît aujourd’hui comme un massif forestier continu et uniforme doit fréquemment beaucoup au reboisement des clairières, trouées et landes qui, jusqu’au XIXe siècle au moins, pouvaient occuper une grande partie des espaces dits forestiers. En forêt domaniale d’Orléans, l’aménagement de 1869 déplorait ainsi dans le cantonnement de Châteauneuf un total de2465 ha de vides pour une surface totale de 7002 ha, soit plus d’un tiers du massif occupé par de mauvaises landes1... Le reboisement de ces trouées apparaît comme une obsession chez les forestiers des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Une étude d’archives portant sur les forêts domaniales de la montagne vosgienne apporte à cet égard de précieuses précisions qualitatives. Alors que les cartes et plans d’Ancien Régime, les plans par masses de cultures, les cadastres « napoléoniens » et les plans de bornage du XIXe siècle donnent souvent l’illusion d’un boisement ininterrompu, l’étude plus fine de certains documents d’archives, comme les premiers procès-verbaux d’aménagement des forêts publiques, montre une réalité plus diversifiée : les vides sont fréquents, issus soit d’une exploitation peu respectueuse du couvert boisé, soit de conditions stationnelles, édaphologiques par exemple, défavorables à l’arbre. Ce constat, appuyé ici par l’étude des usages pastoraux et de leurs conséquences dans les forêts domaniales des Vosges gréseuses, apporte un cadre géohistorique clair aux tentatives de réouverture initiées dans certaines opérations de restauration écologique, et invite à reconsidérer les idées les plus courantes sur l’origine des « chaumes » vosgiennes.

Le massif vosgien à l’heure des humanités environnementales

Source(s), 2023

Archéogéographie et géoarchéologie du premier Remiremont-AGER. Pour une archéologie environnementale du massif forestier du Fossard (Vosges) Charles KRAEMER et Pierre-Yves ANCELIN Invisibles et vivantes. Les Hautes-Vosges dans les sources écrites antérieures à la guerre de Trente Ans Georges BISCHOFF Nouvelles données pour la connaissance des environnements sommitaux : étude archéologique des marcairies du Rossberg (68) et perspectives interdisciplinaires Lucie WISSENBERG Inventer la montagne vosgienne et son environnement : du tournant cartographique moderne aux perspectives contemporaines Jean-Baptiste ORTLIEB 101 Les premières années du Club Vosgien (1872-1914). Étude d'une appropriation du massif vosgien à travers la randonnée Claire MILON Les sommets vosgiens : mise en récit, traductions picturales et approches sensibles Jean-Pierre HUSSON Des forêts de cauchemar. La crise environnementale des pluies acides dans les forêts vosgiennes au cours des années 1980 Alexandre LAUVERJAT II. AUTOUR D'UNE SOURCE L'enquête de 1521 sur la frontière des Hautes-Vosges Georges BISCHOFF SOURCE(S) n° 21-2023 PRÉSENTATION Gaël BOHNERT, Claire MILON et Jean-Baptiste ORTLIEB Le constat avait été posé par Georges Bischoff : « les Vosges restent un objet historique mal identifié 1. » De fait, depuis l'oeuvre fondatrice de Pierre Boyé 2 , les productions historiques consacrées au massif vosgien ne manquent pas. Les historiens et érudits se sont d'abord et essentiellement engagés dans une mise en récit des vallées, parfois des versants, le plus souvent dans leur prolongement des entités régionales : la Lorraine à l'ouest, l'Alsace à l'est 3. Au mieux le massif et sa crête sont-ils devenus, au prisme de la « frontière », un espace de « rencontre », parfois de « conquête » 4. Jamais ou presque, jusqu'à la fin du XX e siècle, la moyenne montagne et son environnement n'ont été observés comme un espace à part entière, un objet d'étude en soi, du moins sous la plume « classique » de la discipline historique. Le renouvellement est venu d'un nouvel essor du dialogue pluridisciplinaire : depuis le champ de l'histoire des forêts proposé dans les années 1990 5 , jusqu'aux approches géohistoriques engagées à l'initiative des géographes 6. Le colloque « Vivre dans la montagne vosgienne au Moyen Âge », organisé à Gérardmer et à Munster en 1

Impacts des anciennes activités humaines dans les sols vosgiens actuellement sous couvert forestier

2015

Marquees par de nombreuses traces d'occupations humaines anciennes, les sols forestiers actuels n'apparaissent finalement plus si naturels a qui sait les regarder de pres. En effet, au cours du temps, l'homme a pu generer un remaniement important et durable du paysage affectant non seulement de la couverture vegetale forestiere, mais egalement les sols. Souvent encore visibles sous la forme de microreliefs caracteristique, qui ont parfois fait l'objet de recherches archeologiques, Ces remaniements ont aussi modifie plus discretement la structure profonde des profils pedologiques, et peuvent etre detectes par des analyses pedologiques specifiques. A partir d'exemples issus principalement du massif forestier vosgien, cet article propose quelques nouvelles approches methodologiques pour mieux apprehender l'evolution des sols et l'histoire des forets.

Restauration des ruisseaux acides du massif Vosgien

Aucours duXX e siècle,l'industrialisation etle développementdes transportso ntconduitàune forteaugmentation del apollution atmosphériqueacide. Aucours des années 1970 et1980,les truites ainsi queden ombreuses espèces d'invertébrés ontdisparuden ombreux ruisseaux forestiers européense tfrançais situés dans des zones géologiques caractérisées pardes roches pauvres en cations alcalino-terreux comme les granites,les schistes etles grès siliceux (Massabuau etal.,1987;Probst etal .,1987). Ces roches couvrentdevastes surfaces dans les zones forestières etsontimportantes surl es plans écologiques etéconomiques. Les sources etruisseaux quil es drainentalimententen particulier den ombreux villages en eaupotable. La question stratégiquee stdes avoir si l'on peut espérer une restauration naturelle deces eaux etsousq uels délais,ousi une politiquevolontaristed'amendementàplusg randeé chelle doitêtre envisagée.