Sciences sociales, sourds et langue des signes : d’un champ d’expérience-s à un champ d’étude (original) (raw)
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Émulations - Catégories politiques. Enjeux éthiques au coeur du pouvoir, Stéphane Baele (éd.), 2010
La langue des signes est aujourd’hui reconnue en France au sein d’une loi dite sur le handicap. Victoire pour certains, impasse pour d’autres, la diversité de ses interprétations nous invite à réfléchir aux conditions de la catégorisation de la surdité comme handicap afin de mieux comprendre pourquoi les sourds la refusent, et pourquoi l’institutionnalisation de liens entre langue des signes et handicap est inquiétante. En premier lieu, à la recherche de discours et mobilisations ayant contribué à l’émergence d’une telle législation, nous prêterons attention au tournant initié par les « disability studies » puis à l’état des lieux de l’agenda politique du « réveil sourd ». Nous poursuivrons en exposant la stigmatisation de la langue des signes qui caractérise selon nous la loi, ce qui nous amènera à discuter la position du chercheur « militant » ainsi que les relations entre le politique, le social et la recherche.
Les Survivants : l'interaction sourds/entendants, enjeu des creations en langue des signes ?
Synergies France, 2011
La langue des signes est aujourd’hui une langue disponible pour la création théâtrale. Afin de comprendre les enjeux des pratiques innovantes qui l’intègrent, l’article propose une approche au carrefour de l’anthropologie linguistique, des “deaf studies” et des “performance studies”. À partir de l’étude d’une pièce de « théâtre dansé en langue des signes », Les Survivants, l’auteur interroge ainsi la pertinence d’une analyse transversale explorant tour à tour processus, créations et contexte de représentation. À travers ce théâtre de la langue des signes, lieu de rencontres multiples, ce sont les relations entre sourds et entendants que les artistes expérimentent, tandis que cette réflexion sociale est étendue à leurs publics. Au-delà d’un questionnement sur nos manières d’étudier le théâtre, le traitement de ce sujet permettra ainsi d’ouvrir quelques pistes concernant ce que nous pourrions encore attendre du théâtre.
C. Dubuisson, L. Lelièvre, A.-M. Parisot, A. Vercaingne-Ménard et S. Villeneuve, 2006
Dans cet article, nous présentons les étapes de développement d’un test visant à évaluer les compétences d’élèves du primaire en langue des signes québécoise (LSQ). Nous décrivons tout d’abord la situation dans laquelle un tel test s’est avéré nécessaire. Il s’agit de l’expérimentation, de septembre 1998 à juin 2004, dans des classes d’une école de la Commission scolaire de Montréal, d’une approche d’enseignement bilingue encadrée par le Groupe de recherche sur la LSQ et le bilinguisme sourd de l’Université du Québec à Montréal. Nous soulignons les contraintes auxquelles l’équipe a dû faire face, soit l’absence totale de test d’évaluation des compétences en LSQ auquel se référer, la nécessité d’élaborer un test multiniveaux et de s’adapter à la variation de clientèles en cours d’expérimentation, sans compter l’impossibilité de tabler sur une description linguistique complète de la LSQ. Nous expliquons les hypothèses sous-jacentes à l’élaboration de la première version du test, en particulier, nous justifions le choix du degré de maîtrise de l’espace comme indicateur adéquat de la compétence globale en LSQ. Nous précisons ensuite les critères en fonction desquels la version initiale du test a été modifiée. Nous montrons en terminant comment l'expérimentation rapportée a contribué à préciser les connaissances sur l'acquisition de la LSQ chez les enfants sourds québécois et a permis de proposer des éléments pour l'élaboration d'une méthodologie d'évaluation des compétences en LSQ.
Littérature et sciences sociales : dialogue de sourds ou mariage de raison ?
A contrario, 2006
Éditorial } e numéro spécial vise à encourager le dialogue interdisciplinaire entre deux champs d'étude qui se sont longtemps tourné le dos, les sciences sociales et la littérature, afin de réfléchir sur ses modalités dans l'espace romand et sur les profits heuristiques que l'on peut espérer en tirer. Ce dialogue est loin d'être facile à établir, car il se fonde sur un arrière-plan souvent polémique. D'un côté, c'est la littérarité même des oeuvres qui semble d'emblée les soustraire à l'investigation des sciences sociales. Pour les littéraires, le texte acquiert sa légitimité en tant qu'objet d'étude par le biais d'un primat donné à la visée esthétique, qui l'extrait du même coup du champ des discours sociaux et lui confère un caractère de singularité irréductible. D'un autre côté, les chercheurs en sciences sociales peuvent avoir tendance à traiter l'objet littéraire comme n'importe quel objet culturel, sans saisir alors l'intérêt de ce champ d'étude particulier pour leurs propres travaux, notamment sous l'angle de la problématisation des questions concernant l'écriture et
Dialogues de corps et de langues entre un sourd et un « entendant »
Recherches en psychanalyse, 2006
Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-recherches-en-psychanalyse-2006-2-page-41.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.
Les Sourds ne gesticulent pas, ils « signent » Réflexion sur le rapport entre corps sourds et langues des signes Réfléchir sur la spécificité langagière sourde et au sentiment identitaire qui l’accompagne, c’est d’abord et avant tout interroger le sens commun qui veut que les Sourds gesticulent pour communiquer. Pourtant, les Sourds ont une langue qui ne se résume pas à un ensemble de mouvements substituant le geste à la parole ou à des adaptations de l’oralité à la gestualité. En fait, cette différence linguistique est plurielle : il existe des langues, qui véhiculent et sont véhiculées par autant de communautés identitaires sourdes. Le rapport des Sourds à ces langues se fait à travers une rhétorique ancrant paradoxalement la différence langagière sourde dans une caractéristique qui serait naturelle aux Sourds, une sorte d’inclination spontanée ramenant bien souvent la langue des signes à des gestes quasi instinctifs et souvent conçus comme innés. La langue des signes serait en quelque sorte une essence qui relie les Sourds entre eux. Le présent article propose d’explorer trois axes d’interprétation du lien entre langues des signes et corps sourds. The Deaf Don’t Gesture, They « Sign » A Reflection on Connection between Deaf Bodies and Sign Languages Contemplating the specifics of deaf language, and the sense of identity that accompanies it, is to question the cliché that the Deaf gesture to communicate. The Deaf have a language which is not limited to movements substituting words with actions or a simple adaptation of spoken language to gesture. In fact, linguistic differences are as diverse as the Deaf communities which convey them. Their relationship to language becomes a rhetoric, paradoxically entrenching the deaf language difference in nature, a kind of spontaneous inclination often reducing sign language to instinct and innate gestures. Sign language is somehow a quality connecting the Deaf. This article explores three ways of interpreting the connection between sign languages and deaf bodies. Los sordos no gesticulan, « significan » Reflexiones sobre la relación entre cuerpos sordos y lenguajes de signos Reflexionar sobre la especificidad del lenguaje de los sordos, y sobre el sentimiento identitario que la acompaña, es, por principio y antes que nada, interrogar el sentido común que supone que los Sordos gesticulan para comunicar. Sin embargo, los Sordos poseen un lenguaje que no se reduce a un conjunto de movimientos que sustituyen el gesto por el habla o a adaptaciones de lo oral a lo gestual. De hecho, esta diferencia lingüística es múltiple : hay lenguajes que vehiculan y son vehiculados por una multiplicidad de comunidades identitarias de sordos. La relación de los Sordos a dichos lenguajes se realiza a través de una retórica en donde se arraíza paradójicamente la diferencia del hablar sordo en una característica que es natural a los sordos, una suerte de inclinación espontanea que con frecuencia reduce el lenguaje de los signos a los gestos casi instintivos y con frecuencia concebidos como innatos. El lenguaje de los signos sería algo así como una esencia que liga a los Sordos entre ellos. El presente artículo se propone explorar tres ejes de interpretación de la relación entre los lenguajes de los signos y los cuerpos de los sordos.
Revue québécoise de linguistique, 2000
RÉSUMÉ Cette étude est la première en acquisition du lieu d’articulation en langue des signes québécoise (LSQ). Il existe peu de recherches sur le sujet en langues signées : Frishberg 1975 ainsi que Siedlecki et Bonvillian 1993 pour la langue des signes américaine, et Takkinen 1994 pour la langue des signes finlandaise. Notre objectif est d’observer les manifestations de la maturation linguistique de trois garçons sourds profonds de naissance enregistrés à un an d’intervalle (à trois et à quatre ans). Les lieux d’articulation de 3 386 signes ont été divisés en classes, et nous tenterons d’expliquer les lieux les moins réussis par des contraintes perceptuelles, articulatoires ou linguistiques.