Chèvre des champs ou chèvre des villes ? Sélection et élevage caprins dans l’entre-deux-guerres (original) (raw)
2007, Ruralia Sciences Sociales Et Mondes Ruraux Contemporains
Chèvre des champs ou chèvre des villes ? Sélection et élevage caprins dans l'... Ruralia, 20 | 2007 L'embourgeoisement de la « vache du pauvre » : Joseph Crépin et la chèvre nourrice Comme leurs maris, les femmes nobles ou de grands propriétaires terriens se mettent à sélectionner. Leur souci n'est pas tant d'améliorer la production agricole, que d'ordre d'esthétique et est également motivé par un attrait pour les races exotiques 6. La Société d'acclimatation accompagne cette passion pour les chèvres exotiques, tout en cherchant aussi, conformément aux voeux de son fondateur, à en faire un animal utile 7. Tout au long du 19 e siècle, il s'agit de croiser les races communes avec des chèvres « à poils », afin de fournir des matières première à l'industrie textile. À la fin du 19 e siècle, les aptitudes laitières de la chèvre commencent également à être encouragées. La chèvre y gagne une nouvelle utilité : celle d'« animal nourrisseur de délicats ». Elle se trouve, en effet, au centre des débats sur la mortalité infantile et l'approvisionnement en lait des villes. Elle participe du débat sur l'hygiénisme social 8. Plusieurs personnages accompagnent ce changement : Jenny Nattan, une riche héritière, et surtout Joseph Crépin, souvent dénommé « l'apôtre de la chèvre ». Les nobles dames et la chèvre : de l'esthétisme au social Jenny Nattan, que l'on peut qualifier d'« aventurière de la chèvre », rédige vers 1935 un livre consacré à l'animal (La chèvre et ses produits), édité à la Maison rustique et largement diffusé 9. On y retrouve des thèmes chers à la Société d'acclimatation, mais aussi des conseils sur la manière d'acheter une chèvre, de la nourrir, etc. L'auteur raconte également comment lui est venue sa passion pour les chèvres. Petite-fille du joaillier du roi d'Espagne et fille de joaillière parisienne, elle avait, enfant, une « ferme miniature ». Des amis lui rapportèrent un jour des chèvres naines du Sénégal. Jeune fille, elle voyagea avec sa mère dans le Golfe persique pour chercher des perles et y rencontra les chèvres angoras : « L'angora a la blancheur des pasteurs qui ont su la sélectionner ; elle me parut un joujou échappé de la hotte du bonhomme Noël ». Elle n'eut de cesse, dès lors, de rapporter des chèvres de ses voyages en Orient. Ce qui lui valut la grande médaille Chèvre des champs ou chèvre des villes ? Sélection et élevage caprins dans l'...