La numérisation ou le grand sommeil du livre imprimé (original) (raw)

De la numérisation des revues à leur déconstruction numérique

2008

Les transformations de la sphère éditoriale scientifique sont à l'oeuvre avec vigueur, depuis le début des années 90 et elles sont loin d'être stabilisées. Le passage d'un mode d'édition « blanchi sous le papier » avec ses dispositifs de fabrication, (leur sociologie) de financement, de légitimation (critériologie de sélection scientifique) distribution, vers un mode éditorial numérique, hypertextuel complexe s'est accéléré depuis une dizaine d'années.

Du support analogique au document informatisé : les "désapports" de la numérisation

Notre étude porte l'accent spécifiquement sur les problèmes induits lors de la transmission et de l'acquisition des connaissances par l'utilisation des documents numériques dans les nouvelles modalités d'apprentissage, en comparaison avec les « anciens » documents inscrits sur les supports et les médias traditionnels (anciennes techniques analogiques). Nous procédons à une démarche systématique d'analyse de l'écrit, du son, des images fixes et des images animées, en nous appuyant aussi sur des travaux d'auteurs. Pour finir, une approche transversale à ces médias et recentrée sur le document numérique est proposée.

Creuser ou saillir le livre : deux approches de l'imprimé

Ma contribution au séminaire « matérialité et écriture » se propose d’examiner le cas de deux récents romans américains qui interrogent le rapport entre récit et matérialité à travers deux approches radicalement différentes : l’un (Tree of Codes de Jonathan Safran Foer, 2010) par l’exploration du creux, et l’autre (S. de Doug Dorst, 2013) en offrant au lecteur un texte en relief, à la fois réel et fantasmé. L’ouvrage de Jonathan Safran Foer, transformation d’un recueil de nouvelles de Bruno Schulz, se situe à la frontière entre livre d’artiste et récit littéraire, tant sa forme répond avant tout à une motivation extra-diégétique : outre une volonté de pousser les possibilités de l’imprimé dans leurs retranchements, il s’agit également d’évoquer l’extermination des juifs pendant la seconde guerre mondiale, extermination dont fut victime Shulz et qui entraina la disparition de la plus grande partie de son œuvre. Pour autant, Trees of Codes, un livre dont les pages sont physiquement évidées de la majorité de leurs mots, contient bien un récit dont la diégèse fait ici et là allusion au manque qui la constitue. De la même façon, les personnages de S. de Doug Dorst font fréquemment allusion à la matière proliférante que représente le livre qui les contient. L’impression de relief est ici double : d’une part parce qu’entre les pages du livre à proprement parler sont glissés de multiples artefacts contenant eux-mêmes de l’écriture (cartes postales, feuilles volantes, serviettes en papier…), et d’autre part parce que les marges du récit principal sont couvertes par le dialogue instauré entre deux lecteurs intra-diégétiques qui commentent l’ouvrage que le lecteur a entre les mains. Au vertige métaleptique répond donc la multiplicité des formes du livre, contenu dans un coffret comme pour mieux souligner sa tridimensionnalité. Du creux au relief, de l’extra-diégétique à l’intra-diégétique, je tenterai donc de mettre en regard ces deux ouvrages afin d’esquisser un panorama des ressources dont le livre imprimé dispose aujourd’hui pour exhiber sa matérialité et en faire le centre de son discours.

Livre numérique accessible et numérisation de masse à la BnF : retour d'expérience

court -Pour une meilleure diffusion des contenus numériques, la BnF a choisi le format EPUB dans le cadre de ses programmes de numérisation, et en particulier la version 3 qui lui a permis d'améliorer l'accessibilité des contenus numériques. Deux ans après ce choix, quels sont les enseignements à tirer de sa mise en oeuvre à grande échelle ?

La numérisation de la ville et ses représentations

Magazine des Cultures Digitales, 2014

Cet article interroge les manières dont les technologies du numérique modifient les représentations de cette ville informationnelle, connectée et communicante, cette « ville numérique ». Elle peut être représentée de nombreuses manières, à l'image de solutions de cartographies en ligne (comme Google Maps) ou encore de modèles en trois dimensions (3D). Ces derniers peuvent être de véritables maquettes numériques de la ville ou bien des supports pour des activités ludiques, comme les jeux vidéo. Or, la manière de représenter la ville, de la mettre en scène, en deux ou trois dimensions, de façon statique ou dynamique, interactive ou non, "dit" des choses sur elle. C'est ce que nous allons par exemple présenter au travers de la figure de la Smart City ou « ville intelligente », et des manières dont elle est représentée.

Le livre numérique augmenté au regard du livre imprimé.pdf

Cet article se propose d’explorer, à travers deux oeuvres de fiction sous la forme du livre numérique « enrichi » (ou « augmenté »), les « tiraillements sémiotiques » et les imaginaires du livre et de la lecture qui sous-tendent la conception de ce nouveau bien culturel. La méthodologie articule une approche empirique et une approche sémiotique, en mettant en relation discours et positions d’acteurs (éditeurs et auteurs), recueillis lors d’entretiens semi-directifs, avec l’analyse des caractéristiques de l’énonciation éditoriale. L’article examine comment, dans le livre numérique, les pages-écrans à lire, à regarder et à manipuler présentent des formes et des figures de la lecture, qui anticipent et modélisent des pratiques potentielles, au croisement de l’héritage de l’imprimé et des spécificités du texte numérique.

L’Apparition du livre : archéologie d’un livre imprimé

Le Verger, 2021

Si la question d'histoire moderne mise au programme de l'agrégation en 2020 relève de toute évidence de l'histoire du livre, l'intitulé et l'argumentaire qui l'accompagne semblent inviter à minimiser la place du livre au sein d'un vaste ensemble d'imprimés. Les occurrences du terme sont rares, l'une noyée dans une liste à la Prévert qui mêle des genres, des formes et des objets divers (« textes et images, livres et placards, images pieuses et déclarations officielles, pamphlets, almanachs, abécédaires, quittances, règlements, sentences de justice, aussi bien que poèmes, journaux, récits de voyages, partitions de musique et ouvrages de science »), les autres servant de complément du nom au spectre large (« hommes du livre », « un puissant marché du livre à l'échelle européenne »). C'est l'imprimé, « traditionnellement considéré comme l'un des grands phénomènes inaugurant les Temps modernes », qui se trouve placé au centre de la réflexion : c'est lui qui induit « une révolution de la communication » ; c'est de lui qu'il s'agit de faire « une histoire totale » ; c'est « tout un monde des imprimés » qu'il s'agit de saisir. Le livre n'est qu'un « des objets produits au moyen de cette technique [l'imprimerie] ». Par ailleurs, si l'argumentaire renvoie explicitement aux « ouvrages fondateurs d'Henri-Jean Martin et d'Elizabeth Eisenstein », il n'est pas aussi aisé qu'il n'y paraît de prime abord d'en déterminer les références exactes. Tout semble désigner, sous le nom d'Elizabeth Eisenstein, La Révolution de l'imprimé dans l'Europe des premiers temps modernes (1991), traduction française de The Printing Revolution in Early Modern Europe (1983). Toutefois, la publication de 1983 est en fait une version remaniée et abrégée, quoique enrichie d'illustrations, d'un livre en deux volumes publié en 1979, The Printing Press as an Agent of Change. Communications and cultural transformations in early modern Europe qui, lui, n'a pas été traduit et a suscité de vives réactions critiques 2. Quant à Henri-Jean Martin, on songe spontanément à L'Apparition du livre, publication dont on fait aujourd'hui l'acte fondateur de « l'histoire du livre », ou de la « nouvelle histoire du livre », ou encore de « l'école française d'histoire du livre ». Toutefois, Martin en partage l'autorité avec Lucien Febvre. Serait-ce à dire qu'il s'agit plutôt de sa thèse monumentale, soutenue et publiée en 1969, Livre, pouvoirs et société à Paris au XVII e siècle ? Cette thèse en deux forts volumes prit place dans une série inaugurée trois ans plus tôt chez Droz et qui portait le même titre que la direction d'étude de Martin à l'EPHE, « Histoire et civilisation du 4