L’invisible du visible (original) (raw)
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1998
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Arts et sciences, 2022
La lumière de l'invisible ? The lights of the invisible? Bertrand Nouailles 1 1 Agrégé et docteur en philosophie, membre associé au PHIER (Philosophie et Rationalité, Université Clermont Auvergne). RÉSUMÉ. Si la vue, du point de vue évolutif, est devenue le sens premier pour l'homme, elle a aussi été un schème pour penser l'activité de l'esprit. Depuis au moins la philosophie grecque, penser est compris comme un voir. Comment alors accorder un statut intelligible à l'invisible ? Cet article a un double objet : d'une part il interroge le rapport que la pensée pourrait avoir avec l'invisible et le statut ontologique donné à ce dernier ; d'autre part il s'intéresse aux possibilités d'appréhender la pensée autrement que comme une vision. ABSTRACT. If sight, from the evolutionary point of view, has become the primary sense for mankind, it also has been a scheme to think the activity of the mind. At least since greak philosophy, thinking is judged such as seeing. Then, how can we give an intelligible status to the invisible? This article has a double purpose: first to interrogate the potential link between thought and invisible, as well the ontological status of the invisible; secondly it takes an interest in how to understand thinking otherwise than as viewing. MOTS-CLÉS. Descola, Image, invisible, Platon, surréalisme, vérité, visible.
2018
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1995
Le regard invisible carl havelange chercheur qualifié au F.N.R.S. Qu'est-ce qu'un historien peut bien être venu faire dans cette assemblée de théoriciens? La communauté scientifique à laquelle il appartient se dit en général rétive à la théorie. Et lorsque malgré tout un problème plus théorique ou plus spéculatif leur est posé, les historiens adoptent l'attitude du lapin de Lewis Caroll: ils passent en courant et en disant à haute voix: "Oh, là, là! Oh, là, là! Je vais être en retard!". En retard pour quel rendez-vous? Mais celui de la contingence, bien sûr, et des choses telles qu'elles se donnent à voir; là, tout au fond du terrier, dans la poussière des archives et des bibliothèques, là où le temps s'est déposé en couches généreuses et où l'historien n'a qu'à puiser pour en ressortir les mains pleines de ces témoignages du passé qui figurent à chaque fois l'irréductible spécificité de manières d'être et de faire, aujourd'hui définitivement révolues. Ne faisons pas la science des historiens plus pauvre, plus sommaire ou plus naïve qu'elle ne l'est: leur "théorie négative" pourrait-on dire comme il y eut une théologie négative, les amène souvent à poser de bonnes questions et dynamise leur capacité effective d'invention. Reconnaissons cependant leur réticence quasi viscérale à quitter la sphère du concret, de l'explicite, du contingent, donc, et à recourir à tel mode de pensée qui les obligerait à prendre distance par rapport à la positivité, à la littéralité des documents dont ils traitent. "Pas d'histoire sans document", dit un adage de la critique historique. Qui en doutera? Mais ce respect du document peut devenir une triste prison lorsqu'il implique la disqualification de toute lecture du passé qui n'en suivrait Compiègne (25 janvier 1995)-2 servilement le cours et de tout objet qui n'en serait pas comme le reflet immédiat. Ainsi la question que je posais au départ peut-elle être posée d'une autre manière et se retourner, en quelque sorte, contre celui qui la posait: qu'est-ce qu'un historien peut faire d'un objet aussi improbable que le regard ou la perception visuelle? D'un objet, écrivait Merleau-Ponty, dont la familiarité "nous laisse muets sur elle tant elle est aveuglante". Que pourrait en dire un historien, redoublant en quelque sorte l'absence ou le silence actuel de tout regard de son enfouissement dans le passé? Quelle vanité peut l'y conduire ou quelle distorsion des formes traditionnelles de l'histoire? A l'aide de quels documents, et au prix de quelle coupable liberté prise à leur endroit, se prétendra-t-il en mesure d'expliquer quelque chose? C'est à ces questions que je voudrais tenter d'apporter quelques éléments de réponse, en procédant en deux temps. En vous présentant, tout d'abord, très sommairement, les lignes de forces, l'architecture "empirique" d'une recherche que j'ai entreprise sur l'histoire culturelle de l'oeil et du regard à l'époque moderne. En tentant, dans un deuxième temps, et puisque, j'en ai la conviction, le sujet l'impose, de quitter la fleur des textes et de donner à ces premiers résultats un sens, une portée peut être plus générale Nous partirons, somme toute, d'une histoire des représentations du regard, pour ensuite interroger, plus ouvertement, ce que ces représentations du regard représentent en effet de l'objet qu'elles donnent à voir.
« L’oeil ne se voit pas voir »
Philosophiques, 2015
Johann Georg Sulzer participe d’une tradition allemande et wolffienne qui conjugue réflexion épistémologique et esthétique. L’originalité de Sulzer au sein de cette tradition consiste à développer un nouveau modèle de la connaissance comme contemplation (qewrei`n, speculatio). Selon ce modèle spéculatif qui emprunte des éléments à l’esthétique de Du Bos, la distance et l’extériorité du spectateur par rapport à son objet est loin d’être le réquisit d’une bonne vision. Celle-ci dépend tout au contraire de l’appartenance du spectateur au monde qu’il contemple, de sa réceptivité, de sa sensibilité et de son humanité. Car l’âme ne peut déployer son activité de pensée qu’à condition de s’attacher d’abord à son objet : un tel attachement est la condition de son détachement. La mise en place de ce nouveau modèle spéculatif répond à l’injonction de Mérian qui est de repenser la conscience ou l’aperception à partir d’un sentiment a posteriori. Car « l’oeil ne se voit pas voir » (Mérian), et l...
Thaêtre, 2018
Dans le champ des arts de la scène, le mot énergie est paradoxalement incontournable : souvent spontanément utilisé par de nombreux praticiens, chercheurs et critiques pour qualifier une réalité sensible que la langue peine à saisir, il est par là même suspecté de n'être qu'un mot-valise désuet et teinté de mysticisme, que l’on gagne donc à exclure des usages. C’est précisément la persistance et la résistance du terme qui nous confronte à l’urgence de l’étudier : en proposant un protocole de recherche à même de confronter visions, vocabulaires et pratiques de l'énergie, il s’agit de rendre au terme sa richesse et son potentiel opératoire pour une pensée des pratiques et processus de création. Travailler à l'étudiabilité de l'énergie consiste donc pour nous à hisser cette notion hors des limbes, hors de la confortable (?) fange que constitue son aura aux atours mystiques, afin de lui rendre un vocabulaire pour la dire, des concepts pour l'étudier, des pratiques pour la travailler. « L’invisible en jeu », dans la veine de l’anthropologie écologique – c’est-à-dire incarnée et située – développée par Tim Ingold, fait du corps du chercheur-praticien le creuset et l’outil d’une recherche qui ne distinguerait pas « la matérialité des sens » de « l’idéalité du sens », pour reprendre les termes d’un autre anthropologue, François Laplantine.
Atelier Médicis website, 2020
Avec ce nouvel exercice de conversation, réalisé dans le cadre de ma résidence d’écriture aux Ateliers Médicis à Clichy-sous-Bois (banlieue de Paris), et qui fait écho à celui que j’avais produit avec Joachim Ben Yacoub en 2019 (Variations Décoloniales), je tente de poursuivre mon exploration critiques des pratiques artistiques et culturelles aux marges des institutions, ici dans le contexte d’une banlieue populaire. En parcourant les mangroves de formes culturelles de faible intensité, fragiles et sans nom, je tente d’opposer quelques motifs à la stratégie de mise en spectacle des corps minoritaires et à leur consumation. Et je reviens aussi sur un récit possible de mon propre parcours qui m’amène à examiner les formes de la veillée.