Penser les futurs des ruralités françaises (original) (raw)
Depuis 2010, l’INSEE ne propose plus de catégorie d’« espace rural ». Tous les zonages sont raisonnés en fonction de l’intensité des relations aux villes : 61,5 millions de personnes, soit 92 % de la population, vivent aujourd’hui sous l’influence de la ville, selon des modes et des styles de vie urbains. L’intensité des relations entre les villes et les campagnes est devenue déterminante de leur condition et de leur développement. Elle interroge profondément la nature du « monde rural ». Comment, dans ces conditions, mettre en perspective un objet qui n’existe plus, si ce n’est dans la catégorie des « communes isolées » ? Certes, la prospective ne consiste pas à prévoir le futur, qui nous est inconnu. Gaston Berger (1959) en fait le support d’une vision lointaine et large. Elle est « un regard qu’on jette sur le passé, puisque de ce côté-là, il n’y a plus rien à faire. C’est un projet que l’on forme pour l’avenir, car là des possibilités sont ouvertes ». En construisant des représentations, la prospective permet de dépasser la complexité des situations, et de les inscrire dans un projet plus vaste, au cœur duquel prospective et stratégie sont indissociables, à l’heure des profondes transitions à venir. De par les incertitudes qui y sont associées, son intérêt est d’ouvrir le débat dans le périlleux exercice de construction de projets de territoire. Au travers du présent papier, nous interrogerons l’histoire de la prospective en milieu rural, puis nous réfléchirons aux conditions qui permettraient de penser les futurs des ruralités françaises…