Vinciane Pirenne-Delforge, Gabriella Pironti, L'Héra de Zeus. Ennemie intime, épouse définitive (original) (raw)
2018, Kentron: revue du monde antique et de psychologie historique
Cet ensemble original et constructif d'études sur les liens protéiformes entre deux genres manifestement étanches, mais en réalité beaucoup plus proches qu'on ne pourrait le penser de prime abord, saura indubitablement donner au lecteur qui s'y intéresse, qu'il soit ou non familier de l'ancien roman, la matière nécessaire pour penser sous un jour nouveau les diverses caractéristiques de ce genre littéraire particulier, que Boileau, dans une lettre à Charles Perrault, qualifiait de « poèmes en prose que nous appelons romans ». Jérôme Bastick Vinciane pirenne-delforge, Gabriella pironti, L'Héra de Zeus. Ennemie intime, épouse définitive, paris, Les Belles Lettres (mondes anciens ; 3), 2016, 420 p. Cette étude très riche et très stimulante n'est pas une monographie sur la déesse Héra. Le but poursuivi par les auteurs, Vinciane Pirenne-Delforge (VPD) et Gabriella Pironti (GP), n'est pas de constituer un dossier de type encyclopédique sur la déesse en recensant de manière exhaustive toutes les sources textuelles et les données cultuelles concernant Héra, mais, à partir de celles d'entre elles qui permettent une interprétation fiable, d'essayer de comprendre la place que tient Héra parmi les dieux grecs. Et leur pari est réussi. Dès l'introduction, elles donnent un exemple des choix de sources qu'elles opèrent pour définir les rôles tenus par Héra. C'est ainsi qu'en comparant les informations tirées de la lecture de l'Hymne homérique à Héra et celles de la Porte de Zeus et d'Héra, à l'entrée de la cité de Thasos-sur le pilier de laquelle Zeus et Héra forment un couple-, on voit apparaître un lien manifeste entre l'image de l'épouse et celle de la souveraine, que l'on retrouve dans les épiclèses Teleia, « l'accomplie », et Basileia, « la reine », que porte Héra dans les cités grecques. Or, quel est le dieu Teleios et Basileus entre tous ? Zeus, le roi des dieux, son époux. VPD et GP décident donc d'étudier les modalités de fonctionnement du couple formé par Héra et Zeus, car c'est en cherchant à définir les relations d'Héra avec les autres dieux qu'il y a quelque chance de mettre au jour la dimension plurielle de cette divinité. Ce que montrent les sources étudiées, c'est qu'Héra est « souveraine », Basileia, cumulant les statuts d'épouse et de soeur de Zeus. Elle devrait donc connaître par sa naissance et son statut d'épouse du roi de l'Olympe une parfaite isotimia (« égalité des honneurs ») avec lui ; mais, trop souvent, elle est privée dans les textes d'une partie de ses honneurs, étant « une souveraine dont le rang n'est pas absolu, mais relatif à celui du dieu qu'elle côtoie » (p. 11). La présentation qui prédomine alors est celle d'une déesse en colère à la recherche de ses timai. Quelles sont donc les raisons de cette colère au sein du couple divin ? Il ne faut pas, avertissent les