"Sur la terre comme au ciel" : une évaluation de la théologie "dominationiste" de Peter Wagner (original) (raw)

Marchandisation de la société et ordre mondial de domination (et aussi des pensées critiques sur Niklas Luhmann)

Politikatudományi Szemle, 2004

Le problème de la théorie de Luhmann est qu'il n'y a pas d'analyse de la dimension de domination de la société, pas d'analyse de la cohésion interne ou des hostilités externes des groupes de personnes et de leurs luttes pour la domination. Sans l'analyse de cette dimension, celle de la dimension fonctionnelle de la société ne peut également être vue qu'à moitié. Avec mes corrections précédentes, je suis resté largement dans le cadre de la théorie des systèmes fonctionnels de la société de Luhmann, mais avec l'inclusion de la dimension de la domination, il ne s'agit plus d'une correction supplémentaire mais d'un véritable ajout. Les activités sociales et leurs résultats ne sont pas seulement fonctionnels, mais représentent également des ressources de pouvoir dont tout individu ou groupe de personnes peut disposer à des degrés divers. L'argent (et les marchés) qui organisent l'activité économique, les médias de masse qui organisent le flux global d'informations, l'infrastructure scientifique qui fournit une vue d'ensemble systématique de la société, et les forums artistiques et académiques qui régissent la vie intellectuelle - pour n'en citer que quelques-uns - ne fournissent pas seulement des résultats fonctionnels, mais aussi, en tant que ressources sociales, confèrent pouvoir et domination aux individus et groupes de personnes qui peuvent exercer un plus grand degré de contrôle sur eux. En d'autres termes, bien que la différenciation fonctionnelle ait eu lieu dans les sociétés modernes et que des mécanismes d'évaluation internes et des logiques autonomes se soient développés dans chaque sous-système, les groupes de personnes dominants dans la société dans son ensemble cherchent à obtenir une influence sur les activités de chaque sous-système afin d'assurer leur pouvoir et de tenir en échec les autres groupes de personnes subordonnées. Une fois ce but atteint, ils essaient systématiquement de marginaliser et d'exclure des postes de direction dans les sous-systèmes fonctionnels les questions, les aspirations et les groupes de personnes qui pourraient menacer leur pouvoir.

Regards sur la "perversion capitaliste". Entretien autour du roman Sous le ciel des hommes

ContreTemps la revue, 2022

Née à Bruxelles, Diane Meur est venue en France y mener de brillantes études de lettres (ENS) et vit depuis lors à Paris. Par ses traductions de l'allemand et de l'anglais, elle a rendu accessibles des textes d'auteurs aussi divers qu'Erich Auerbach, Tariq Ali, Paul Nizon, Robert Musil, Stefan Zweig…, mais on lui doit aussi un essai sur son activité de « passeuse » (Entre les rives. Traduire, écrire dans le pluriel des langues, La Contre-allée, 2019), et une série de romans qui, depuis 2002 (La vie de Mardochée de Löwenfels, écrite par lui-même, Sabine Wespieser), ont séduit critiques et lecteurs par leur rythme, leur construction et leur érudition mi-grave mi-enjouée, enjambant souverainement périodes et contextes sociaux ; récompensé par le Prix du Roman historique, Les Vivants et les Ombres (Sabine Wespieser, 2007) montrait aussi les ravages à répétition des nationalismes et des conflits de territoire. Paru en 2020 et réédité 2022 en format poche, Sous le ciel des hommes (roman, Sabine Wespieser, 340 pages) rompt avec cette veine historique en revenant aux fameuses « trois unités » de temps (le nôtre), de lieu et d'action, recette parfois pleine d'efficacité comme on le voit ici. Ce nouveau volume frappe aussi par son ambition, puisqu'il y est question de rien de moins que de « la déraison capitaliste » envisagée sous des angles variés, et souvent avec des approches que seul le roman permet. Des critiques s'en sont émus[1] : est-ce bien un sujet de roman ? Sur ce point et d'autres, D. Meur a bien voulu répondre aux questions de ContreTemps. ContreTemps : votre roman est un livre-gigogne, le récit que vous signez enchâssant l'écriture en direct d'un pamphlet et l'abandon progressif d'un autre livre qui se voulait un « bestseller », et dont on ne lira pas une ligne. Et il a au moins deux titres, selon qu'on le lit d'une traite, ou qu'on marque une pause, un silence, presque une virgule, entre les trois premiers mots et les deux derniers, on y reviendra. Peut-être moins explicitement que dans d'autres romans, comme La Carte des Mendelssohn (2015, réédité en poche en 2016), vous livrez pourtant là des indices sur la manière dont vous avez écrit ce livre, quitte à renverser la chronologie… Diane Meur : Je dois d'abord souligner que Sous le ciel des hommes n'est pas une subite rupture avec une « veine historique » qui aurait été la mienne dès le début. Dans presque tous mes romans, comme vous le dites, d'ailleurs, j'enjambe non seulement les contextes sociaux mais aussi les périodes : ainsi La Carte des Mendelssohn n'est pas seulement la saga d'une très nombreuse famille mais aussi un roman d'autofiction, avec des sections entières écrites à la première personne et des extraits de mon journal berlinois de 2012. Les Vivants et les Ombres est plus homogène dans sa forme mais il couvre, avec quelques vaet-vient et pointillés, près de cent trente ans d'histoire de la Pologne. Les Villes de la plaine, qui semble le plus éloigné de l'époque présente par son allure de péplum antique, est peut-être un des plus contemporains dans sa teneur : une fable politique sur les monothéismes et la démocratie. De façon générale, je parlerais donc plutôt de « romans transhistoriques » qu'historiques à proprement parler.

Une analyse sémio-poétique : « Le ciel est, par-dessus le toit » de Verlaine

Litera, 2020

Citation: Korkut, E. (2020). Une analyse sémio-poétique : « Le ciel est, par-dessus le toit » de Verlaine. Litera, 30(1), 27-43 https://doi.org/10.26650/LITERA2020-0059 RÉSUMÉ Le langage poétique se distingue d'autres types d'expression par sa syntaxe discontinue et elliptique ainsi que par son contenu inhabituel et métaphorique. Tandis que le langage pratique a une fonction essentiellement informative et communicative, le souci du langage poétique n'est pas prioritairement la communication. Quoique ce langage créatif soit utilisé dans d'autres domaines comme la publicité et la politique, son usage dans la poésie a une fonction dominante artistique, donc autonome. Par ailleurs un texte poétique s'éloigne de la prose à plusieurs égards. C'est la raison pour laquelle un poème ne peut être analysé comme on analyse d'autres types de textes. Cet article vise à analyser du point de vue formelle et sémantique un poème de Paul Verlaine, « Le ciel est, par-dessus le toit ». Pour montrer l'organisation rythmique du poème, l'analyse commence par le niveau de la forme avec les dispositions des rimes, le système métrique, l'allitération, l'assonance, l'homonymie, la paronymie. Cette analyse formelle débouche sur le niveau sémantique et notionnel avec des parasynonymes, les oppositions (spatiale, thymique, temporelle, nature/culture, les autres/je). Ce qui suit par l'analyse de tous les rapports référentiels entre les mots ou syntagmes de la poésie. Toujours au niveau du contenu, l'état et la place du /JE/ sont présentés en partant de ce qui précède. Ce poème composé de quatre quatrains est divisé en deux séquences : les trois strophes décrivent l'espace extérieur avec tous ses éléments euphoriques alors que dans la dernière strophe, c'est le /JE/ qui apparait dans son univers intérieur, coupé de l'espace ouvert, qui est entièrement dysphorique. ABSTRACT Poetic language is distinguished from other types of expression by its discontinuous and elliptical syntax as well as by its unusual and metaphorical content. While practical language has an essentially informative and communicative function, poetical language is not primarily concerned with communication. Although this creative language is used in other fields such as advertising and politics, its use in poetry has a dominant artistic function, therefore autonomous. Moreover, a poetic text deviates from prose in several respects. This is why a poem cannot be analyzed This work is licensed under Creative Commons Attribution-NonCommercial 4.0 International License

Schelling et l'État: quel «ciel sur la terre»

Revue Philosophique de Louvain, 2003

Il faudrait supposer «un ciel sur la terre». C'est en ces termes que Schelling évoque à deux reprises l'idéal d'un État absolument parfait: une première fois en 1810, à Stuttgart 1 , une seconde et dernière fois à Berlin, à la fin de sa vie 2. La formule est riche autant que saisissante; assurément polémique, elle n'en demeure pas moins infiniment complexe, dans ses références comme dans ses implications. Nous l'avons choisie parce qu'elle nous a semblé symptomatique d'un inconfort; tout se passe, en effet, comme si Schelling s'était toujours demandé: que faire de l'État? quelle idéalité lui reconnaître? Le doute cerne de toutes parts la lancinante question qui demande s'il y a place pour une "philosophie politique" dans la pensée de Schelling 3 ; l'analyse de la formule retenue devrait nous convaincre de sa singularité: sa tonalité religieuse laisse deviner les limites intrinsèques en même temps qu'extrinsèques de la chose politique. Nous procéderons sur la base du texte de Stuttgart où l'occurrence se montre des plus impérieuses; de là nous rayonnerons dans toute l'oeuvre de Schelling, et de manière privilégiée vers la tardive occurrence de Berlin. Car nous croyons pouvoir montrer l'existence d'une souterraine continuité, capable d'expliquer et le propos de Stuttgart et l'écho berlinois que celui-ci était finalement destiné à avoir 4. 1 Dans les Leçons de Stuttgart, que Schelling donna chez son ami Georgii; nous les citerons dans la traduction française établie par Jean-François Courtine et Emmanuel Martineau des OEuvres métaphysiques (1805-1821), Paris, Gallimard, Bibliothèque de Philosophie, 1980. Toutes nos références au texte allemand suivront la pagination de l'édition J.G. Cotta, Sämtliche Werke (SW); elles seront suivies, s'il y a lieu, d'une référence à la pagination d'une traduction française.

La domination dans l’œuvre de Jürgen Habermas. Essai sur la relativisation d’une catégorie

1997

Prima facie, la pensée de Jürgen Habermas émerge parmi les philosophies contemporaines comme une des principales contributions à l'analyse de la domination. Son oeuvre entière, pourtant immense et protéiforme, peut aisément s'analyser comme une interrogation critique et récurrente portant à la fois sur le concept de domination et sur la fécondité de cette notion relativement à l'interprétation des phénomènes sociaux contemporains. Soulignons dès à présent, que Habermas n'est a priori ni hostile ni favorable à l'idée de domination. Il hérite de cette notion très en vogue dans les débats intellectuels d'après-guerre, l'interroge et l'utilise. Dans une première phase, il tend à faire de la domination l'horizon indépassable de l'analyse sociale tout en la considérant comme politiquement et philosophiquement problématique. Dans une seconde phase amorcée aux débuts des années 1970, le philosophe de Francfort radicalise ce caractère problématique de la domination et, tirant les leçons du tournant linguistique et pragmatique opéré par la réflexion philosophique, s'appuya sur le paradigme de la communication. Mais son oeuvre ne se contente pas d'avancer la discussion comme fondement du politique : elle se veut elle-même une discussion avec les principales théories politiques. Aussi, avant d'envisager la critique dressée par Habermas, il convient d'approcher la notion elle-même ainsi que les principales figures de pensée de la domination. I-Les figures de la domination Les instruments intellectuels dont nous disposons ne sont pas aussi efficaces et précis que l'on a coutume de le dire. A cet égard, le concept de domination est exemplaire puisqu'il repose dans la conscience collective contemporaine sur une confusion voire un amalgame. 1-Qu'est-ce que la domination ? 2 Ainsi pour comprendre la violence, il faudrait se référer à une notion de « pouvoir en tant que domination, autrement dit comme capacité d'exercer une autorité ou de commander » (1). Une telle approche mêle inextricablement des notions bien différentes telles que violence, domination, pouvoir, autorité (2) … A dire vrai, la domination fut, dès l'origine, inséparable d'une certaine conception du pouvoir. C'est ainsi que Platon, souhaitant lutter contre l'instabilité politique athénienne, chercha une solution de rechange aux deux méthodes classiques de la politique grecque : la persuasion pour l'ordre intérieur et la force ou la violence pour la politique extérieure. Son modèle lui fut fourni par la sphère privée conçue chez les grecs comme sphère hiérarchique de l'autorité du "maître de maison" (oïkosdespostès). Platon chercha donc à introduire dans la sphère de la polis la relation hiérarchique d'obéissance à l'autorité qu'incarne le "maître de maison". Mais le tout demeure dans le domaine de l'utopie. En outre, il ignore encore les termes d'autorité et de domination. Rome n'hésitera pas, en revanche, à plaquer sur une situation politique bien différente les concepts platoniciens et aristotéliciens. C'est ainsi que Caligula consentira à être appelé dominus puisqu'il se comporte comme Pater Familias à l'égard de la sphère publique (3). De là vient le terme de domination signifiant donc une relation hiérarchique, la subordination d'une volonté à une autre en vertu d'une croyance en l'autorité. Notons qu'il est le fruit d'une réaction philosophique face à l'instabilité dans l'ordre politique. La théorie politique va en faire un usage croissant tout spécialement après Hobbes dont toute la pensée est ordonnée vers l'idéal de stabilité. 2-La tradition politique du pouvoir comme domination Ainsi que le nota Macpherson, « La plupart des maîtres de la pensée politique moderne, depuis Machiavel et Hobbes jusqu'aux empiriques du XX ème siècle, se sont intéressés au phénomène du pouvoir, qu'ils entendent généralement comme la capacité d'obtenir ce qu'on veut en exerçant son autorité sur autrui. […] le seul véritable pouvoir, au sens politique, est celui qu'exerce un homme ou un groupe d'hommes sur d'autres hommes » (4). Non seulement la domination se confond désormais avec le pouvoir mais elle en devient l'essence ou, à défaut, son seul mode de constitution. Le phénomène est spécialement marquant chez Hobbes et (1)-Robert Litke, "Violence et pouvoir" in Revue internationale des sciences sociales, n°132, mai 1992, UNESCO, p 176. Ce numéro est d'ailleurs consacré au thème "Penser la violence". (2)-La même confusion règne dans de nombreux écrits sociologiques et politiques. Voir par exemple, les Cahiers

Peter Trawny défenseur de Heidegger (29 p.)

Je propose ici quelques remarques que j'ai fini par retirer de mon ouvrage "Heidegger et sa solution finale"; ces annexes ne valent en effet qu'à titre de document sur les mésinterprétations tenaces auxquelles peuvent se livrer les esprits largement "heideggerianisés"

"Sur la terre comme au ciel" : qui habite au ciel?

La prière du Notre Père demande à ce que le ciel devienne le modèle de ce qui doit se passer sur terre. Comment comprendre cette expression ? Quel est le sens du mot « ciel » dans ce contexte et qui l'habite ? Je répondrai à ces questions en cinq points. 1. « Ah si le ciel se déchirait » ! Le ciel dans l'Ancien Testament 2. Le ciel présent sur terre en Jésus-Christ 3. Qui habite le ciel ? 4. Comment comprendre Éphésiens 6,12 ? 5. « Sur la terre comme au ciel » dans le Notre Père 1. « Ah si le ciel se déchirait » ! Le ciel dans l'Ancien Testament

De l'Oeuvre de Wagner. Analyse critique

A new Form of musical total drama. The Future of the Richard Wagner' s Tetralogy "The Ring of Nibelung". (Premier titre en français: Dissertation sur les Leitmotive).