Hélène Belleau, Quand l’amour et l’État rendent aveugle. Le mythe du mariage automatique, Presses de l'Université du Québec, 2012 (original) (raw)
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Résumé Dans le débat sur la pertinence d’un encadrement légal de l’union libre, le législateur québécois a jusqu’à maintenant soutenu l’importance de préserver le libre choix des individus qui souhaitent vivre en dehors des cadres du mariage. Un tel argument repose sur quatre postulats quant au « choix » que font les couples lorsqu’ils prennent la décision de se marier ou non, postulats qui ne sont étayés par aucune étude empirique. En tenant compte du point de vue des couples sur la vie conjugale et à l’aide de notions de sociologie du droit telles l’internormativité, la conscience du droit et l’effectivité des lois, l’article montre que la décision des couples de se marier ou non repose en fait sur des motifs et des normes qui n’ont souvent rien de juridique, et que l’imposition d’un statut de « conjoint de fait » par les lois sociales et fiscales entretient la perception répandue mais erronée selon laquelle les conjoints de fait jouiraient, après quelques années de vie commune ou la naissance d’un enfant, d’un statut et d’une protection équivalents à ceux des couples mariés. Abstract In the debate over whether or not legislation is needed to regulate common-law marriage, Quebec lawmakers have so far maintained that it is important to preserve the free choice of individuals who wish to live together outside the institution of marriage. This position rests on four premises regarding the “choice” that couples make when they decide to marry or not – premises that are not based on any empirical findings. Taking into consideration the views of couples on married life and applying concepts from the sociology of law such as internormativity, legal consciousness and efficacy of legislation, this paper shows that the decision to marry or not is in fact founded on reasons and norms that often have no legal basis, and that the reference to “common-law” status in social and tax legislation perpetuates the widespread but mistaken belief that couples in common-law relationships, after living together for a few years or having a child together, enjoy a status or protection equivalent to that of married couples.
Canadian Journal of Women and the Law, 2015
Plusieurs pays ont réagi à l'augmentation des unions libres sur le plan juridique en présumant que les conjoints non mariés sont bien informés des droits et responsabilités qui les concernent et qu'ils prennent une décision éclairée. Cet article ébranle cette présomption en traitant de trois prépositions sous-jacentes. L'analyse de la littérature internationale montre (1) que les questions juridiques entrent rarement dans la décision des couples de se marier ou non; (2) que l'étendue des méconnaissances des lois et la nature des « erreurs » commises témoignent du fait que l'intuition juridique des citoyens s'appuie sur ce qu'ils croient refléter la réalité qui les entoure et ce qu'ils croient être juste ; et (3) que les conjoints évitent souvent d'anticiper la rupture, car le faire peut avoir un coût négatif très réel sur la relation conjugale elle-même. Une meilleure connaissance des lois ne conduirait donc pas nécessairement les conjoints à se p...
Réseaux, 2020
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François-Xavier Amherdt (éd.), Le mariage, quelle bonne nouvelle aujourd’hui ?
Cahiers Internationaux de Théologie Pratique, série "Actes" n° 13, en ligne : www.pastoralis.org, 2019
Le mariage sacramentel et indissoluble est-il encore une bonne nouvelle aujourd’hui ? Est-il toujours possible de s’engager pour toujours ? Quels parcours de préparation au mariage pertinents proposer dans ce sens ? Anticipant en quelque sorte le processus synodal voulu par le pape François (octobre 2014 et 2015), ayant conduit à l’exhortation apostolique Amoris laetitia, ce Cahier met en présence un regard anthropologique et trois points de vue théologiques sur la possibilité aujourd’hui de durer en couple et d’y percevoir encore une bonne nouvelle. Pour y contribuer pratiquement, s’y ajoutent deux présentations pastorales de parcours de préparation au mariage et de pastorale familiale (dans un diocèse de Suisse romande). Le cahier comprend des interventions de François-Xavier Amherdt, de François de Muizon, d’Alain Quilici, d’Anne et Marco Mayoraz et de Pierre-Yves Maillard.
Article S. Barth Marriage - La voie de l'amour électif... version définitive
Revue INTAMS, 2018
La vie de couple et de famille connaît depuis quarante-cinq ans de profondes mutations dans la sphère occidentale. A la faveur de la mondialisation, les modèles changent aussi dans les mégalopoles planétaires, voire des territoires plus reculés. Qu'on s'en désole ou qu'on s'en réjouisse, c'est là une réalité à prendre en compte pour un chercheur aujourd'hui, d'autant qu'elle s'inscrit dans une évolution quasi irréversible. Se contenter de la condamner de façon principielle se révèle de toute manière inopérant pour espérer rejoindre les couples actuels, devenus rétifs aux injonctions de toute nature. Trois raisons incitent de fait à s'y intéresser. 1. Invoquer un prétendu « âge d'or » de la conjugalité véritable face aux quêtes actuelles déforme la réalité. 2. Il faut prendre au sérieux leur vécu pour qu'un dialogue avec les couples de notre temps puisse s'engager. 3. Aider à ce que prenne chair au mieux le rêve de fonder une seule famille avec le même partenaire, qui est toujours celui du plus grand nombre à notre époque, a du sens. D'où le propos de notre thèse publiée chez LIT-Verlag dans la collection INTAMS studies 1. Appréhender le modèle actuel dominant, ou « couple électif », est une étape prioritaire, d'autant que, selon notre hypothèse, il est investi comme un lieu spirituel par nos contemporains. Dégager les traits de la « spiritualité coélective » qui en émane et y préside, un concept débordant les cadres traditionnels, est l'étape suivante. L'éclairage neuf qu'en reçoivent les couples, les Eglises et sociétés, et aussi la théologie transforme profondément la façon d'envisager la recherche interdisciplinaire dans ce champ. 1. Le « couple électif », un nouveau lieu spirituel Resituer historiquement notre approche est utile pour en saisir la nouveauté. 1.1 La construction de la notion de couple en Occident L'histoire du couple, même si elle reste à compléter, fait clairement apparaître en Occident le déploiement progressif de deux mouvements convergents. Le premier tend à conférer à la cellule conjugale une autonomie dans le corps social. Le second colore de manière intimement affective les relations qui s'y établissent entre conjoints, et, partant, avec les enfants qui en sont issus. Deux courants d'influences y contribuent principalement. Celui du droit gréco-romain et de l'Eglise valorise le mariage par consentement 1 S. BARTH, La voie de l'amour électif : une interpellation spirituelle pour notre temps, préface Ph. Bordeyne, Zürich, Ed. LIT-Verlag, collection INTAMS Studies, 2018.
Traduction automatique et biotraduction : le mariage forcé
Traduire, 2021
Lorsque le coup de tonnerre eclate, il est trop tard pour se boucher les oreilles.Sun Tzu, L’Art de la guerre (1078) Le modele neuronal et l’apprentissage profond en traduction automatique ont deja fait couler beaucoup d’encre, alors que la start-up allemande DeepL GmbH, sise a Cologne, n’a que quatre ans d’existence. Vis-a-vis de son service de traduction automatique gratuit et ultra-rapide, les traducteurs professionnels ont trois attitudes contradictoires : il y a tout d’abord les defaiti...