« Ousqu’on chill à soir? » Pratiques multilingues comme stratégies identitaires dans la communauté hip-hop montréalaise (original) (raw)

Le sens de la communauté chez les jeunes Hindous de Montréal : entre le Gange et le Saint-Laurent

Nouvelles pratiques sociales, 2001

Résumé La notion de communauté culturelle ou communauté ethnoculturelle est étroitement liée à l’immigration au Québec. Les définitions qui lui sont données en fonction d’une recherche, d’une intervention ou d’une politique gouvernementale ne semblent pas toujours correspondre à la réalité. Entre les définitions reçues des auteurs, des écoles, des courants ou des programmes gouvernementaux et la réalité, nous avons choisi de donner la parole en priorité aux jeunes Hindous rencontrés lors de notre recherche-action. Il nous est apparu que les définitions reçues, de même que nos propres présupposés au début de notre recherche se trouvent nuancés par ce que nous ont dit les jeunes rencontrés. Ce qui incite à réexaminer, à travers le point de vue de la deuxième génération, l’intégration des communautés ethnoculturelles dans un pays comme le Québec. Sans doute y a-t-il là matière à réflexion à la fois pour les sciences humaines et pour tout ce qu’englobent les préoccupations sociales.

Les enjeux du hip-hop à Québec

Note de l’auteure: Le présent article est basé sur une enquête ethnographique déroulée de la période de juin 2011 à décembre 2012 dans les villes de Québec, Montréal et Ottawa, auprès de 31 participants dont 25 sont des rappeurs et rappeuses. Je présente les rappeurs québécois rencontrés tels Webster, Assassin, Showme, Stratège, Les Sozi, Shoody, GLD et Rico Rich comme des guerriers menant des actions de guérilla (Certeau, 1980) pour tenter de résoudre des problèmes d’ordre politique, ethnique et racial, mais également social et économique. Les rappeurs à l’étude ont fait de ces problèmes leurs champs de bataille, soit dans le cas de cette étude, la lutte pour l’authenticité et la prise de conscience, contre les obstacles économiques, et pour le territoire.

La réception du hip-hop chez des rappeurs afro-québécois dans la ville de Québec : appropriation intersectionnelle de problématiques multidimensionnelles [thèse de doctorat]. Université Laval, Québec.

This research analyzes the afroquebecer rappers of the community of Limoilou (Limoilou Starz) and their friends of Montcalm in Quebec City as actors who appropriate elements of identity, social struggle and economic survival from global and American hip-hop, to help solve their particular challenges. The merits of the various struggles through their art and specific techniques (lyrics, public speaking and in medias and stand-ups, branding campains, online networks) are acquired by multiple sociohistorically rooted forms of capital. From an ethnographic study conducted with 31 participants in the city of Quebec, the concept of "negociated reception" is used to describe the process of resistance of the meaning to these different dominations produced by the actors in positions of power. These modes of domination come from state institutions agents (such as Quebec City Police officers), corporations agents (such as managers of entertainment clubs and of major and independent music labels), and also from individual or groups of peers of hip-hop milieu, through bullying strategies. The “emergent-fit” theory (Guillemette, 2006; Guillemette and Luckerhoff, 2009 ) presents hip-hop music as a renogociated musical field (Bourdieu, 1976 and 1989; Rimmer, 2010), and a multidimensional structure (social, identity, political, and economic) that intersects (through multiple categories such as place of residence, race, and economic capacity), and take shape in and through the mental and physical dispositions (habitus) of the studied actors. The results of this research show that some rappers are "resistant'' to the dominations of their various oppressors. Some others are nevertheless accepting the domination from national ideologies, entrepreneurs and peers, although they are conscious of it. Finally, one small group of studied rappers rejects it completely. Thus, intersectional appropriation of dominant meaning through hip-hop music leads to multiple readings of domination and resistance.

Low, B. and Sarkar, M. (2012). “On va vivre on va die et tout ca: Un regard sociolinguistique sur l’état du rap plurilingue à Montreal. Kinephanos 3(1), 20-47.

Cette étude se sert des outils théoriques et méthodologiques développés par la sociolinguistique critique afin de jeter un regard sur le phénomène du plurilinguisme dans la culture populaire. Les auteures, qui se penchent sur l'exemple du hip-hop plurilingue à Montréal, adoptent une approche ethnographique et « hiphopographique » permettant aux membres des communautés hip-hop de la métropole québécoise de devenir partenaires d'un modèle collaboratif de la recherche. Puisant dans une base de données comprenant des analyses de corpus d'environ quarante chansons parues entre 1999 et 2009 ainsi que dans plusieurs entretiens avec des rappeurs et de jeunes informateurs, cette étude démontre à quel point les jeunes de la communauté hip-hop montréalaise sont à l'aise dans l'usage mixte des langues. L'article propose aussi un nouveau terme, la « Québéquicité », qui constitue un outil théorique permettant de comprendre comment les usages plurilingues du rap montréalais défient les structures de pouvoir linguistique au Québec. En créant un style distinctif montréalais qui pige dans la multiethnicité locale, les rappeurs plurilingues effectuent un déracinement implicite de quelques idées de base de la nation québécoise telle que construite à travers les siècles.

Français, anglais et langues africaines dans le hip hop sénégalais : entre cohabitation et conflit

Le rap sénégalais a fini de marquer son empreinte dans l’univers musical national et africain. Il s’est démarqué des autres genres par son style mais surtout par la façon dont les langues sont employées dans les textes. En effet, on y retrouve les langues africaines mais aussi les langues internationales comme le français et l’anglais. Ces dernières langues ont pour objet d’ouvrir les artistes à vers l’international alors que les premières permettent un ancrage dans le terroir et constituent des marqueurs identitaires. Selon les objectifs de l’artiste, les cibles, les destinataires et les thèmes développés, il y a un passage d’une langue à une autre. Ainsi les langues africaines et les langues européennes se trouvent soit en situation de conflit, soit en situation de contact. Ces situations, loin de tirer vers la diglossie, constituent des vecteurs de complémentarité qui permettent aux artistes de décliner leurs messages.