Fission nucléaire, aujourd'hui et demain: de la renaissance au saut technologique (Génération IV) (original) (raw)

Renaissance du nucléaire en vue ? par Hugues HENRI

La mise en route de l’EPR finlandais ouvre-t-il une renaissance du nucléaire au moment où le président Emmanuel Macron a déjà décidé de relancer le nucléaire unilatéralement mais pressé par les candidats de droite et d’extrème droite à la présidentielle de 2022 tous unamimement pronucléaires ? Ce n’est pas sûr du tout, quand les quatre plus gros réacteurs nucléaires français des centrales de Chooz (Ardennes) et de Citeaux (Vienne) sont arrêtés en raison de corrosion et de fuites suspectes sur leur réseau primaire, que le réacteur n°1 de la centrale de Golfech s’est brutalement arrêté alors qu’il sortait de six mois de travaux, que l’EPR de Taïshan en Chine a été lui aussi arrêté. Le démarrage de l’EPR finlandais n’est pas en soi une victoire pour EDF : quinze ans de retard, surcoût quadruplant le prix initial ; pénalités extrèmement lourdes payées pendant ces années de retard par le contribuable français à l’exploitant finlandais ; image déplorable d’EDF à l’international. De plus, l’autre EPR, celui de Taïshan, en Chine près de Hong Kong est à l’arrêt à cause de fortes vibrations incontrôlables dans le cœur du réacteur. Cette anomalie avait déjà été détectée dans le prototype de l’EPR appelé « Konvoy » construit par Siemens, dans les années 1990/2000. Siemens s’est retiré du projet EPR finlandais construit en collaboration avec EDF en 2008. Il n’est pas exclu de penser que la société allemande a pressenti l’échec de l’EPR finlandais en raison du changement d’échelle lié à l’EPR, passant de 800 GW, à plus du double, sans recul ni expérience aboutie dans ce genre de « méga » réacteur nucléaire. EDF et les gouvernements français successifs, de gauche comme de droite ont foncé dans ce projet. Pour le reste, le « grand carénage » prévu par EDF pour prolonger de 10 ou 20 ans les 56 réacteurs français risque d’être compromis par les récentes découvertes de fissures et de corrosion sur les circuits primaires des réacteurs des quatre plus gros réacteurs nucléaires français, ceux de Chooz et de Citeaux. Cela d’autant plus, que le financement de ce « Grand carénage » dépend en grande partie du financement européen post covid XIX, si tant est que le nucléaire soit enfin introduit dans la taxonomie européenne des énergies vertes. L’opposition résolue de plusieurs pays européens comme l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, l’Italie à cette introduction grève le projet d’EDF qui est déjà lourdement endetté à hauteur de 54 milliards d’€. La renaissance du nucléaire n’est donc nullement assurée en France. La sagesse voudrait que le plan de développement généralisé des énergies renouvelables proposé par Négawatt et l’ADEME soit privilégié, il est plus sûr, moins cher et plus adapté à la transition énergétique.

Genèse et servitudes du nucléaire

Ecologie & politique, 2011

Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique-2011-2-page-137.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info. 1. « À la recherche d'une issue : genèse et servitudes du nucléaire », in J.

Quoi de neuf dans le nucléaire ? Par Hugues HENRI

La relance nucléaire imposée par Emmanuel Macron depuis 2022 se place dans un contexte international favorable à cette industrie, car en Chine et aux USA, le développement de l’intelligence artificielle nécessite énormément d’électricité et le nucléaire offre apparemment une source d’énergie décarbonée donc propice aux réductions de CO-2. Cependant, les risques majeurs que comportent cette industrie nucléaire ne sont toujours pas réduits pour autant et la catastrophe de Fukushima en mars 2011 se rappelle à nous, car les cœurs des 3 réacteurs nucléaires détruits sont toujours inaccessibles et représentent un défi insurmontable pour l’heure. De plus, l’extraction de l’uranium n’est pas sans limite. Le Kazakhstan en est le 1er fournisseur mais dépend du bon vouloir de Rosatom, trust d’Etat russe en période de conflit latent avec l’Occident en rapport avec l’invasion russe de l’Ukraine. La France en particulier dépend de Rosatom à 60% pour la fourniture d’uranium enrichi. A l’avenir, l’offre d’uranium et la demande devraient rester serrées, car les approvisionnements secondaires qui ont comblé le déficit d’uranium ne dureront pas éternellement. De nouvelles capacités minières devraient être mises en service, mais pas avant plusieurs années. Les marchés financiers de la Banque nationale du Canada estiment que la demande pourrait passer de 197 millions de livres d’U3O8 en 2023 à 222 millions de livres en 2030 et que les prix de l’uranium pourraient rester élevés plus longtemps. Parallèlement, les énergies renouvelables se développent rapidement, avec un prix de revient de plus en plus compétitif par rapport aux énergies fossiles et au nucléaire. Cela se voit sur tous les continents et le handicap de l’intermittence qui les affectent dans leur concurrence avec les énergies fossiles et le nucléaire tend à se résorber car les capacités de stockage notamment dans l’hydraulique, l’hydrogène et les centrales solaires par concentration permettent de les rendre compétitives. En France, l’EPR de Flamanville ne produit toujours pas d’électricité et la fusion de l’IRSN avec l’ASN dans l’ANSR est toujours contestée et contestable du point de vue de son efficacité future pour assurer à elle-seule la sûreté nucléaire du pays. Par ailleurs, les ressources françaises d’extraction d’uranium se réduisent avec le retrait du Niger où Areva a perdu récemment ses principales mines d’extraction. Les accords passés par Macron avec la Mongolie et le Kazakhstan augmentent la dépendance française vis-à-vis de la Russie à travers Rosatom. Tout cela rend très problématique là fourniture d’uranium naturel et enrichi dont EDF aura besoin pour cette relance nucléaire...

Le démantèlement des installations nucléaires

2016

38 REE N°1/2016 Le demantelement des installations nucleaires vise a en reduire la pollution, radioactive ou non, jusqu’a des niveaux consideres comme etant sans risque pour l’homme et pour l’environnement, compte tenu des previsions de reuti- lisation des sites ou bâtiments et en l’etat de la reglementation. En France, ce sont les exploitants nucleaires qui ont la responsabilite de mener l’en- semble des operations necessaires, dont l’ampleur depend de l’utilisation future du site. Ces operations doivent etre menees dans des delais aussi courts que possible, dans des conditions economiquement acceptables. Elles sont cependant complexes et longues, avec des echeances parfois lointaines qui necessitent la mise en œuvre par les exploitants de veritables strategies techniques et financieres. Ces operations sont essentielles a plusieurs titres : - tallation nucleaire en rendant possible son declassement apres que toutes les mesures d’assainissement ont ete prises, y compris celles concer...

L'âge nucléaire: que faire?

Nature Sciences Sociétés, 2001

Propos recueillis et mis en forme par Alfredo Pena-Vega en septembre 1999 A. Pena-Vega (N$S)-MichEle Rivasi, vous ~tes membre fondatrice de la Commission de recherche indEpendante d'information sur la radioactivitE (Crli-Rad), dEputEe apparentEe socialiste, vous avez ~tE une des premieres personnes b avoir dEnoncE le manque de transparence dans le dossier du nuclEaire. C'est ailleurs ce que vous avez montrE dans votre livre Ce

L'avenir radieux du nouveau nucléaire français ? par Hugues HENRI

Contexte La relance nucléaire française prend son essor sur fond de votes de lois de facilitation et d’accélération votées par une coalition opportuniste de la majorité relative présidentielle et de la droite, s’offrant la suppression de l’IRSN car trop pointilleux dans ses exigences et ses enquêtes, accompagnée par les discours pro nucléaires enthousiastes dans certains médias, surfant sur un soi disant consensus pro nucléaire de la majorité silencieuse française auquel le débat promis sur le nucléaire a encore échappé car il a avorté avant d’avoir eu lieu en raison de l’empressement officiel à imposer cette relance nucléaire. L’ASN a récemment révélé qu’il y avait eu en 2023, 48 cas avérés de fraudes, falsifications, malfaçons et contrefaçons dans la sous traitance du nucléaire notamment dans le chantier de l’EPR de Flamanville et le gendarme du nucléaire exige d’EDF, un plan de lutte contre ces fraudes nucléaires pour y mettre fin. La relance du nucléaire suscite en effet, un emballement des médias pro nucléaires comme La Tribune ou Cnews, qui répandent nombre de pronostics contestables et des informations infondées orientées vers un avenir soit disant glorieux du nouveau nucléaire français. Il est impératif de contredire ces fake news’ de relativiser les propos pro nucléaires en en démontrant l’inanité et les limites.