Des errances croisées (original) (raw)

La circulation croisée

Gouvernement et action publique

Cet article s'intéresse aux circulations de modèles et autres « bonnes pratiques » de politique urbaine et à leur rôle dans la reconfiguration des rapports entre l'État et les villes. Il montre que l'intensification des circulations de pratiques, de savoirs et d'expériences dans les politiques urbaines ne peut être réduite à des dynamiques d'horizontalisation et de transnationalisation de l'action publique urbaine. Elle doit également être comprise au regard de la restructuration de l'État et de son intervention territoriale. En s'appuyant sur une analyse du Programme nationale de rénovation urbaine et du plan Ville durable, l'article souligne l'émergence d'un nouveau modèle de relations centre-périphérie fondé sur le repérage par l'État d'expériences locales « innovantes » ou « exemplaires », puis leur validation et promotion par la labellisation, l'inscription dans des répertoires de « bonnes pratiques » et autres formes de mise en visibilité. Ce modèle de circulation croisée permet à l'État de retrouver des capacités de mobilisation et d'orientation à distance des politiques menées localement, sans pour autant remettre en cause le mouvement de montée en puissance des villes.

À la croisée des destins

Ethnologie française, 2006

Partant du constat que, chez les compagnons du Tour de France, Marie-Madeleine occupe une place particulière parmi les saints patrons, l'auteur propose une analyse visant à établir la légitimité de sa position. La sainte pécheresse entretient en effet avec les hommes en devenir un rapport étroit. Les guidant sur les sentiers de la nature, Marie-Madeleine les initie, en tant que prostituée et en tant qu'ermite, à leur propre condition.

Le réseau des destins croisés

Revue D Histoire Des Chemins De Fer, 2002

Le réseau des destins croisés La grille est désormais entièrement couverte par les tarots et les récits. Toutes les cartes ont été retournées sur la table. Même mon histoire y est comprise, bien que je ne sache plus dire laquelle c'est, tant est serré l'entrelacement de toutes à la fois. En fait, la tâche de déchiffrer les histoires une à une m'a fait jusqu'à présent négliger la particularité la plus saillante de notre mode de narration, à savoir que chaque récit court à la rencontre d'un autre, et tandis qu'un des convives progresse sur sa lancée, un autre parti de l'autre bout avance en sens opposé, puisque les histoires racontées de gauche à droite ou de bas en haut peuvent aussi être lues de droite à gauche ou de haut en bas, et vice versa, si on tient compte du fait que les mêmes cartes, en se présentant dans un ordre différent, changent de sens, et que le même tarot sert dans le même temps à des narrateurs qui partent des quatre points cardinaux. Italo Calvino, Le Château des destins croisés. Ce n'est ni dans un château, ni dans une auberge que se rencontrent les personnes qui, entre 1883 et 1893, décident la construction d'une ligne de chemins de fer secondaires entre Castres et la partie tarnaise du Haut-Languedoc, la Montagne, mais, conformément aux termes des lois de 1865 et 1880, dans l'enceinte du conseil général. Nul sort n'est jeté qui réduit au silence et oblige ces élus à s'exprimer à l'aide de tarots, tels ceux subtilement mis en scène par Italo Calvino : les pages des délibérations du conseil général du Tarn, celles des journaux d'alors, les archives des Ponts et Chaussées bruissent d'un long débat, complexe parfois, houleux souvent. Nombre de monographies historiques consacrées à ces lignes secondaires dont le souvenir est toujours vivace font état de longues discussions au sein des conseils généraux pour arriver aux décisions qui devaient être à l'origine de l'impressionnant développement des voies ferrées d'intérêt local en France au tournant du XIX e et du XX e siècles. Aucune-ou presque-ne s'y attarde. L'histoire sociale et l'anthropologie des techniques, telle qu'elle est pratiquée par Thomas Hughes, Donald Mackenzie ou Bruno Latour 1 , par exemple, montrent la richesse qui se fait jour lorsque l'on suit pas à

Recherches croisees programme

La Dobrogea, porte d'entrée géographique naturelle de la Roumanie, est un territoire unique aux paysages multiples, depuis le delta du Danube, trésor exceptionnel de la biosphère, jusqu'aux changeantes collines de l'intérieur. La diversité des milieux, des peuplements et des cultures en font un territoire de passage, de brassage et de métissage. La Dobrogea regorge de ce fait d'une incroyable richesse de témoignages anciens concernant aussi bien des vestiges archéologiques (préhistoriques, grecs, gètes, romains, médiévaux…) que géologiques, paléontologiques avec les sites parmi les plus remarquables.

Des Chinoises � la crois�e des chemins

Apr�s-demain

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Du parcours nomade à l'errance : une figure de l'entre-deux

Parcours… le terme suscite d'emblée une image de mouvement, une trace, un chemin, déjà balisé ou dessiné en cours de route, une marche, un voyage ou une traversée. Transposée sur un plan plus général, en termes anthropologiques par exemple, l'idée de parcours évoque le nomadisme et renvoie ainsi au temps des origines, ou aux tribus de plus en plus rares qui arpentent encore la planète. Du nomadisme à l'errance, il n'y a qu'un pas, semble-t-il, mais ce pas est lourdement chargé de sens. Le dictionnaire lui-même fait du nomade et de l'errant des synonymes 1. Pourtant, à y regarder de près, la conception de l'espace sous-jacente à ces deux êtres du mouvement diffère grandement. Le premier sait où il va, il suit un tracé déjà connu, ou en partie, un itinéraire conservé dans la mémoire de la tribu; il connaît l'environnement et y trouve des repères facilement, des signes qui lui permettent de continuer son chemin. Le parcours nomade est tributaire des ressources, de la présence d'îles, de forêts ou d'oasis, de la végétation ou de la force des vents, des puits ou des courants, des habitudes aussi, qui sont fortement ancrées dans la mémoire des communautés. Le second, au contraire, ignore encore où ses pas le mèneront; soit il est en fuite, et dans ce cas le moment marquant de son parcours est le point de départ, ce lieu qui reviendra

Regards croisés, regards présents

Revue numérique Agôn, Ecole nationale supérieure de Lyon. , 2014

Troisième Bureau réunit des artistes, comédien(ne)s, metteur(e)s en scène, auteur/trices, mais également des amoureux du théâtre et de la lecture, enseignant(e)s, universitaires, acteur/trices du milieu culturel.Le point commun est la lecture, d’abord silencieuse, personnelle, puis celle à voix haute qu’on partage, qu’on écoute, qu’on discute. Le comité est là pour cela : de découvertes enthousiasmantes en joutes verbales, Troisième Bureau mitonne chaque année une sélection de textes de théâtre contemporain, souvent inédits. La rencontre entre auteur(e)s, qui clôture les soirées, ainsi que les tables rondes organisées en amont des lectures offrent aux festivaliers un réel temps d’échange avec ceux qui font le théâtre aujourd’hui. Comme l’année dernière, nous avons choisi de donner la parole aux membres du comité pour parler de leur coup de cœur, de quoi donner un aperçu des soirées du festival.

La croisade

Communio, 2017

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L'intersectionnalité contre l'intersection

La notion d’intersectionnalité est-elle condamnée à faire partie du problème qu’elle décrit ? Le terme a permis de mettre en lumière la façon dont les systèmes de représentation de certaines catégories dominées, tant dans le droit que dans les mouvements sociaux, construisaient leur appréhension des discriminations à partir des cas particuliers des moins démunis au sein des catégories victimes, rendant la position de certaines minorités artificiellement plus complexes et juridiquement plus insaisissables. Loin de faire pléonasme avec l’idée d’intersection, à laquelle on la réduit souvent, l’intersectionnalité en porte donc la déconstruction critique. Cet article propose d’analyser les processus sociaux qui construisent certains cas comme simples et d’autres comme compliqués et de rendre compte des contraintes objectives qui en découlent pour les groupes et individus considérés. Dans un premier temps, il revient sur l’histoire des théories de l’intersectionnalité comme critiques de la hiérarchie de la représentativité au sein des mouvements sociaux et des catégories de la jurisprudence antidiscrimination. Dans un deuxième temps, il examine les questions suscitées par ces théories dans l’espace propre des sciences sociales lorsqu’elles cherchent à décrire des situations concrètes dans le langage de l’intersectionnalité. Enfin, il revient à la question politique pour examiner les débats soulevés par la perspective d’un programme normatif intersectionnel, notamment si ce dernier était constitué en impératif universaliste de prise en compte permanente de toutes les dominations. Intersectionality against intersection Is the notion of intersectionality doomed to being part of the problem it identifies? Intersectionality theory was not developed to merely point at intersections but to capture subject positions made invisible by dominant systems of normative representation. It shined the spotlight on processes that reduce disadvantaged population groups to the particular experience of the least oppressed among category members, making other members appear as if they were at the intersection with another group. Thus, rather than dividing between complex and simple oppressions, intersectionality theory invites us to undo the intersectional metaphor and problematize every subject position as complex. Yet, abstract categories and asymmetrical constructions of complexity carry real-life challenges for the individuals and groups concerned. But how can these challenges be described in the language of intersectionality without reinforcing the asymmetry? The article examines this conundrum both in the social scientific sphere of analytic description and in the normative sphere of political strategizing. We first briefly trace the history of intersectionality theory as a critique of hierarchies of representativeness both in social movements and in antidiscrimination jurisprudence. Second, we examine the social scientific challenge of describing concrete situations in the language of intersectionality without attributing intersections to the groups affected by them. Finally, we return to politics by examining the limits of turning intersectionality, originally a critique of political domination, into a positive political program, in particular if the latter would take the form of a universalistic imperative for all emancipation movements to give the same priority to all issues all the time.