Des corps� et la mort objet (original) (raw)

Corps vivants – Corps morts

2013

Nous savons depuis le Surveiller et punir de Foucault que le traitement inflige au corps represente une cle fondamentale pour la comprehension de l'evolution du champ penal depuis le Moyen Âge jusqu'a l'epoque industrielle. Ainsi c'est en analysant les changements qui sont intervenus dans le traitement du corps du condamne que le philosophe a demontre la transformation paradigmatique de la penalite des pays occidentaux, qui est passee d'une penalite du supplice visant a detruire le corps du condamne a une penalite de la correction visant a reeduquer le delinquant en l'isolant pour le punir et en le placant sous surveillance: cette visee correctrice donnant finalement naissance aux systemes carceraux modernes entendus par Foucault comme des « technologies politiques des corps », et dont le principe (base sur le modele de la colonie penitentiaire) sera largement diffuse dans le monde a partir du milieu du XIXe siecle. Or, le traitement inflige aux corps des pri...

La personne, le corps, la mort

Le Récit de la mort, 2004

Cette contribution s’attache à éclairer le caractère impersonnel de cet événement unique qu’est le « mourir » et d’en exposer le dire dans la langue. Ce caractère impersonnel du « mourir » se révèle pleinement dans la syntaxe, dès lors qu’il s’agit de rapporter un grand nombre de morts lors d’une épidémie ou d’une catastrophe. La construction impersonnelle survient, qui rend compte de la mort comme d’un « phénomène », traité de la même façon qu’un phénomène « météorologique » (il meurt chaque jour tant d’enfants dans le monde / il pleut beaucoup en Bretagne). La mort comme phénomène « impersonnel » l’emporte alors sur le pluriel des morts « particulières ». L’attribution de la mort « accomplie » suppose d’autre part qu’il y ait une personne déterminée, un corps déterminé sur lequel l’attribuer : « il est mort », « er ist gestorben » ; la structure impersonnelle survient pour la mort « sans nombre » des chroniques médiévales : « il y a eu de nombreux morts », « es hat viel gestorben » versus « 2327 personnes sont mortes », « es sind 2327 personen gestorben ». Il est enfin le cas extrême qu’est le dire de l’impossible mort, dans les camps d’extermination nazis, et dont le récit de Robert Anthelme témoigne. Pour qu’elle puisse avoir lieu et qu’on puisse la dire, il faut un corps, un dernier souffle. Dans les camps, les survivants sont des « corps-cadavre » pour lesquels Anthelme rapporte : « Ici, pas de dernier souffle. Pas de respiration de la mort. Pas de vie expirant. »

Du cadavre au corps

Frontières, 2011

doctorante en arts et sciences de l'art, Laboratoire d'esthétique théorique et appliquée (LETA),

TàP Céramiques des vivants et des morts

de SOTO J., « Tombes » sans défunt laténiennes et du Haut-Empire en Gaule. Pour une relecture hérétique », dans GUICHARD V. et PERRIN F. (éd.), L'aristocratie celte à la fin de l'âge du fer (IIe s. av. J.-C., Ier s. ap. J.-C.), Glux-en-Glenne, 2002, p. 189-197. BOURGEOIS L., « Une sépulture de l'âge du Bronze dans le département du Loir-et-Cher », Revue archéologique, nouvelle série, 16 e année, t. XXIX, 1875, p. 73-77. BRADLEY R., The Passage of Arms. An archaeological analysis of prehistoric hoards and votive deposits. Cambridge, 1990. BRIARD J., Les Tumulus d'Armorique, Paris, 1984 (L'âge du Bronze en France, 3). BRIARD J., Le culte des eaux en Armorique à l'Age du Bronze. Synthèse et actualisation. Dans L'Helgouac'h J. et Briard J. (dir.), Systèmes fluviaux, estuaires et implantations humaines de la Préhistoire aux grandes invasions, actes du 124 e congrès national des Sociétés savantes, Nantes, 1999, Paris, 2001, p. 91-101. BRUN P. et MORDANT C. (éd.), Le Groupe Rhin-Suisse-France orientale et la notion de Civilisation des Champs d'Urnes. Actes du colloque de Nemours, 1986, Nemours, 1988. CHARPY J.-J., « Aperçu des rites du feu dans le milieu celtique champenois », dans KRUTA V. et LEMAN-DELERIVE G. (éd.), Feux des morts, foyers des vivants. Les rites et symboles du feu dans les tombes de l'Âge du Fer et de l'époque romaine, Lille, 2007, p. 87-96. CHEVILLOT Ch., 1989. Sites et cultures de l'Age du Bronze en Périgord, Périgueux, 1989 (Archéologies, 3). CORDIER G., L'âge du Bronze dans les pays de la Loire moyenne, Joué-lès-Tours, 2009. DECHELETTE J., Manuel d'Archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine, t. II, 1 e partie : Age du Bronze, Paris, 1910. DUCONGE S. et GOMEZ DE SOTO J., « Les dépôts à caractère cultuel en milieu humides et dans les cavités naturelles du Centre-Ouest de la France à l'âge du Fer », dans BARRAL PH., DAUBIGNEY A., DUNNING C., KAENEL G., ROULIERE-LAMBERT M.-J. (éd.), L'âge du Fer dans l'arc jurassien et ses marges. Dépôts, lieux sacrés et territorialité à l'âge du Fer. Actes du XXIXe colloque international de l'AFEAF, Bienne, 5-8 mai 2005, Besançon, 2007, p. 477-492. DURAND J.-L., « D'un territoire comme sanctuaire », dans BRUNAUX J.-L. (éd.), Les sanctuaires celtiques et le monde méditerranéen, Paris, 1991, p. 276-278. FOGELIN L., « The Archaeology of Religious Rituals », Annual Review of Anthropology, 36, 2007, p. 55-71. GOMEZ DE SOTO J., « Chars funéraires, Chars rituels ou chars de combat ? De la nature du pouvoir dans les sociétés de l'Age du Bronze final en France et dans l'aire de la culture des Champs d'Urnes d'Allemagne du Sud et d'Europe centrale », Eléments de Pré et Protohistoire européenne, Hommages à J.-P. Millotte, Paris, 1984, p. 605-615. GOMEZ DE SOTO J., Le Bronze moyen en Occident. La culture des Duffaits et la civilisation des Tumulus, Paris 1995 (L'âge du Bronze en France, 5). GOMEZ DE SOTO J., « Oiseaux, chevaux, hommes et autres images. Les « signes » sur céramique en Gaule, du Ha A2/B1 au Ha. D. Genèse, apogée, décadence et postérité », dans BUCHSENSCHUTZ O.,

CORPS ET AME FACE A LA MORT SELON LA CONCEPTION DU ZOHAR

La mort et ses représentations dans le judaïsme, 2000

"Corps et âme face à la mort selon la conception du Zohar" ou, comme j'aurais pu appeler autrement mon sujet, la dialectique de l'unification. Dans cette conférence, j'essaie de montrer que les conceptions du Zohar sur le thème de la mort, qui paraissent à première vue extrêmement éclectiques, obéissent à une logique interne qui est celle du postulat fondamental du judaïsme, à savoir l'unité de Dieu et, corrélativement, l'unité de l'homme fait à son Image. Or, pour arriver à l'unité, il faut partir de la multiplicité qui est notre expérience première, et engager un processus d'unification qui, par nature, ne peut être que dialectique, c'est-à-dire fondé sur la contradiction des propositions de base. Ainsi, je partirai de la naissance de l'homme pour appréhender sa mort, les deux situations étant conçues par la pensée juive depuis l'époque talmudique comme parallèles. Et je partirai des concepts complémentaires de l'âme et du corps dans le Zohar, de leurs tâches et de leurs destins divergents pendant la vie et après la mort, dont l'analyse paraît suggérer l'éclatement irrémédiable des éléments du composé humain, pour arriver à son unité.

Des vivants et des morts. Débat

Archeopages

Des vivants et des morts De la nécessité de déshumaniser l'adversaire pour l'afronter à celle de l'humaniser pour recouvrer sa dignité, il y a des variations d'attitudes multiples. Ce qui rete, c'et la quantité anormale de morts, blessés, prisonniers que génère la guerre. Comment une population, un groupe humain, s'y adapte t-elle ? Quels comportements, quels rituels, quels cadres vont permettre de gérer cette situation de crise ? Michel Signoli dirige le laboratoire « Anthropologie bioculturelle, Droit, Ethique &Santé ». Ses thèmes de recherche sont les sépultures multiples en relation avec les épidémies du passé et les conlits récents. Parmi ses dernières publications : avec T. Vette, O. Dutour, Y. Ardagna, Les oubliés de la Retraite de Russie ; Vilna 1812-Vilnius 2002, Librairie hitorique F. Teissedre, Paris, 2008 ; avec G. De Vedrines, « Burials Related to Recent Military Conlits: Case Studies from France », in N. Marquez Grant and L. Fibiger (ed.) Archaeological Human Remains and Legislation:An International Guide to Laws and Pratice in the Excavation and Treatment of Archaeological Human Remains, Routledge, 2010 ; avec F. Lagrange, E. Robbe, T. Vette, Les Ombres de l'Empire : approches anthropologiques, archéologiques et hitoriques de la Grande Armée, Cahiers d'études et de recherches du Musée de l' Armée, hors-série n°5, 2012 ; avec T. Vette, A. Homann, K. Sczech et S. Bock, « De la Campagne de Russie à la Campagne d' Allemagne : quatre exemples d'apports de l'archéologie et de l'anthropologie funéraire à nos connaissances sur le Ier Empire », idem, p.61-82.

La vie des morts

Il peut sembler surprenant aujourd'hui de parler de la vie des morts. Pour les uns c'est une ineptie, pour d'autres un mythe, pour les spiritistes, une réalité qui a eu son heure de gloire au XIX e siècle quand Conan Doyle vit surgir le fantôme de son fils et quand Victor Hugo a la révélation de l'au-delà à Guernesey, la nuit du 31 mars 1856. Pour certains, c'est un mystère à percer et ceux qui tentent de le faire se sont regroupés dans des sociétés et ont publié des livres aux titres évocateurs comme La vie après la vie, et Bernard Werber a traité ces explorations de la mort sur le mode humoristique dans les Thanatonautes (1994). En Bretagne, les légendes de la mort rassemblées par Anatole Le Braz offrent un corpus d'une grande richesse, qui plonge ses racines dans un lointain autrefois 1 , et le manuscrit français 15219 de la BnF, daté de la première moitié du XV e siècle, nous présente un boulanger breton revenant 2 . Dans les temps anciens, nul ne doutait que les morts continuassent à vivre dans leur tombeau ou dans l'outre-tombe, et cette idée est encore répandue en Europe au XVIII e siècle et au Pays de Galles 1. Le . 2. Lecouteux, 1999 Published in : Mélanges offerts au professeur Bernard Merdrignac, Britannica monastica 17 (2014), pp. 303-314.

Cadavre et crémation

Techniques & culture, 2013

Comment archéologues et anthropologues pensent-ils le cadavre lorsqu'ils ne disposent ni du squelette, ni même de certains os, mais seulement d'un peu de matière osseuse, dénommée « cendres » ? Qu'est-ce que restituer le défunt dans toute sa réalité matérielle et corporelle alors que les conceptions occidentales considèrent la crémation comme « une technique expéditive et radicale pour faire disparaître un cadavre encombrant et sceptique » ? (Thomas 1985). Pour poser quelques éléments de réponse, nous détaillerons en premier lieu la conception du cadavre qui se dégage de nos pratiques crématoires. Nous nous attacherons à cerner, dans les problématiques anthropologiques ou archéologiques actuelles, la place donnée à la thanatomorphose 1 par le feu. L'analyse des structures archéologiques, l'élaboration d'outils spécifiques s'appuient sur des démarches ethnoarchéologiques menées au sein de populations traditionnelles ou de crématoriums ou sur de l'archéologie expérimentale. Dans un second temps, nous aborderons concrètement la crémation du cadavre sur la base de différents travaux ethnoarchéologiques. Nos propos portent peu sur la thanatomorphose naturelle avec les premiers signes de la mort (absence de souffle, de mouvement, rigidité, lividité… cf. l'introduction dans ce numéro), mais plutôt sur l'intervention d'un opérateur qui agit sur la transformation même du cadavre ; nous aborderons en particulier les réactions cadavériques lors de la combustion et les attitudes de l'opérateur dans sa prise de contrôle de la thanatomorphose.