Nabila Oulebsir, Les usages du patrimoine: monuments, musées et politique coloniale en Algérie (1830-1930) (original) (raw)
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L'héritage architectural colonial Possession et patrimonialisation contestées Cas de l'Algérie
AMJAU African and Mediterranean Journal of Architecture and Urbanism, 2020
L'héritage colonial ne cesse de se développer en une branche du domaine de conservation et de mise en valeur tant au plan scientifique qu'en pratique de sauvegarde. Cependant, son statut présente une problématique aigue du fait de son appartenance controversée. La diversité de son appellation; «patrimoine partagé », « patrimoine d'Outre-mer », « patrimoine du XIX-XX ème siècles » contournant le terme colonial (ICOMOS 2007, 41) 1 en vue d'obtenir des aides financières, surtout des pays ex-colonisateurs, n'a pas empêché la continuation des débats académiques et politiques houleux sur la nature de sa possession et son statut. L'article présente d'abord la problématique de sa patrimonialisation qui fait face à la mémoire anticoloniale et à sa possession contestée, et analyse les champs de confrontation à la lumière de sa présence sémantique et de sa valeur d'usage. Au plan pratique. Il vise à établir une approche binaire basée sur la sémiotique et l'utilité, et cela en vue de l'encadrement de la pensée académique d'une part, et des opérations de sauvegarde d'autre part.
L’art en France à la croisée des cultures, Heidelberg: arthistoricum.net, 2023 (Passages online, Band 8, 2023
22 dessins modernes, 112 dessins anciens et 188 peintures d'artistes européens auxquelles s'ajoutent 3 oeuvres prêtées pour l'exposition d'art français à Tokyo, en transit à Paris au moment du déplacement des oeuvres d'Alger vers la métropole. 3 Lettre du 18 mai 1962 de Pierre Dussaule, sous-directeur des Beaux-Arts à l'attention de Monsieur Thuiller, cote : 20150044/221, [DMF/1/75], Archives Nationales, Pierrefite. Il est mentionné que ce départ des collections a reçu l'aval « des autorités du Haut commissariat (M. Tricot) et de l'exécutif provisoire (M. Chentouf) ». 4 Musée du Louvre, Château de Versailles, Musée d'art moderne, etc. 5 Dons Fréderic Lung, Baron Arthur Chassériau, etc. Émilie Goudal, « Patrimoine critique et modernité en partage ? Retours de la collection du Musée des Beaux-arts d'Alger (1962-1969) », dans Kirchner, Laks et Zabunyan (ed.), L'art en
Etude architecturale et historique numérisation du patrimoine en Tunisie
2018
Le travail porte sur l’etude et l’analyse des Domus, un patrimoine architectural datant de la periode romaine en Tunisie. Cette recherche aborde les questions de l’inventorisation du patrimoine a l’intersection des plusieurs champs : analyse architecturale, structuration et classification. Les objectifs de la recherche sont orientes vers la caracterisation de l’architecture romaine par une procedure de reconnaissance, identification et modelisation. Cet article souhaite presenter deux parties principales. Une premiere etape qui concerne l’inventaire architectural des Domus de la Tunisie romaine. Cette partie adapte une methode d’intervention operatoire consistant a une identification du bâti patrimonial de l’etude. La deuxieme partie aborde les questions relatives a l’analyse formelle de la typologie visant a definir des caracteristiques comparables.
Le rapport profane à l'héritage bâti de la période de la colonisation française en Algérie
La question de la reconnaissance patrimoniale ne dépend pas seulement d'institutions, de valeurs et de législation ; elle est aussi, sans doute, une affaire de société, de profanes. La présente communication traite de la question du rapport de la population locale à un héritage de la période coloniale française en Algérie ; le cas de l'hôtel de ville de Kherrata. Le village de Kerrata, ancien centre de colonisation créé en 1876 ; fut élevé au rang d'une commune de plein exercice en 1948 et se fait construire son hôtel de ville entre 1951-1954 par deux architectes actifs durant la période coloniale en l'occurrence : lathuillière et di Martino. Aujourd'hui, le village est devenu une ville de plus de 36000 habitants en pleine dynamique urbaine et entreprend entre autres la construction d'une nouvelle mairie, dont l'accessibilité n'est devenue possible qu'après mutilation d'une partie de l'ancien hôtel de ville. D'après Khaled (2009), l'hôtel de ville en question est perçu auprès de la population locale de l'époque comme un symbole de fierté « les habitants s'enorgueillissaient d'avoir le plus bel hôtel de ville du pays. En effet, l'admirable architecture de la mairie, très moderne, édifiée au centre du village, dégageait une sorte de grandeur qui donnait à la population l'agréable impression d'être en avance sur son temps ». De ce fait, nous nous posons les questions suivantes : quel rapport entretient la population avec l'ancien hôtel de ville ? Garde-t-elle la même image d'antan ? Quel est son rapport au reste des bâtiments de l'époque coloniale ? Autant de questions auxquelles la communication apporte des éléments de réponse. La méthodologie choisie combine étude architecturale et urbaine avec une enquête sociologique effectuée par le biais du questionnaire sur un échantillon aléatoire simple de 100 habitants. Par ailleurs, le croisement de certains indicateurs a permis d'enrichir le débat sur la question, sinon la problématique du "patrimoine colonial" d'une manière générale.
2023
Les écrits des dernières décades sur la production architecturale en Algérie, après l’indépendance en 1962, ont laissé transparaître un niveau d’insatisfaction global sur ses niveaux de références culturelles et stylistiques. A cet égard, la prolifération systématique de quelques modèles d’architecture qui demeurent étrangers aux caractères particuliers de notre patrimoine historique, avait impulsé une confusion et une hétérogénéité dans la dialectique : ancien / nouveau. La rupture de la continuité historique se manifestait souvent par des logiques d’implantation et des typologies architecturales, accentuant ainsi le fossé entre l’existant et le nouveau projet. En Algérie ; la crise de l’architecture ressentie jusqu’à nos jours, fut déterminée tantôt par une adoption passéiste des stéréotypes stylistiques nationaux, tantôt engendrée par une réflexion trop abstraite déterminée par une importation de modèles occidentaux –alibi à la modernité- plutôt que reflet d’une histoire, d’une culture et des besoins des utilisateurs. Aujourd’hui, à l’aube du troisième millénaire, l’architecture des nouveaux projets d’architecture en Algérie demeure à cheval entre deux positions : celle de la fidélité aux anciennes formes de l’histoire, et celle de la volonté d’emboîter le pas aux nouvelles technologies du bâtiment et du numérique. Le soulèvement d’un certain nombre de questions dans le cadre de cette journée d’étude sur l’architecture des bâtiments, leurs configurations urbaines ou leurs références stylistiques, tendra à apporter à travers notre bilan critique, quelques éléments de débat sur les possibilités de construire aujourd’hui, en étant attentifs aux patrimoines historiques comme aux façons de vivre. Cette conviction nous oblige à discerner dorénavant, dans l’analyse du patrimoine histori¬que national les références patrimoniales, devant intégrer l’architecture algérienne du troisième millénaire ; qui s’affiche à consonance de “globalisation”.
At first undertaken for emergency reasons, the appropriation and confiscation of real estate in Algiers rapidly became one of the main issues for the French high command in the colony. Initially made without any juridical framework or unified procedure, the transfer of real estate gave rise to the norms of public action in a confused and empirical manner. It leads to questioning the ways in which a colonial government elaborates and legitimes its field of prerogatives. At the same time, the precocious development of a private property market, partly characterized by speculative purchase under the pressure of new European buyers, led them to claim the supremacy of the market both against the arbitrary power of the high command and against the previous ways of possession. Analysing local practices and debates therefore enable us to understand how the issue of real estate became a central factor in redefining the prerogatives of the colonial authorities and, furthermore, in the evolution of the liberal thought in France. Most of the actors of this process referred to liberalism to legitimize their action. The experience of the Algerian case was hence used in forging of a pragmatic liberalism, which aimed to justify a differencialist and arbitrary conception of the law in favour of the “useful” settlers and against forms of collective property and religious endowments. It permits thus to reexam the roles of the State and the market and the way in which colonisation influenced the liberal thought.
L'Année du Maghreb, 2018
La question de la reconnaissance patrimoniale ne dépend pas seulement des institutions et de la législation, mais aussi de la société. Le présent article traite de la question du rapport de la population locale à un héritage de la période coloniale française, à savoir l’hôtel de ville d’une petite agglomération algérienne située au nord-est du pays : Kherrata (Bejaia). Il entend, de ce fait, alimenter la réflexion scientifique sur la question de la patrimonialisation de ce cadre bâti. Quel rapport entretient la population avec l’hôtel de ville d’architecture coloniale ? Quel est son rapport aux autres bâtiments de l’époque coloniale ? Comment avec le temps se construisent les représentations sociales du bâti colonial ? À ces questions, le présent travail apporte des éléments de réponse et cherche à ouvrir la réflexion sur le rapport ordinaire des populations au bâti colonial. La méthodologie choisie combine la connaissance architecturale et urbaine de la ville avec un questionnaire destiné à comprendre les représentations que se fait la population de ce bâti comme objet patrimonial.
2014
Département d'Architecture ans le précédant numéros de Campus, nous avions présenté le projet « Euromed Heritage II, Patrimoines partagés » auquel a participé l'équipe de recherche du département d'architecture de l'UMMTO. Nous revenons aujourd'hui plus en détail sur l'une des contributions au projet « Patrimoines partagés ». Cette contribution qui a fait l'objet d'une publication 3 , a abordé la question de la connaissance et de la reconnaissance du patrimoine architectural et urbain des XIX et XX siècles en Algérie. Elle s'est donnée comme objectif d'explorer l'évolution historique de la pratique de sauvegarde de ce patrimoine, les instruments juridiques dont s'est doté le pays, le rôle des différents acteurs dans la pratique de gestion et de protection du patrimoine et la place consacrée à la période XIX et XX è. siècles. Représentation par excellence d'une altérité, cet héritage est aussi le vestige d'une période délicate de l'histoire du pays. En effet, même si la valeur d'usage qui lui est associée est largement admise, la question de la reconnaissance patrimoniale reste toujours posée. Au cours des dernières années, la négligence, la surexploitation, les transformations anarchiques et une succession malheureuse de catastrophes naturelles 4 ont gravement altéré ou partiellement détruit ce patrimoine. Même si des tentatives de réhabilitation sont entreprises çà et là, l'absence de méthodologie et de savoir-faire font parfois peser sur son devenir, de sérieuses menaces. Il serait toutefois injuste d'affirmer que s'agissant du patrimoine traditionnel il en est autrement. Même si dans ce cas, des statuts de «patrimoine national » ou même «universel » sont accordés; dans la pratique, loin d'être suffisantes, ces mesures restent encore sans effets ; le cas de la Casbah d'Alger est probablement l'exemple le plus révélateur.