L'émergence de l'espace perspectif. Effets de croyance et de connaissance (original) (raw)

Imperception. Au-delà du débat perspectivisme vs théories de l'esprit locales

Terrain, 2024

Since 2012, there has been an epistemological dispute between Aparecida Vilaça and Tanya Luhrmann over the status to be accorded to the invisible. In this article, we defend the idea that this kind of debate is best rendered if approached from the category of "imperception": by this we mean the relationship we maintain to what others perceive but we do not perceive ourselves, while attributing to it an important sense of presence.

Croire et connaître, la dimension cognitive de la foi à la lumière de R. Pouivet

Croire et connaître sont-ils à opposer ? Pas nécessairement, au contraire. L'épistémologie des croyances religieuses, notamment chrétiennes, de Roger Pouivet permet de mettre au jour une dimension cognitive irréductible à la foi. Avoir la foi, c'est aussi croire certaines choses comme vraies, et y croire légitimement, et partant, être assuré de connaître quelque-chose.

L'espace, une quête philosophique ?

Sens public

Exploit technologique et médiatique, la première expédition humaine sur la Lune stupéfia l’humanité. Cette aventure avait beau être un épisode de guerre froide, elle capta l’attention universelle, inspirant le sentiment d’un progrès qui prolongeait les rêves mythologiques comme en témoigne le mot d’Armstrong « Un petit pas pour l’Homme, un grand pas pour l’humanité ». Parce qu’elle s’enracine au plus profond du désir humain, la conquête spatiale n’est pas seulement une prouesse technique, mais comporte une part d’imaginaire. Au moment où l’espace est saturé de satellites en tous genres, que reste-t-il aujourd’hui de nos rêves ? Comment comprendre ce besoin d’espace qui nous attire vers l’horizon ? Quelle expérience cherche-t-on lorsque nous partons à la conquête de l’espace ? Pourquoi nous tourner vers un ailleurs ?

Le perspectivisme est-il une « théorie de l’esprit locale » ?

L'Homme, 2021

Dans cet article, nous discutons la pertinence d’une interprétation psychosociale de la notion de « perspectivisme ». Nous nous focalisons sur l’hypothèse, formulée par Aparecida Vilaça dans le cadre d’un projet dirigé par Tanya Luhrmann, selon laquelle le perspectivisme peut être entendu comme une « théorie de l’esprit locale ». Nous évaluons ainsi l’idée qu’il existerait des variations socioculturelles de la capacité à endosser le point de vue d’autrui (ou perspective-taking). Dans une première partie, nous comparons trois approches distinctes : la définition du perspectivisme comme « métaphysique » développée par Eduardo Viveiros de Castro ; l’approche du perspective-taking entendue comme une capacité universellement partagée dans le cadre de la psychologie cognitive ; la thèse avancée par Shali Wu et Boaz Keysar, pour lesquels il existe un effet de la culture sur la prise de perspective. Dans une seconde partie, nous postulons qu’une redéfinition du perspective-taking comme une compétence socialement structurée (et non comme une métaphysique locale ou une capacité universelle) permet une articulation prometteuse entre psychologie et anthropologie en faisant du perspectivisme un cadre ethnopsychologique global. Nous exemplifions alors cette idée en la confrontant à certains modèles récents dans le champ de l’ethnologie (comme la théorie de l’opacité de l’esprit d’autrui).

Foi et connaissance: De l'inversion du regard comme condition d'accès au réel tel qu'il est (dans la vérité de son être)

L'interrogation concernant l'incidence de la foi (religieuse) sur la connaissance (philosophique et scientifique) de la réalité —mais aussi l'inverse— me semble être aujourd'hui plus que jamais urgente et à double titre : en tant qu'aporie épistémologique concernant le cadre herméneutique d'une approche à la "vérité" ultime du réel (dans son être même), mais aussi en tant que question historiale concernant, si je puis dire, le sens ontologique attribué à l' "être" même du réel (dans sa vérité ultime). A cette interrogation, en soi complexe j'essaierai de porter ici une contribution indirecte en esquissant une élucidation critique de ceux qui semblent être les présupposées herméneutiques sous-jacents à une certaine manière de poser une question critique : "raison ou/et foi ?" ce qui revient à "hellénisme ou/et christianisme ?"

Conscience, espace et réalité

Les Cahiers philosophiques de Strasbourg, 2010

Le statut des données phénoménales des états conscients S'il est bien une chose devenue si naturelle et évidente que, l'habitude aidant, nous n'y accordons que peu d'attention en temps normal, c'est cette capacité que nous avons tous de faire l'expérience d'un environnement spatial et de ressentir notre propre présence située à l'intérieur de cet environnement, à travers des états conscients impliquant des données sensorielles. Dans l'analyse que nous nous proposons de mener ici, nous nous focaliserons de manière spécifique sur ce que nous estimons constituer les bases des états conscients à la fois dans l'ordre de l'évolution phylogénétique et du développement ontogénétique, à savoir : les états sensoriels conscients. en français, le terme de « conscience » peut désigner une grande variété d'états, mais en anglais il existe des termes unitaires distincts pour désigner la conscience comme simple état d'éveil noncomateux (wakefulness), la conscience comme vigilance attentionnelle sélective (awareness), la conscience comme expérience qualitative brute avant l'intervention de jugements épistémiques (sentience), la conscience comme capacité à former des jugements épistémiques (sapience), etc… nous nous intéresserons ici aux états conscients les plus basiques et donc

Croyance et élaboration du sens. Quelles conséquences pour la sociolinguistique et pour les sciences humaines ?

Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - Inria, 2016

Dans le champ des sciences humaines, la notion de croyance est pertinente dans les processus d’élaboration de connaissances. Il ne s’agit pas de s’inscrire dans l’opposition classique entre la foi (religieuse) et le « savoir » caractéristique des sciences objectives, qui fonde prioritairement le sens sur des aspects sémiotiques. Cette contribution vise à problématiser un croire différent, « originaire » (Romano, 2010), qui valorise plutôt la sensibilité et l’expérience du monde comme fondement du sens. Il repose sur des perspectives phénoménologiques et herméneutiques (Merleau-Ponty, 1947 et 1964 ; Romano, 2010) qui postulent le rapport fondamental, la participation immédiate de l’homme au monde comme condition du sens. Privilégier cette forme de croyance revient à valoriser le régime de la réception, vu que le sens est reçu d’expériences du monde. Le sens apparaît donc comme un phénomène pré-linguistique dont certains aspects peuvent être mis en signes, mais bien après la compréhension. Cette posture consiste à ramer à contre-courant des approches dominantes en sociolinguistique, puisqu’il s’agit alors de postuler des « langues » (sans signes) comme processus qui s’élaborent sous l’angle poïétique.

L'illusion. Lieux et places dans les mondes intéro et extéroceptifs

Cette étude se concentre sur l’illusion comme objet sémiotique. L’intérêt pour ce sujet part d’une problématique quotidienne rencontrée dans les métiers de la création: la conception d’univers fictionnels. Il s’emblerait qu’aujourd’hui, qu’il s’agisse d’univers de marque, de campagnes publicitaires ou même d’œuvres artistiques, ces univers tendent à se construire sur plusieurs médias qui, d’une manière ou d’une autre, se complètent pour mieux englober son audience. Nous sommes convaincus que les nouvelles technologies et plus précisément leurs modes d’interaction (sonore, visuel, tactile,…) jouent - ou ont joué - un rôle décisif dans l’apparition de ces nouvelles formes d’expressions immersives. Tout porte à croire qu’elles ont réactualisé un vieux fantasme telle l’hypotypose d’hier, où l’énonciation sous certaines formes, permettrait à l’audience de vivre le texte plutôt que de le lire. Dans cette perspective, quoi mieux que l’illusion pourrait substituer une réalité factice à la vérité ?