Le programme « Villes sans bidonvilles » sous le prisme de la durabilité sociale : Lectures et analyses (original) (raw)
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Géographie et évaluation des politiques publiques, 2021
Au Maroc, au cours des deux dernières décennies, le cycle de vie des opérations de résorption des grands bidonvilles dans les grandes agglomérations (Casablanca, Rabat-Salé, Meknès, etc.) n’a rarement duré moins de 7 ans, ce qui a impliqué, dans plusieurs cas, la reproduction spontanée de ces groupements d’habitat insalubre. Cela est en partie dû à l'absence de mise en œuvre efficace des politiques. En effet, nonobstant le développement par les pouvoirs publics d’un programme national avec un cadre formel basé sur la contractualisation des engagements des acteurs concernés par la problématique au niveau territorial (les départements ministériels, les autorités régionales et préfectorales et les conseils élus, etc.), ils ne sont pas en mesure de maitriser le processus du changement faute de convaincre une partie de la population de l’opportunité et de l’équité de l’offre publique. Le programme dénommé ‘Villes Sans Bidonvilles’ (VSB) intègre, désormais, la reconnaissance du droit à la ville des habitants des bidonvilles. Ce droit se conforme au référentiel du logement décent stipulé dans la Stratégie mondiale du logement de l'ONU-Habitat concernant les conditions de logement dans les villes. Cela a des implications importantes à la fois pour l'amélioration du cadre de vie des citadins pauvres et leur inclusion socio-économique. Cependant, l'application effective du «statut de la ville» dépend de la volonté politique des acteurs publics. À partir de l’évaluation des effets structurants des politiques publiques de résorption des bidonvilles et de développement urbain, l’article propose un cadre d’analyse de l’utilité de ces effets basé sur six facteurs clés: (1) légitimité fondée sur la demande sociale; (2) volonté politique avec la participation d'acteurs publics clés; (3) une approche holistique avec des politiques complémentaires de lutte contre la pauvreté urbaine et la durabilité des programmes d’accès aux services de base; (4) une prise en compte de la qualité de logement et du cadre de vie malgré les contraintes de coûts ; (5) la nécessité d'une conception flexible axée sur la participation citoyenne; et (6) un ciblage géographique et social approprié des projets.
Le bidonville urbain ou le continuum culturel ‘ruralité-pauvreté’
Le bidonville urbain ou le continuum culturel ‘ruralité-pauvreté’, 2022
Abstract Based on fieldwork conducted between 2004 and 2013 for the Cities Without Slums program, this analysis attempts to explain the fact that in the Moroccan city, the "rurality-poverty" symmetry is not only a state of deprivation of dignified/decent housing, insalubrity, or lack of access to urban quality of life but also presents itself as a by-product of a preoccupation with rural regeneration and a "cultural expansion" of rurality. Applying conceptual frameworks developed in social and cultural geography, our research reveals the richness of everyday life in the slum, reflecting a historically rooted "common culture" through which a "rural social imaginary mediates social life." This "residual" formation, which emphasizes the importance of the culture of rurality in the constitution of urban space, suggests a much broader understanding of urban poverty than that currently adopted by public policy. It is a matter of considering urban poverty as a dynamic structure endowed with a system of values and a capacity to resist change, without which slum dwellers, as a fragile space, could hardly distinguish themselves as owners of a "territorial identity". Key words Social space, slum, culture of poverty, social geography, rurality, residential strategies.
À l’ombre du Grand Paris. L’impossible gouvernance métropolitaine des bidonvilles franciliens
Gouverner la métropole parisienne , 2020
Alors que l’Etat envisage en 2018 de résorber les bidonvilles qui accueillent encore aujourd’hui 18 000 personnes en France (dont 6 000 en Ile-de-France), ce chapitre explique pourquoi une gouvernance régionale des bidonvilles n’a jamais pu émerger, freinant la mise en œuvre de politiques de résorption à l’échelle de l’Ile-de-France. Si des collectivités locales ont mis en place des projets, aucune coordination supra-communale n’est parvenue à s’imposer. La gouvernance des bidonvilles n’y fait pas métropole et reste éclatée. En explorant la longue et sinueuse histoire des politiques des bidonvilles franciliens des années 1950 à nos jours, ce chapitre met en évidence les freins à la constitution d’un acteur collectif métropolitain à l’heure du Grand Paris. La première partie du chapitre revient alors sur la difficile institutionnalisation des politiques des bidonvilles des années 1950 à nos jours en mettant en évidence les conflits qui animent des acteurs à différentes échelles. La seconde partie montre qu’en parallèle de l’inaction de l’Etat, certaines collectivités locales ont expérimenté des programmes de résorption partiels dans le cadre d’une gouvernance fragmentée. La troisième partie montre que l’Etat opère depuis le début des années 2010 un timide retour d’animateur sans pour autant lancer une véritable politique institutionnalisée de résorption. L’Etat incite à des formes de coordination intercommunale et régionale en Ile-de-France mais les acteurs locaux résistent encore à ces injonctions.
Construire la ville acceptable en réponse aux bidonvilles
2014
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Construire la ville acceptable en réponse aux bidonvilles Mathilde Costil, Elise Roche
La ville situationniste n'a pas pu être bâtie. Tant sa conception que sa construction nécessitaient la participation d'une population anarchiste post-révolutionnaire (Sadler, 1999). Pourtant, les Situationnistes croyaient que la matérialité d'une telle ville pourrait réellement préparer la révolution. Paradoxe: l'Utopie. Défiant l'orthodoxie situationniste, l'architecte Constant a modélisé la Nouvelle Babylone, une ville anticapitaliste préfigurant un urbanisme unitaire ludique et participatif. Suspendue au-dessus de la 'nature', cependant, la Nouvelle Babylone n'était pas une Écotopie : elle n'offrait aucun espoir de ou dans une (ré-) intégration. Dans la foulée de la dissolution de l'Internationale Situationniste et de l'épuisement du moment révolutionnaire de 1968, un collectif alternatif informel a occupé un ancien site de casernes : au milieu de Copenhague, la ville libre de Christiania était née. En lutte constante avec l'Éta...
Le patrimoine au regard de la durabilité: quel projet urbain? (2009)
La ville est une dérivée du temps. Héritage des générations passées et ressource des générations présentes, elle constitue le patrimoine commun des générations futures à l'égard desquelles nous contractons une dette de transmission. Les notions de patrimoine et de développement durable ont ainsi partie liée dans les débats actuels sur le changement urbain. L'une actualise le passé à travers les dispositifs sélectifs de la mémoire, l'autre regarde en direction de l'avenir par la prise en compte du principe de précaution. A défaut d'une improbable fin de l'histoire, leur mise en dialogue est indispensable. Les deux notions convergent l'une vers l'autre : nous ne cessons de regarder en avant et en arrière sans jamais sortir du présent. Notions rectrices de notre temps, elles nous rendent attentifs à la nécessité d'articuler le présent, le passé et le futur autant qu'à la prise en compte de la plasticité des formes urbaines et à leurs inévitables métamorphoses.
Les modes d’habiter à l’épreuve de la durabilité
Norois, 2014
Revue en ligne : http://norois.revues.org www.pur-editions.fr Le quotidien peut-il être durable ? Routines dans la baie de San Francisco Can Daily Life be Sustainable? Routines in the San Francisco Bay Area Nathalie Ortar Les régimes de transformation des pratiques sociales sont une question récurrente des recherches portant sur le développement durable. Elles ont été documentées en sociologie principalement par les travaux d'Elizabeth Shove (2003) sur les mécanismes à l'origine de nos ressentis et normes, au travers d'une analyse de nos pratiques actuelles mais aussi de l'histoire industrielle et des politiques publiques et commerciales et ceux de Salvador Juan (2009) sur les trois types d'incohérence écologique en matière de consommation, provenant de la faiblesse de l'offre de produits écologiquement durables, des contradictions personnelles en matière de consommation et d'une interdépendance des usages. Dans son dernier ouvrage, Elizabeth Shove se propose de dépasser ces premières analyses pour accéder à une intelligibilité des pratiques sociales en s'interrogeant sur leur évolution. Il s'agit de Résumé : Les pratiques de consommation relèveraient d'un mélange de routinisation et de rél exivité en relation avec des considérations environnementales. Les habitudes s'insèrent de plus dans un ensemble de pratiques affectant le quotidien qui se doivent d'être analysées pour en comprendre le sens. Dans cet article nous souhaitons nous arrêter sur l'entrelacs des routines relevant de différents domaines de la vie de tous les jours, allant de l'achat de nourriture, sa consommation, à la propreté, aux mobilités quotidiennes et de loisirs, aux causes de leur évolution dans le temps, ai n de rél échir au sens des relations existant entre ces domaines ainsi qu'aux différents niveaux de justii cations et de silence à partir d'une enquête dans la baie de San Francisco.