Les Moines et leurs biens fonciers à Byzance 8e-10e siècles (original) (raw)
Traiter un tel sujet pour la période considérée est à la fois nécessaire et difficile. Dès le x1e siècle, nous recevons le secours de documents d'archives plus nombreux et de plusieurs grands typika, parfois accompagnés de la description de la fortune du monastère considéré 1. Entre le vme et le xe siècle, les sources demeurent extrêmement rares: les documents d'archives n'apparaissent qu'à la fin de la période et concernent trois monastères seulement (Lavra, Ivirôn et Saint-Paul du Latros); restent donc presque uniquement le droit civil et canon, par essence portés à la généralisation, et les Vies des saints, qui décrivent parfois la fortune des monastères fondés ou visités par le héros, mais seulement incidemment. L'étude que nous allons simplement esquisser ici est toutefois nécessaire, même si les résultats que l'on peut en espérer resteront limités. Le problème se pose en effet de savoir quand les moines sont devenus une véritable puissance économique et, au-delà de cet aspect économique et des problèmes fonciers qui s'y rattachent, quelle incidence ce développement peut avoir sur la nature même du monachisme byzantin. Cette question ne vient pas à l'esprit des seuls exégètes: elle est la base même de la novelle de Nicéphore Phocas en 964 2 • Si l'évolution générale, faisant des monastères, qui vivent à l'origine plus des aumônes et du travail personnel des moines que des revenus fonciers, des grands propriétaires, puis les meilleurs gestionnaires de l'Empire, ne pose pas de problème de définition, l'explication du phénomène et du mécanisme qui lui permet de voir le jour mérite réflexion. Les sources iconodoules, en insistant fortement sur les persécutions et les confiscations endurées par les moines à l'époque iconoclaste, ont fait naître la légende d'un monachisme déjà riche en biens-fonds, l'expansion