Produire et consommer dans l'arrière-pays colonial de Lugudunum et de Vienne : étude de cas (original) (raw)
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Produire et consommer dans l’arrière‐pays colonial de Lugdunum et de Vienne : étude de cas
In : Xavier Deru et Ricardo González Villaescusa (dir.) – Consommer dans les campagnes de la Gaule romaine, Actes du Xe congrès de l’Association AGER. Revue du Nord, Hors série. Collection Art et Archéologie, N° 21. Université Charles-de-Gaulle Lille 3, 2014.
The villa in Saint-Laurent-d'Agny/Goiffieux is a testimony to consumption patterns from the late Iron Age to the 3rd century. It is built at the time of the Triumvirate along the italic fashion: it demonstrates in the Augustan period an improvement in the construction techniques and in comfort, but the rupture is far more radical in its third phase when the complex undergoes a thorough reconstruction around a peristyle. In this state, the architectural ornementation includes Mediterranean marble veneer as well as mosaics and painted walls. This conspicuous consumption can also be observed through the furnishing (marble labrum), small finds, bronzes, imported pottery and in diet (animal bones, carpology). Later on, the transformation of the villa emphasizes its economic infrastructure. In the regional context, the site must understood through its relationship with the two colonial poles on which it relied, Lugdunum and Vienna.
michel KasPrzyK, sylvie mouton-venault 38 Ayala, 1998, fig. 26, n° 68. 39 Comme pour le n° 16, qui semble dater du VII e s. (FaureBoucharlat, 2001, p. 232, , n° 2), cette présence intrusive pourrait s'expliquer par le fait qu'un mur du haut Moyen Âge recoupe la fosse ici étudiée. 40 Respectivement les formes Pernon 21, Rigoir 3 ou Chenet 314.
L’état des sources archéologiques et littéraires relatives à une production de vin sur le territoire de Lugdunum a longtemps pâti du retard des recherches consacrées aux campagnes de l’arrière-pays lyonnais. La fouille en cours d’une grande villa palatiale située sur ce territoire vient combler cette lacune. Elle a mis au jour les traces d’un vignoble, d’installations de foulage et de pressurage utilisés sur plus de trois siècles, entre le milieu du ier s. av. J.-C. et la fin du iiie s. apr. J.-C. Cette exploitation se distingue par sa mise en place précoce, contemporaine de la fondation coloniale à la fin de la République, qui désigne la région comme une tête de pont de l’introduction des techniques de viti- et viniculture en Gaule tempérée. Elle atteint, dans sa phase la plus évoluée, un volume de production adapté à une commercialisation à grande échelle et un statut comparable à celui des grands domaines de Narbonnaise. Ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives de recherche et permettent de réexaminer sous un nouveau jour certaines mentions textuelles, les vestiges de cuves ou les restes palyno- et carpologiques attestés en contexte de villae, ou encore, le dossier des amphores lyonnaises, associées jusqu’à présent à la redistribution du vin importé en vrac.
Le concept de « consommation » est vague et suspect. Vague, il l’est tout d’abord dans la classification dichotomique des sites par beaucoup d’archéologues qui distinguent « sites de production » d’une part, et d’autre part, « sites de consommation », c’est-à-dire tout le reste: aussi bien les sites d’habitat ruraux, des agglomérations, des sanctuaires ou des nécropoles. Ensuite, « société de consommation », « consumérisme » sont souvent employés dans un sens péjoratif. La consommation étant perçue soit comme une bouillie culturelle lorsqu’elle est de masse, soit comme un moyen d’exclusion, de distinction quand elle est aux mains des élites. S’il est vrai que notre « société de consommation » n’est pas comparable aux sociétés de l’Antiquité, une réflexion sur « la » société de consommation peut nous aider à comprendre la « consommation », donc la production depuis un autre point de vue, certes, moins habituel, de l’Antiquité.