Voyage au pays de l'anarchie: Un itinéraire : l'utopie (original) (raw)

Filmer l'utopie. Retour sur "Allers-Retours à la Terre"

Etudes rurales, 2017

Cet article revient sur la réalisation, il y a vingt ans, d’un documentaire consacré à plusieurs familles de néo-ruraux installées dans la Creuse. Allers-Retours à la Terre est un film qui traite de la transmission, à travers les trajectoires sociales des enfants de ces néo-ruraux qui accédaient alors à l’âge adulte. Vingt ans après, l’évolution du regard sur le legs idéologique des utopies inspirées par mai 68, ainsi que l’évolution de mon propre regard de chercheur, m'invitent à réexaminer ce film et l’enquête qui l’a nourri, guidé par les propositions stimulantes du concept de « revisite ethnographique ». This article tells about the making of a documentary film dedicated to the « back to the land » phenomena in rural France (in Creuse, Limousin region). Allers-retours à la terre (« Back and Forth to the Land) is a film about familial transmission, and tells about the trajectories of the children of this movement from the 1970’s, who were then becoming adults. Twenty years later, our perception, but also the realities of this utopian movement fuled by May 68, have deeply changed. The article reexamines the film and the fieldwork which supported it, inspired by Michael Burawoy’s concept of «ethnographic revisits».

L'archipel d'un autre pays. Repenser l'utopie aujourd'hui

2020

En 2020, une pratique spatiale rebelle est toujours d’une brûlante actualité. Les dix dernières années ont, en effet, été marquées par la politisation croissante de certains lieux : zones à défendre, places publiques et, plus récemment, ronds-points. Pourtant, à défaut d’une attention à ces derniers, c’est bien plutôt une demande programmatique qui a été exprimée. La singularité de ces manifestations politiques s’est ainsi retrouvée encodée dans ce qu’on pourrait nommer « le répertoire politique moderne », lui-même indexé à la question d’un devenir, résumé par la sentencieuse interrogation : « Et après ? ». Un prisme aveuglant, qui a contribué à marginaliser l’importance et la signifiance de ces expériences ; comme s’il n’en restait rien, au prétexte qu’elles paraissaient figées dans l’éphémère. De la même manière, le recours à « l’occupation », comme moyen privilégié de l’agir politique, par-delà la diversité sociologique des participants, l’hétérogénéité des revendications et les différences d’habitus militants, n’a pas été suffisamment exploré. [...] Pourquoi, en effet, occuper des lieux ? Ce travail entend montrer en quoi l'occupation pourrait relever d'un geste utopique, manifestant un "désir d'habitation" et appelant à repenser la topographie même de l'utopie.

Littérature, communauté et utopie : esquisse d'une lecture anarchiste

Known mostly for its social critique, for its preaching of insurgency or for its so-called utopian imagining of the future stateless communities, anarchism has always been involved in the literary and theoretical discussions of its time. It should be of no surprise then that anarchism has developed with and out of its extremely prolific literary production. Of course, we cannot speak of literary anarchism as of one unitary or coherent body of work. However, we can speak of it in the sense of a deleuzian minor literature. The study tries to illustrate, on one hand, the specific understanding that anarchism has regarding literature as a method and as an ethic engagement; and, also, its understanding of literature in relation to community. The examples are taken mainly from 19th century French anarchist literature and critique. The paper does not aim to an exhaustive presentation, but rather wishes to formulate some possible further research directions. On the other hand, using some of the concepts presented by Jean-Luc Nancy concerning community and literature, we propose a reading of anarchist theory and literature, underlining the possible contact and translation points with Nancy’s perspective and direction of thought.

La question de l'utopie chez Campanella : y a-t-il des terres inconnues ?

Les dizaines d'ouvrages écrits par Campanella sont souvent rabattus sur un opuscule de quelques dizaines de feuillets, ce "dialogue poétique" que l'on classe dans le "genre", postulé de l' "utopie". On tentera de montrer dans cette contribution comment Campanella articule en fait dans sa pensée politique une vision très "européenne" de l'histoire du monde avec la reprise de l'héritage européen de pensée universaliste transmis tout au long du Moyen Age. La tension utopique serait dans une telle perspective une tentative (vaine pour l'essentiel) de trouver un espace qui rende compte de cette contradiction: tenter de composer des tendances centrifuges et une volonté d'affirmation centripète. L'utopie pourrait être analysée comme une solution proposant une sorte de "fuite hors d'Europe", toute provisoire, comme un aveu de la difficulté à parler à partir d'un autre point de vue, la seule possibilité sans doute d'échapper à un déterminisme topologique ; non pas un discours totalitaire, mais un discours modeste qui intègre sa propre fragilité. On pourrait dès lors entreprendre de revisiter l'oeuvre de Campanella à partir d'une étude des territoires d'une politique mondiale. S'il existe une pensée politique de Campanella qui n'est pas réductible à son opuscule utopique, c'est justement parce qu'il tente de penser tout ensemble la pluralité des territoires et l'unité du monde de son temps d'une façon originale, après Colomb et Machiavel mais pas nécessairement contre eux . L'enjeu est l'existence d'une world history qui tienne compte de la réalité des rapports de force et de la politique de puissance, bref d'une pensée pré-westphalienne et pré-coloniale où l'unité du monde reste un horizon et un enjeu, tragique mais réel, sans pour autant qu'elle ne se fonde seulement sur la guerre de conquête. Le problème majeur devient donc dans cette logique celui des territoires des hommes, de la multiplication et de l'unité de ces derniers. La solution privilégiée pour dépasser l'aporie d'une multiplication unitaire c'est bien de "mettre en communication", c'est-à-dire à la fois de mettre en relation et de mettre ensemble. Sur ces territoires peut donc se déployer la liberté humaine dans toutes ses contradictions: infinité de la création et finitude du monde "découvert" depuis peu, destin voulu par la divinité et possibilité d'y déroger, histoire infinie des hommes et histoire singulière, unique, de chaque personne, aspiration à une mise en communauté absolue et harmonisation des possessions individuelles.

L'utopie: du réel au possible

Dans L'idéologie et l'utopie, Ricoeur repense le rapport, hérité de Mannheim, entre ces deux concepts. L'objectif de notre contribution est de montrer que le concept d'utopie procède d'une reconstruction de la philosophie de l'imagination chez Ricoeur dont la méthode est parente de la phénoménologie. Notre argumentation s'articule en trois temps. Dans un premier temps, notre attention se concentre sur la convergence entre Mannheim et Ricoeur: l'attitude déviante par rapport à la réalité que génère l'utopie comme neutralisation, au sens phénoménologique du terme. Dans un second temps, nous insisterons sur la critique que Ricoeur adresse à la sociologie de Mannheim qui privilégie la réalité au détriment de la fiction, au risque de faire disparaitre l'utopie. Enfin, sur fond de cette divergence, nous chercherons à montrer l'importance, chez Ricoeur, d'une phénoménologie génétique pour repenser la place constituante de l'imagination productrice dans l'espace social. Abstract: In Lectures on Ideology and Utopia, Ricoeur rethinks the relationship posed by Mannheim between these two concepts. We defend that the concept of utopia in particular gives rise to a reconstruction of the philosophy of imagination in Ricoeur, whose method is related to phenomenology. Our argument will be articulated in three stages. First, our attention will be centered on the convergence between Mannheim and Ricoeur: the deviant attitude towards reality that utopia operates as a neutralization in the phenomenological sense. Second, we will show the aspect of the Ricoeurien analysis of the utopia that distinguished him from Mannheim: the Ricoeurien critique to the disappearance of the utopia and its fictional potential caused by the privilege, given by Mannheim's Sociology, to reality. Third, on the basics of this divergence, we will seek to show the importance, at Ricoeur, of a genetic phenomenology to rethink the constituent place of the productive imagination in the social space.

L'utopie au jour le jour

2020

Livre publié à l'Arbre Bleu en octobre 2020, 22 contributions sur l'histoire pratique des coopératives en Europe et en Amérique autour de trois thèmes (le travail, l'échec et la modernisation).