Quand le syndicat devient vecteur d’inégalités : les effets des clauses « orphelins » sur l’association syndicale (original) (raw)

Quand le droit conforte les stratégies syndicales reproduisant les arrangements institutionnels sources de discrimination systémique

Relations industrielles

Cet article présente un cas de mobilisation contre les discriminations systémiques envers des travailleuses procurant des services d’assistance aux personnes (en anglais, care-workers), en grande majorité Noires et Haïtiennes, qui occupent des emplois aux normes dégradées dans des agences de placement fournissant du personnel pour un seul organisme parapublic. À l’intersection des mutations en cours dans la gestion de la main-d’oeuvre et de la réorganisation de la prise en charge des services d’assistance aux personnes, ce cas est représentatif de la façon dont se redessinent les frontières de la relation d’emploi. Les travailleuses mobilisées étant syndiquées, il permet aussi d’explorer un éventail d’attitudes syndicales. Une stratégie syndicale prédomine : elle consiste à défendre ou gérer la négociation collective institutionnalisée. Elle est encouragée par un ensemble d’institutions qui produisent des constructions contradictoires des enjeux d’égalité et du problème des discrimi...

Pouvoir d’achat et salaire-poche : des revendications syndicales qui piègent la revendication.: Excursion dans l’imaginaire syndical contemporain

2018

Par Corinne Gobin, maître de recherche FNRS-ULB, sc. politiques Qui n'a lu dans un journal syndical ou entendu, lors d'un meeting de fin de manifestation, de la bouche d'un dirigeant syndical haranguant les foules, qu'il fallait se mobiliser et se battre pour l'augmentation du pouvoir d'achat ainsi que réclamer un meilleur salaire-poche ? Ces deux notions sont ancrées dans le même imaginaire politique et il est troublant de les entendre utilisées autant par des syndicalistes que par des personnalités politiques dont certaines sont issues de partis de droite. Elles font en effet partie d'un même système de pensée : l'imaginaire libéral devenu aujourd'hui hégémonique. Hégémonie qui se caractérise par le fait que ces notions paraissent à ce point évidentes, correspondant à une réalité « concrète », que même les syndicalistes n'en perçoivent plus les racines libérales. La notion de pouvoir d'achat hante depuis très longtemps et fort intensément le discours syndical belge. Prenons le simple exemple du « rubriquage » qu'opère la FGTB pour classer les thèmes abordés sur son site (www.fgtb.be) lorsque l'on y lance le moteur de recherche sur l'expression pouvoir d'achat. Elle indique le nombre d'articles correspondant à ce thème 1. Et cette notion est utilisée comme étant un des fers de lance de la revendication syndicale : « La FGTB appelle le gouvernement Michel à changer de cap maintenant ! Pour de bons emplois pour tout le monde, un meilleur pouvoir d'achat, une fiscalité équitable. » 2

Comment changer? Quelques pistes de réflexion d’un point de vue syndical

Ad machina, 2023

Droits d'auteur Ce document est en libre accès, ce qui signifie que le lectorat a accès gratuitement à son contenu. Toutefois, cette oeuvre est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution (CC BY NC). Résumé (250 mots) De nouvelles opportunités s'offrent au mouvement syndical. La rareté de la main-d'oeuvre et la situation économique (inflation) procurent une conjoncture favorable aux organisations syndicales leur permettant de regagner du terrain perdu. De plus, outre la récente décision de la Cour d'appel du Québec concernant les travailleurs et travailleuses étudiants d'ABI-qui reconnait que ceux-ci ne peuvent pas être payés moins pour accomplir des tâches équivalentes-de récents changements législatifs rendent plus difficiles l'adoption de clauses de disparité de traitement et commandent l'obligation d'une rémunération équivalente pour les travailleurs et travailleuses d'agence. Reconnaissant la nécessité du changement organisationnel, thématique de ce numéro, pour les différentes parties prenantes du monde du travail, les auteur.es posent alors cette question : comment les organisations syndicales pourraient saisir l'occasion qui se présente? Dit autrement, comment pourraient-elles contribuer à réduire la précarité en emploi tout en assurant la pérennité des organisations ? Après cinq décennies de « vent de face », les astres sont alignés pour que le mouvement syndical reprenne l'offensive et travaille à renverser la vapeur de la précarisation du travail, Pour se faire, il faut sortir du carcan de leur corporatisme syndical, et surtout ne pas « surfer » sur la satisfaction des membres. Il faut au contraire des actions d'éducation, de mobilisation et de sécurisation, afin de contrer la précarisation du marché du travail. Cette conjoncture favorable doit aussi bénéficier aux travailleurs et travailleuses précaires, une telle opportunité ne se représentera pas souvent!

La cartellisation des partenaires sociaux français : L’exemple de la réforme du financement syndical

2018

Avec leurs homologues patronaux, les syndicalistes professionnels forment un cartel au sens ou l’on parle des « partis de cartel ». Ces organisations luttent entre elles pour la conquete du pouvoir mais elles sont d’accord pour rendre quasiment impossible la creation de nouveaux syndicats. Elles se partagent les ressources publiques et institutionnelles et sont d’accord pour maintenir leurs attributions, leurs ressources et leur controle sur de tres nombreux organismes paritaires. En 2014, elles ont fait instituer une taxe sur les salaires dont elles se partagent le produit sans avoir a rendre compte de l’utilisation de ces sommes. Cette taxe est leur principale ressource bien avant les cotisations des adherents dont les effectifs sont en diminution constante. Ce systeme permet une deregulation discrete des relations professionnelles francaises mais comporte un risque evident de corruption.