Le Quoc Ngu, Alexandre de Rhodes et les Missions Étrangères de Paris (MEP) (original) (raw)
Viet Nam- L'Histoire politique des seux guerres- Guerre d'Indépendance (1858-1954) et guerre idéologique (1945-1975)
Beaucoup croient qu’Alexandre de Rhodes est l’inventeur du quốc ngữ et le portent aux nues pour cela. Qu’en est-il en réalité ? Le chữ quốc ngữ Depuis la nuit des temps, les Vietnamiens avaient leur propre langage oral, qui était différent et indépendant du langage chinois (hán) prononcé à la vietnamienne. Ainsi le mot “montagne” se dit núi dans la langue vernaculaire, chan dans la langue chinoise, et sơn (prononcé “sheun”) en chinois vietnamisé (chữ nho). Ils utilisaient l’écriture chinoise, et depuis la fin de la colonisation chinoise au XIIe siècle, une nouvelle graphie appelée chữ nôm (caractères nôm, ou « écriture du sud »), ou quốc âm « prononciation nationale », qui exigeait une parfaite connaissance du chinois. C’étaient, pour P.Huard et M.Durand dans leur Connaissance du Việt Nam, « des caractères chinois simples ou combinés entre eux pour noter le son d’un mot vietnamien [de la langue vernaculaire] ou le sens et le son d’un mot vietnamien ». Par exemple, le chữ nôm de núi (montagne en langue vernaculaire) a été créé en plaçant le caractère montagne 山 au-dessus de 内, dedans, à l’intérieur (en chinois : nèi), qui a ici une valeur phonétique. Les Tây Sơn (1788-1802), très nationalistes, utilisaient le chữ nôm comme écriture officielle. Les Nguyễn continuèrent d'employer l'écriture chinoise. Cependant la connaissance de l'écriture chinoise ou de l'écriture “nôm” demandait la mémorisation de plusieurs milliers de caractères et n'était donc pas accessible sans de nombreuses années d'études. Leur utilisation était trop limitée pour espérer qu’elles deviennent pour les missionnaires, des véhicules d’évangélisation.