La linguistique d'intervention comme praxis des utopies réalisables : expériences au Guatemala (original) (raw)

Tourisme de mémoire au Guatemala : Interactions transnationales et construction locale de la parole des victimes

L'article fait partie du dossier : "Mémoires et Violences extrêmes" coordonné par Valérie Robin Azevedo. Au Guatemala, le long conflit armé (1960-1996) qui a opposé l’armée aux mouvements de guérilla a profondément marqué le pays. Les populations rurales, indigènes non-combattantes ont été victimes de massacres suite à la politique de terre brûlée appliquée par les gouvernements militaires au pouvoir. Aujourd’hui, l’expression et la transmission de la mémoire de cette violence est problématique, en particulier dans le rapport des populations locales à l’Etat. Cet article interroge la façon dont la mémoire locale s’est constituée historiquement dans un rapport dynamique avec des interlocuteurs étrangers (non nationaux) à partir d’un exemple ethnographique : celui d’un groupe de veuves du conflit dans la région Ixil.

Langue(s) et utopie – I : Remarques générales

Kentron, 2010

Comme l'airme à juste titre Claude Lévi-Strauss dans Tristes tropiques, « qui dit homme dit langage, et qui dit langage dit société ». Il va de soi par conséquent, pour qui étudie ces extensions du monde réel que sont les ictions utopiques, de se pencher sur les langues pratiquées dans ces sociétés imaginaires. Il est également légitime de soutenir, avec Marina Yaguello, que « l'utopie […] inclut au sens large dans la littérature ce qu'on pourrait appeler l'u-chronie, le temps qui n'existe pas, [et qu'] au sein de cette dualité vient s'insérer l'u-glossie, la langue qui n'existe pas » 2. Et comme, en outre, la rélexion utopique est intimement liée à l'histoire des sociétés où elle s'élabore, on ne sera pas surpris de constater que les rapports entre les langues et l'utopie épousent les préoccupations des temps où elles viennent au jour, « ce qui explique l'antériorité des thèmes de la Lune, des Antipodes, du centre de la Terre, des Terres Australes, par exemple, sur le thème martien ou galactique » 3. Cependant, le champ des langues construites, par opposition à celui des langues naturelles, ne se limite pas aux ictions utopiques. On verra que leur domaine excède la littérature proprement dite, englobant toutes sortes de créations, conscientes ou inconscientes, religieuses ou non, écrites, orales, voire gestuelles, qui ont vocation, assez souvent aussi, à être universelles. Enin, il arrive également que des démarches volontaires à l'échelon politique introduisent une dimension utopique dans les langues naturelles et que, au sein des oeuvres littéraires, dans ou hors de l'utopie, les langues imaginaires puissent faire l'objet de rélexions métalinguistiques 4. Quand l'utopie rencontre le langage : les langues construites Les langues imaginaires ou, mieux, les langues construites, constituent un vaste ensemble au sein duquel se situent les langues des ictions utopiques. On les distingue des langues naturelles, qui se déinissent par les traits suivants : une création spontanée, une origine non déterminable, et une transmission, à l'intérieur d'un même groupe social, aux nouveaux locuteurs par leurs parents ou ceux qui en tiennent lieu. Les langues construites, quant à elles, se répartissent en deux groupes, selon que leur création résulte d'une opération consciente ou inconsciente. Langues construites de manière consciente Au nombre des créations conscientes-à excepter les langues imaginaires attestées dans les ictions, qui seront examinées plus loin en détail 8-, on recense les jargons et argots, langues de communication à visée cryptique, que des groupes sociaux restreints élaborent, initialement du moins, pour leur usage exclusif. Ces formes 5. DLI. 6. Mention igurant sur la jaquette du volume et enregistrée dans la notice du catalogue général de la Bibliothèque nationale de France (http://catalogue.bnf.fr/). 7. Respectivement, Yaguello 1984 et Yaguello 2006-le second ouvrage constituant une version largement remaniée et augmentée du premier. 8. Ce parti pris, qui a l'avantage de la clarté dans un exposé centré sur les ictions utopiques, comporte l'inconvénient, entre autres, de disjoindre des productions qui ont de nombreux points communs, comme les glossolalies religieuses et les créations littéraires traduisant ou mimant un délire. Pour une présentation de cette problématique particulière, voir Les glossolalies, passim.

Les engagements de la sociolinguistique: le cas colombien

Paideia Surcolombiana, 2010

On a dit que la sociolinguistique devrait être un « instrument d'analyse et un moyen de revendication des minorités linguistiques ». A partir du mémoire de Maîtrise d'un chercheur colombien, nous allons présenter une réflexion sur quelques aspects «politiques « actuels en sociolinguistique. Estceque la théorie scientifique se mêle à la réalité sociale ? Peut-être. Mots clés : sociolinguistique; politique linguistique; réalité sociale; glottopolitique; Colombie.

Guatemala: sujet communautaire émergent sur fond de globalisation néolibérale?

Alternatives Sud, 2011

Les luttes à l'oeuvre aujourd'hui au Guatemala, en particulier dans le monde indigène, sont à la fois l'expression d'une frustration structurelle historique, non résolue démocratiquement, et un contrefeu à la stratégie actuelle du capital, en quête de nouveaux marchés, de main-d'oeuvre pas chère et de ressources naturelles et énergétiques. Le système de domination guatémaltèque dispose toutefois d'importants moyens pour garantir sa perpétuation. 1. Politologue, coordinatrice du département d'étude des mouvements sociaux à la Facultad Latinoamericana de Ciencias Sociales (Flacso-Guatemala) et membre de l'Observatorio Social de América Latina (Osal, Clacso).

Enseignement du français, altérités et contacts de langues Imaginaires de professeurs mexicains

Thèse, 2018

Cette thèse s’intéresse aux contacts de langues présents dans la formation des enseignants de français langue étrangère. Depuis quelques années, l’enseignement des langues étrangères se répand au Mexique. En 2009, 22 licences formaient des enseignants de langues, sans compter les institutions privées, et ce chiffre continue d’évoluer. Les étudiants y débutent leur contact avec le français avec certains imaginaires sociaux, issus de deux siècles de colonisation et de traditions culturelles nées des contacts de langues. Ainsi, plusieurs images restent ancrées dans l’imaginaire collectif, notamment celles de Malinche, et certaines idées sur l’altérité perdurent, suscitant des postures enseignantes particulières. À partir des imaginaires des langues et des locuteurs, nous analyserons les rapports de pouvoir existant dans le contact de langues en cours de français. Prenant en compte cet héritage comme un écran socio-culturel de perception de l’autre, notre étude repose sur les témoignages des enseignants et apprenants mexicains en licence de langues et en master de didactique du français, qui racontent leurs parcours linguistiques et leurs expériences lors des formations. Mots clés : contact de langues, imaginaires, enseignement du français langue étrangère, héritage, Mexique.

Hiérarchies imaginées des locuteurs et des langues-cultures au Mexique

Circula numéro 12. Vulnérabilité linguistique, 2020

L’image ou les images que l’on peut se faire d’une langue et de ses locuteurs sont le résultat d’un processus de construction à travers différentes circonstances historiques, sociales et culturelles. En effet, les images des langues se construisent tout d’abord chez l’individu ; le discours informel personnel est une manière de s’approprier la langue. Ces images des langues, constituées en imaginaires, ont été intériorisées par les membres de la société à travers le temps et par divers moyens ; elles circulent et influencent le positionnement et le comportement des individus avec leurs interlocuteurs. Nous nous intéressons ici aux images des langues dans la société mexicaine et à la façon dont elles sont perçues, représentées ou valorisées par des enseignants de français langue étrangère (FLE). Divers exemples sélectionnés seront utilisés pour montrer l’importance des images au Mexique. Les notions d’image-histoire, de hiérarchies imaginées de langues-cultures et des locuteurs seront commentées. Il s’agit d’une étude qualitative réalisée dans le cadre de deux thèses de doctorat, à travers les entretiens d’un groupe d’enseignants mexicains qui explicitent leurs parcours linguistiques et laissent entrevoir leurs opinions. Mots clés : images ; imaginaires linguistiques ; FLE ; héritage ; Mexique

«Le paradoxe social des territoires gagnants: l'exemple de Motupe au Pérou»

La mondialisation côté Sud, …, 2006

Au Pérou, comme il a été montré plus haut 1 , les différences entre localités n'ont pas été gommées par l'actuelle phase de la mondialisation ; elles ont été réactivées. Là où des institutions conservent un certain pouvoir sur les terres, les investisseurs extérieurs, péruviens ou étrangers, dont les agissements suscitent à juste titre la méfiance de la population, n'ont pu pour l'instant s'installer véritablement. En revanche, des entrepreneurs 2 se sont implantés à Motupe, au nord du département de Lambayeque, dans un territoire marginal par rapport au coeur de l'oasis régionale et resté à l'écart du développement des formes de production collectivistes 3. Ils ont réussi à concentrer des terres, à se procurer de l'eau sans passer par le système d'irrigation collectif et à faire venir de la main-d'oeuvre bon marché.