Le texte argumentatif et les marqueurs de relation (original) (raw)
1994, Le texte argumentatif et les marqueurs de relation
Cette étude porte sur la maîtrise des marqueurs de relation en compréhension et en rédaction des textes argumentatifs. Nous avons comparé les performances de 21 élèves sourds et de 52 élèves entendants des niveaux secondaire IV et collégial 1 et 2. Nous avons mis au point un enseignement modulaire programmé inspiré de la pédagogie de la maîtrise portant sur les principaux marqueurs de négation (non, ne… pas, ni… ni…), d’implication (donc, si… alors, …) et de cause (car, parce que,…). Nous avons pris des mesures en matière de compréhension de texte (l’épreuve originale Parer), de rédaction (l’épreuve originale Texdar), de niveau piagétien (l’épreuve des Coffrets) et d’autres mesures standard comme la fréquence d’erreur et la maturité syntaxique. Les épreuves originales mentionnées s’avèrent fidèles et valides. L’adaptation graphique du test des Coffrets s’avère très utile. Nous montrons également que la langue des signes québécoise (LSQ) est parfaitement capable de rendre diverses formes de la négation et de l’implication. Notre étude consiste à comparer les deux groupes et à tenter d’améliorer les performances des élèves en matière d’écriture argumentative. L’hypothèse principale stipule que les élèves auraient dû progresser grâce à ce programme, les élèves sourds peut-être un peu plus que les entendants. L’hypothèse principale est réfutée sur ses deux aspects. De telles améliorations sont lentes, car il faut compter sur une amélioration du traitement de décodage encodage et de construction des modèles mentaux appropriés aux fins de représenter et construire la macrostructure des textes. Nous avons cependant découvert que les élèves sourds se caractérisent par un écart négatif en matière de niveau piagétien (stade opératoire concret supérieur), de lecture et d’écriture. Nous montrons aussi que les entendants ont généralement atteint le stade opératoire formel inférieur et que leurs performances en lecture et en écriture, même si elles sont meilleures que celles des sourds, restent tout de même assez basses. Nous avons trouvé de nombreuses et significatives corrélations, notamment entre le niveau piagétien et les capacités de lecture et d’écriture argumentative. Comme l’importance de ces habiletés est très grande dans le succès des études supérieures, nous concluons qu’il faudrait élaborer un programme correctif à l’adresse des personnes sourdes, car leur progrès du secondaire au collégial, en matière de compréhension et de rédaction démontre leur capacité à atteindre le niveau requis sur les principaux indicateurs. Il faut aussi constater que les performances des élèves entendants sont bonnes en matière de réflexion propositionnelle, mais qu’elles laissent à désirer en matière de compréhension et de rédaction des textes argumentatifs. Nous faisons aussi état de nombreuses études convergentes avec la nôtre sur différents points : entre autres, celles de Deschênes concernant le rapport entre le niveau piagétien et les habiletés en lecture et écriture, celles de Noelting concernant la pensée formelle des élèves et celles de Dubuisson à propos des caractéristiques de la LSQ. En annexe, nous fournissons les éléments requis afin de comprendre les tests et méthodes d’analyse utilisés. Nous reproduisons le programme d’enseignement des marqueurs de relation et nous reproduisons quelques exemples de textes d’élèves corrigés avec la grille Texdar.