Poétiques du texte francophone. Nouvelles approches (original) (raw)
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Pour une approche lacanienne du texte poétique
L’inconscio. Rivista Italiana di Filosofia e Psicoanalisi, 2018
This essay tries to propose and to indicate some guidelines for the development of a renewed Lacanian theory of the poetic text. Starting from the space reserved in Freud and in Lacan to the relationship between the unconscious and the language, we will try to demonstrate the interest of an approach to the text that considers its Symbolic part and, at the same time, its irreducible Real. The concepts of lettre and pas-tout, which relate to the question of feminine jouissance, will guide us in the elaboration of some principles for a critical approach that we will define with the formula of “analytical poetic”.
La poésie francophone contemporaine
Les grandes ruptures de la modernité • Le début du XX e siècle a été, pour la poésie française, une période de mutation, tant sur la forme que sur les thèmes abordés. Avec l'« esprit nouveau » prôné par Guillaume Apollinaire, on rompt avec la prosodie (rimes, métrique…) traditionnelle qu'avaient encore utilisée les poètes symbolistes de la fin du XIX e siècle (Verlaine, Rimbaud, Mallarmé). On supprime souvent la ponctuation, on emploie des vers libres, on invente des inscriptions typographiques et spatiales nouvelles (ex. : des calligrammes). Des aspects de la modernité (villes industrielles, trains et automobiles, électricité…) font irruption dans les poèmes. Les Villes tentaculaires du Belge Émile Verhaeren, Alcools du Français d'origine polonaise Guillaume Apollinaire, La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France du Suisse Blaise Cendrars témoignent du renouveau, non seulement de la poésie, mais de toute la vie artistique en France (peinture, musique, littérature) à la veille de la Première Guerre mondiale. • À la sortie des horreurs de la guerre, de nouvelles inflexions apparaissent dans le champ artistique, avec le mouvement Dada, né en Suisse, puis le Surréalisme, dont le chef de file fut André Breton. La remise en question des valeurs traditionnelles de la société bourgeoise française va ouvrir de nouvelles voies à la création poétique : importance donnée à l'expression de l'imaginaire et de l'inconscient hors du contrôle de la raison (par l'écriture automatique), éclatement des structures réglées de la langue, fabrication d'images fortes, voire provocatrices. • Même si, ensuite, tous les poètes ne poursuivent pas dans les registres esthétiques de la fulgurance et de l'onirisme, les ruptures de la modernité ont définitivement ouvert les portes de la liberté de création poétique aux générations qui suivront. Rythmes, images, figures, librement agencés, composent dorénavant l'arsenal dont disposent les poètes. Et ce sont ces armes que s'approprient, selon des modes très divers, les poètes francophones africains, antillais, malgaches, dans le contexte colonial d'abord, puis dans celui d'États indépendants, et en s'affirmant aujourd'hui dans un cadre mondialisé. L'affirmation d'une poésie noire francophone • De deux rencontres au début des années 1930 vont naître le mouvement de la « négritude » : d'abord entre le Martiniquais Aimé Césaire et le Guyanais Léon-Gontran Damas au lycée Schoelcher de Fort de France, puis de Césaire avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor au lycée Louis le Grand, à Paris. Pour ces jeunes gens, férus de littérature, qui ont tous fait leurs études en français, il s'agit de s'emparer de la langue du colonisateur pour affirmer une identité proprement négro-africaine, des valeurs culturelles propres aux Noirs du continent ou de la diaspora. • Aimé Césaire fait paraître en 1937, dans la revue Volontés, le Cahier d'un retour au pays natal, long poème en vers libres et en prose, oeuvre fondatrice de la négritude inspirée par un retour à la Martinique, où il a pris conscience du statut inégalitaire des Noirs, victimes du racisme et du colonialisme. Texte dénonciateur et révolté, c'est aussi un véritable manifeste poétique d'une grande puissance, nourri de métaphores hardies dans la lignée du surréalisme et où s'inventent des formes nouvelles. • Dans les revues qu'ils ont créées (L'Étudiant noir, Présence africaine, Revue du monde noir) et où sont publiés leurs premiers poèmes, les fondateurs de la négritude accueillent, entre autres, les Sénégalais David Diop et Birago Diop, les Malgaches Jean-Joseph Rabearivelo et Jacques Rabemanandjara, les Haïtiens Jacques Roumain et Léon Laleau, le Guadeloupéen Guy Tirolien… • En 1948, Senghor publie une Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, à l'occasion du centenaire de la Révolution de 1848 qui avait aboli définitivement l'esclavage et institué l'instruction gratuite et obligatoire dans les colonies. La préface du philosophe français Jean-Paul Sartre, intitulée « Orphée noir », rend hommage à « l'éminente dignité de la négritude » et en analyse l'importance littéraire mais aussi politique, alors que les mouvements pour l'indépendance des colonies s'affirment au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Engagement politique et éloge de la beauté • Les caractéristiques de cette poésie de la négritude sont ainsi mises en lumière : revendication d'une liberté fondée sur une identité propre, d'où l'affirmation du refus du statut colonial ; relation ambiguë avec la culture du colonisateur, et donc avec la langue française ; mémoire de l'esclavage, qui hante surtout les textes caribéens, mais affleure aussi dans la poésie continentale ; quête des racines, qu'il s'agit de mettre au jour dans les mots, les rythmes, les sonorités. Chez les poètes antillais, notamment, se déploie le thème de la recherche des origines africaines perdues, qu'il s'agit de retrouver pour échapper à la perte de soi que serait l'oubli du traumatisme de la traite. • À ces thématiques historiques et politiques s'ajoutent chez tous une glorification de la nature, une valorisation des rituels, des traditions, un éloge de la beauté de la vie humaine et des paysages, et un hommage fréquent à la beauté des femmes noires. Dans un entretien en 1962, Senghor définira ainsi ses thèmes d'inspiration : la terre africaine, le lignage, les morts, la vie des paysans, les contes, les légendes, les mythes de
FRA2210 - Poétiques modernes et contemporaines
2022
Dans Poétiques de la bande dessinée, Pierre Fresnault-Deruelle et Jacques Samson déplorent que « la bande dessinée souffre encore et malgré tout d'un déficit de prestige ». Souvent reléguée au rang de paralittérature ou rebaptisée « roman graphique » pour attirer un lectorat plus âgé, la bande dessinée peine en effet à se tailler une place comme objet d'étude et de savoir dans le monde universitaire. Les hypothèses pour expliquer cette mauvaise réception de la bande dessinée sont nombreuses; Thierry Groensteen propose par exemple que le rejet du neuvième art trouve ses racines dans l'hybridité du média, que certain•es qualifient de « bricolage dépourvu de noblesse et de vérité, constitutivement vulgaire et infantile ». Benoît Peeters, de son côté, souligne que les détracteur•trices de la BD confondent le média avec un genre, balayant du même coup toute la production bédéistique.
Théories poétiques néo-latines
2018
Les humanistes ont joue un role essentiel dans l’elaboration de la critique litteraire et la constitution de la poetique comme discipline distincte de la grammaire et de la rhetorique. Ils ont conditionne la reception des traites antiques, en particulier la Poetique d’Aristote et l’Art poetique d’Horace, et ont problematise des concepts appeles a une grande fortune, comme la mimesis, la catharsis, le decorum ou l’ut pictura poesis. Ils ont apporte des elements theoriques originaux, elabore des taxinomies generiques complexes et repense les systemes de classification des arts. Cette Anthologie offre une vision synthetique des textes theoriques latins en Europe, du Trecento a la fin du XVIe siecle. Elle presente les principaux penseurs et leur art poetique, analyse les notions clefs et propose un choix de textes emblematiques, edites, traduits et contextualises. Un bel outil de travail pour penser l’utilite de la poesie, la creation, l’histoire litteraire et les normes esthetiques.
Un ciel ou une geôle": poétiques de la province en Suisse francophone (XX<sup xmlns:m="http://www.w3.org/1998/Math/MathML" xmlns:mml="http: xmlns:xlink="e" title="undefined" rel="noopener noreferrer">http://www.w3.org/1999/xlink">e siècle) Jérôme Meizoz L'Meizoz Goncourt de la nouvelle en 1975, Roger Stéphane écrivit dans la presse franà §aise un article scandalisé contre le mauvais franà §ais de l'écrivaine, qui utilisait le mot "moque" plutôt que "morve"... A Armand Lanoux qui lui remet le prix, Corinna Bille déclare que la "francophonie" est un combat dans lequel, dit-elle, "nous sommes anti-parisiens" (Le Vrai Conte de ma vie 465).
L’écrivain francophone au coeur de la problématique de la langue d’écriture
La question de la textualité des langues dans l'écriture littéraire francophone se pose avec pertinence aujourd'hui. En effet, dans un contexte où l'écrivain africain se réclame d'une certaine appartenance aux biotopes linguistique, culturel et identitaire de son continent d'origine, il se trouve que la langue française (langue d'écriture et donc de publication), en contact avec sa langue maternelle (langue de pensée et d'inspiration), s'expose à une aventure conflictuelle assurée au sens même des préoccupations de la sociolinguistique. Ce contact s'accompagne de jeux et de phénomènes d'interpénétration, car le rendu du texte littéraire en français s'affiche être le lieu d'un dialogisme particulier où l'altérité, constitutive à l'écriture francophone, est incarnée par cet apport (in)conscient de la langue maternelle d'origine dans la composition, en français, du texte littéraire africain. Il y a bien lieu de réfléchir sur la nature de l'impact de la relation inter-identitaire qui prend place ici. 12 J'intègre cette phrase dans l'acception selon laquelle la langue, véhicule de pensée d'un peuple donné, élément fondamental d'extériorisation de l'intimité agissante d'une Pour ce qui constituera le cadre de mon propos dans cet 168 CLAUDE ÉRIC OWONO ZAMBO © Les Cahiers du GRELCEF. www.uwo.ca/french/grelcef/cahiers\_intro.htm N o 2. La Textualisation des langues dans les écritures francophones. Mai 2011
Editions des archives contemporaines eBooks, 2018
L'élément le plus influent de la doctrine de l'École de Prague est le concept saussurien de sémiologie ou science des signes : elle y a à peu près toujours conservé une place centrale. Dans la réflexion critique de Mukařovský sur la littérature, elle se présente sous l'espèce de deux notions ou concepts-clés : système et signification. La postulation d'un système de départ gouverné de manière autonome par ses propres principes, sans nécessairement que ceux qui participent à son fonctionnement se connaissent, détermine la façon dont Mukařovský conçoit le fonctionnement de l'histoire de l'art et l'évolution des différents genres artistiques, notamment l'histoire littéraire. Dans sa conception, la notion de structure comme ordonnancements en lien les uns avec les autres ou comme corrélations relativement stables joue en permanence un rôle fondamental. Se réclamant du formalisme russe et en polémique contre la méthode positiviste ou biographisante qui dominait l'histoire littéraire en Bohême dans les années 1920-1930, Mukařovský affirme l'autonomie de l'évolution dès sa thèse d'habilitation publiée sous le titre Máchův Máj. Estetická studie [Mai de Mácha : étude esthétique, 1928], dont nous proposons ici le début. Il entend étudier l'oeuvre en soi, c'est-à-dire affranchie de tous ses liens, en particulier vis-à-vis de l'auteur et de la réalité. Dans les travaux ultérieurs, cette conception de l'évolution littéraire se manifeste de manière répétée dans l'idée d'un déroulement de séries autonomes (structures), dont l'évolution est gouvernée par un ordre fixe et obéit à des lois. Dans son article « Sur la traduction en tchèque de Chklovski, Théorie de la prose » (1934), il esquisse l'idée d'une dynamique selon laquelle ces séries particulières pourraient agir les unes sur les autres. Cette idée suppose, outre leur recomposition, leur équilibre mutuel et par conséquent également le renouvellement d'une organisation fonctionnelle parfaite, c'est-à-dire d'un système. De manière semblable, dans son étude suivante, « La tradition de la forme » (1940), il affirme une conception de la forme de l'oeuvre où cette forme se développe elle-même d'après un principe interne qui lui est propre. En réponse à la question inévitable de savoir ce qui constitue ces principes internes et sur quelle base ils fonctionnent, Mukařovský renvoie à « l'inertie du système linguistique tchèque », c'est-à-dire de nouveau à un concept emprunté à Saussure. Une autre idée est également proche de la doctrine de Saussure : que se passe-t-il avec les formes (c'est-à-dire les apparences complexes) des oeuvres littéraires lorsqu'elles