Le populisme : De la valorisation à la stigmatisation du populaire (original) (raw)
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Multitudes, 2015
Association Multitudes | « Multitudes » 2015/4 n° 61 | pages 45 à 58 ISSN 0292-0107 ISBN 9782354800789 Article disponible en ligne à Distribution électronique Cairn.info pour Association Multitudes. © Association Multitudes. Tous droits réservés pour tous pays.
Cultures populaires : populisme et émancipation sociale
Mouvements, 2009
Distribution électronique Cairn.info pour La Découverte. © La Découverte. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Résister au populisme culturel
Résister au populisme culturel [pour un argumentaire renouvelé de la culture] Par Diane Scott et Michel Simonot À propos de « L'art, la culture et la gauche » de Nicolas Roméas (Médiapart, 8 août 2011). Nicolas Roméas est directeur de la revue Cassandre. Diane Scott est metteur en scène et critique. Michel Simonot est homme de théâtre et sociologue de la culture. À l'approche des élections présidentielles, le mot « culture » est venu désigner l'un des espaces électoraux à investir, et la présence de plusieurs candidats de gauche au Festival d'Avignon cet été a dénoté autant que stimulé une certaine agitation autour de cette question. Il est vrai que la disparition de la question culturelle dans les projets politiques, notamment depuis les présidentielles de 2002, avait créé une inquiétude telle que cette brusque réapparition a pu susciter un certain espoir. En réalité, hormis une atmosphère de polémique aussitôt attisée par les médias, rien, ou presque, n'a été esquissé d'une conception de ce que serait une politique culturelle, et encore moins d'un projet de société qui lui donnerait du sens et un fondement -un projet politique s'entend. Aussi règne-t-il en la matière une atmosphère de bavardage confus. La publication récente d'un texte sur Médiapart appelant les candidats de gauche à se saisir de ce thème avec force (Nicolas Roméas, « L'art, la culture et la gauche », 8 août 2011), aurait pu constituer, dans ce silence général, une base de réflexion salutaire. Il nous a semblé, hélas, emblématique de la circulation actuelle de discours peu rigoureux qui doivent leur circulation à la mollesse du paysage intellectuel dans lequel ils prennent place. Nous souhaiterions ici en contester quelques énoncés et profiter de la lecture d'un texte que nous estimons représentatif de nombreuses positions en la matière pour appeler plus généralement à un ressaisissement de ces questions. Si la « culture » manque à l'heure actuelle de quelque chose, c'est moins d'une prise en compte par les politiques, que de sa prise au sérieux par ses propres « défenseurs ».
Revue européenne des sciences sociales, 2020
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Au coeur des groupes de bas statut: La stigmatisation
Résumé Dans la plupart des groupes sociaux, certaines caractéristiques, comme par exemple une certaine couleur de la peau, une certaine orientation sexuelle ou une certaine appartenance religieuse, peuvent fréquemment s'accompagner de mépris et de rejet. Ces caractéristiques sont connues sous le terme de « stigmate ». L'enjeu poursuivi dans ce chapitre porte sur l'analyse de ce phénomène, de même que sur les conséquences qui l'accompagnent. Dans un premier temps, nous dégagerons, sur la base des définitions proposées tant par des psychologues sociaux que par des sociologues, les principaux éléments constitutifs du concept de stigmatisation. Ensuite, nous montrerons que tous les groupes stigmatisés ne vivent pas cette situation de manière identique et nous présenterons quelques-uns des éléments à l'origine de la plus grande vulnérabilité manifestée par certains groupes stigmatisés. La suite de ce chapitre nous amènera à défendre l'idée que les contextes de sti...
Le populisme contemporain en Occident : une autre lecture
S'appuyant sur la vaste littérature qu'a suscitée le populisme depuis les années 1960, cet article tente d'abord de caractériser les mouvements populistes occidentaux contemporains (I). Il détaille ensuite les points essentiels de l'une des analyses les plus pénétrantes du populisme-celle d'E. Laclau dans On Populist Reason (II)-pour en faire usage dans une perspective différente de celle de son auteur. Après avoir identifié, parmi les courants populistes de gauche et de droite, des nuances « civiques », et entre elles un vote populiste modéré exprimant un désenchantement envers les partis au gouvernement, il émet (sur la base d'une analyse secondaire d'études existantes) l'hypothèse que le centre de gravité de la nébuleuse populiste en Occident réside dans la référence au demos, plutôt qu'à l'ethnos ou à la plebs, et que le rapport de forces au sein des soutiens du populisme lui est favorable (III). Il examine ensuite les causes de l'aliénation croissante des citoyens-principale source du populisme. Il suggère (sur la base de quinze entretiens non directifs) que, si l'aspect social-la déstabilisation de la classe moyenne inférieure induite par l'ordre néolibéral-est important, il n'épuise pas le sujet (IV). L'une des raisons en est que l'audience des thèmes populistes est beaucoup plus large que ce segment central des sociétés ; une autre, que les revendications sociales ne sont que le détonateur du mouvement de protestation, et sont bientôt suivies de revendications institutionnelles visant à remédier à la dépossession de souveraineté qu'ont subie les majorités, au cours du dernier demi-siècle, en raison du soutien des élites dirigeantes et expressives à la montée en puissance de groupes minoritaires culturellement définis. La « tyrannie des minorités » qui a suivi a été génératrice de contraintes multiples et de libertés réduites pour le plus grand nombre dans la vie quotidienne (V). On parvient au même résultat lorsque les citoyens sont traités en mineurs par une « démocratie encadrée », où leur capacité de discernement est méprisée par des élites dirigeantes qui se dispensent de leur assentiment, au nom d'un bien moral présumé supérieur, ou de directives venues de centres de décision extérieurs non élus (VI). La cause fondamentale-ancienne : elle remonte aux années 1960-du malaise qui s'est installé est la montée de l'individualisme et l'abandon relatif des normes de citoyenneté, créant ainsi une situation dans laquelle le pouvoir est remis en question ou redouté, et l'autorité politique affaiblie. Celle-ci, devenue gestionnaire, fait concession sur concession aux militants et activistes, délègue à des autorités indépendantes, à des comités d'experts ou à des organisations internationales, et s'émancipe de la volonté de majorités qui (parce qu'elles étaient jusque-là passives) se voient ignorées ou manipulées. Ces majorités ont d'abord réagi par l'apathie électorale (montée de l'abstention), puis se sont résolues à des votes protestataires. La surdité ou l'impuissance des gouvernants ont pour finir conduit à une troisième étape, où elles réaffirment abruptement leur puissance et revendiquent le retour à l'esprit citoyen. La vague populiste actuelle révèle ainsi sans détour que le cycle entamé dans la décennie 1960 atteint ses limites ultimes. Vu sous cet angle, le populisme « civique » est une réponse à la désactivation de la démocratie, bien plutôt qu'une menace à son égard (VII). La démocratie représentative mise en place au cours des deux derniers siècles, à des époques où les masses étaient incultes, vieillit mal dès lors que leur niveau moyen d'éducation s'est considérablement élevé, et que les majorités souhaitent désormais se faire entendre. Si cette demande devait rester sans réponse, le problème posé deviendrait structurel, et plus aigu : des réformes institutionnelles dans le sens de relations redéfinies entre élites et peuple, majorité et minorités, se recommandent sans trop tarder.