Bruno Dumont : l’éveil par le cinéma (original) (raw)

Le cinéma de Bruno Dumont et l’esthétique bressonnienne - points de rencontre, points d’écartement

Le cinéma de Bruno Dumont et l'esthétique bressonnienne: points de rencontre, points d'écartement Cinéaste qui prête une attention obsessionnelle à la forme et à la relation qui la lie avec une thématique richement connotée du point de vue métaphysique, Bruno Dumont assume comme objectif déclaré de filmer des êtres humains qui obéissent aux pulsions les plus élémentaires dans leur découverte violente (et souvent aux forts accents mystiques) de l'altérité. Son cinéma se distingue par le fait qu'on n'utilise que peu de mots, mais beaucoup des gestes; il n'y est pas question de discours, En prêtant beaucoup d'attention à la misère ambiante, Dumont -et on a là un autre point commun avec Bresson -s'intéresse beaucoup aux problèmes faussement sociaux et aux vies des individus exclus, qui se trouvent pour des différentes raisons en marge de la société. Dans les deux cas il s'agit d'un très incomode cinéma de contemplation, caractérisé par un certain mysticisme ascétique. Cependant, à la différence de Bresson, on ne retrouve pas la même sympathie envers des héros 6 Frédéric Theobald, entretien avec Bruno Dumont, le 26 novembre 2009. 7 Entretien avec Bruno Dumont, le 19 octobre 2011. 8 Frédéric Strauss, Pierre Murat sur Flandres, le 16 mai 2009.

Visage et paysage chez Bruno Dumont

La rencontre cinématographique avec autrui, 2020

Les films de Bruno Dumont montrent des visages et des paysages dans une interaction et une intrication très spécifique. Le but du présent essai est de décrire et de caractériser cette relation, afin de répondre à la question de l’identification avec les personnages. Comment se fait-il que l’on s’identifie si difficilement aux personnages de Dumont, alors même qu’ils sont montrés (on devrait dire dépeints) de manière si réaliste?La rencontre d’autrui au cinéma repose sur des ressorts mystérieux, et l’examen de quelques personnages centraux dans les œuvres «flandriennes» de Dumont donne une piste pour saisir comment nous comprenons l’apparition et l’expression d’un autre humain, ou même d’un autre vivant quel qu’il soit. Il me semble que pour suivre cette piste, il convient de saisir ensemble l’expressivité d’un paysage et celle d’un visage, parce que c’est un tel lien qui dit avec la plus forte clarté l’identité d’un humain, son attachement à la terre qu’il contemple et dans laquelle il se fond.

Cinéma et « distraction » chez Walter Benjamin

Théorème n°21 : "Persistances benjaminiennes", O. Aïm, P. Boutin, J. Chervin & G. Gomez-Mejia dir., PSN, p. 97-107.

La « distraction » dont parle Walter Benjamin est confondue avec la « distraction » érigée par Siegfried Kracauer en un genre de consommation cinématographique particulièrement condamnable du fait de la « soumission à l'autorité » qu'elle peut induire subrepticement chez ses habitués. L'œuvre de Benjamin toute entière est, par ce biais, mise au service d'une dénonciation de la «production industrielle des biens culturels», et le spectateur distrait devient une figure du consommateur qui se prête, selon Adorno et Horkheimer à l'exploitation de son temps libre par le système capitaliste. Or, comme le confirme la lecture des différentes versions du texte de Walter Benjamin, le terme de distraction vise d'abord à caractériser l'usage réflexif que fait de ses sens le spectateur désireux de tirer plaisir de la fiction cinématographique.

Onomastique in Le cinema de Bruno Dumont

A l’instar de Roland Barthes, qui partait du principe que le nom propre est le « prince des signifiants », déclarant avoir pensé « que la réussite d’un roman tenait à la réussite de son onomastique », Dumont démontre à travers son oeuvre l’importance qu’il accorde à la désignation de ses personnages. En cela il se place comme légataire des auteurs de roman en vers, français, des xiie et xiiie siècles dans lesquels le jeu des « désignateurs » – au-delà donc du simple nom propre – « reflète, sélectionne et réoriente les enjeux principaux de l’intrigue ». Plus près de nous, Bruno Dumont émerge surtout comme héritier des romanciers du xixe siècle, pour qui l’onomaturgie – ou formation des anthroponymes – est un processus clef de la production romanesque.

Rêves éveillés, entropie et paradoxe de la reine rouge ( Le pouvoir ambigu du cinéma )

The cinema, as a media, includes a technology platform in constant evolution. The question is what is the driving force of this trend and if there is any direction. A theory of thermodynamics physics gives us a new angle on this question: extrapolating it to the cinema, we can forward the hypothesis that it is not the quality (variable cultural criterion) that determines the evolution of cinema, but its ability to reduce the entropy of its environment. Résumé : Le cinéma, en tant que média, comprend une forme technologique en constante évolution. La question est de savoir quel est le moteur de cette évolution et, implicitement, s'il y a une direction. Une théorie issue de la physique thermodynamique nous donne un angle inédit sur cette question : en l'extrapolant au cinéma, nous pouvons émettre l'hypothèse que ce n'est pas la qualité (critère culturel variable) qui détermine l'évolution du cinéma, mais sa capacité à réduire l'entropie de son contexte.

Alain Ulysse Tremblay, l’éveilleur d’esprits

Lurelu, 2014

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