Produire et consommer dans l’arrière-pays colonial de Lugdunum et de Vienne : étude de cas (original) (raw)

Le « vin du Triumvir » à Lyon. Témoignages archéologiques et littéraires d’une production de vin sur le territoire colonial de Lugdunum

L’état des sources archéologiques et littéraires relatives à une production de vin sur le territoire de Lugdunum a longtemps pâti du retard des recherches consacrées aux campagnes de l’arrière-pays lyonnais. La fouille en cours d’une grande villa palatiale située sur ce territoire vient combler cette lacune. Elle a mis au jour les traces d’un vignoble, d’installations de foulage et de pressurage utilisés sur plus de trois siècles, entre le milieu du ier s. av. J.-C. et la fin du iiie s. apr. J.-C. Cette exploitation se distingue par sa mise en place précoce, contemporaine de la fondation coloniale à la fin de la République, qui désigne la région comme une tête de pont de l’introduction des techniques de viti- et viniculture en Gaule tempérée. Elle atteint, dans sa phase la plus évoluée, un volume de production adapté à une commercialisation à grande échelle et un statut comparable à celui des grands domaines de Narbonnaise. Ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives de recherche et permettent de réexaminer sous un nouveau jour certaines mentions textuelles, les vestiges de cuves ou les restes palyno- et carpologiques attestés en contexte de villae, ou encore, le dossier des amphores lyonnaises, associées jusqu’à présent à la redistribution du vin importé en vrac.

Quelques contextes de consommation tardifs de l'est de la Gaule Lyonnaise, principalement chez les Éduens

michel KasPrzyK, sylvie mouton-venault 38 Ayala, 1998, fig. 26, n° 68. 39 Comme pour le n° 16, qui semble dater du VII e s. (FaureBoucharlat, 2001, p. 232, , n° 2), cette présence intrusive pourrait s'expliquer par le fait qu'un mur du haut Moyen Âge recoupe la fosse ici étudiée. 40 Respectivement les formes Pernon 21, Rigoir 3 ou Chenet 314.

Xavier Deru, Ricardo González Villaescusa (dir.), Consommer dans les campagnes de la Gaule romaine, Actes du Xe congrès de l’Association AGER. Revue du Nord, Hors série. Collection Art et Archéologie, N° 21. Université Charles-de-Gaulle Lille 3, 2014.

Le concept de « consommation » est vague et suspect. Vague, il l’est tout d’abord dans la classification dichotomique des sites par beaucoup d’archéologues qui distinguent « sites de production » d’une part, et d’autre part, « sites de consommation », c’est-à-dire tout le reste: aussi bien les sites d’habitat ruraux, des agglomérations, des sanctuaires ou des nécropoles. Ensuite, « société de consommation », « consumérisme » sont souvent employés dans un sens péjoratif. La consommation étant perçue soit comme une bouillie culturelle lorsqu’elle est de masse, soit comme un moyen d’exclusion, de distinction quand elle est aux mains des élites. S’il est vrai que notre « société de consommation » n’est pas comparable aux sociétés de l’Antiquité, une réflexion sur « la » société de consommation peut nous aider à comprendre la « consommation », donc la production depuis un autre point de vue, certes, moins habituel, de l’Antiquité.