Les descriptions animalières dans l’Histoire naturelle de Buffon. Entre le vraisemblable de l’écrivain et le véritable du savant (original) (raw)
@nalyses. Revue des littératures franco-canadiennes et québécoise
L’histoire naturelle, de par sa constitution protéiforme qui convoque le royaume de la science et celui des belles-lettres, est animée par des tensions constantes entre la référence directe au monde réel du savant et les marques de l’expressivité de l’écrivain. Nous nous proposons, à l’aide de deux cas de figure — le mystère des amours éléphantines et l’énigmatique tétée de l’éléphanteau —, d’examiner comment Buffon investit le lieu commun naturaliste non seulement au profit de l’ornemen-tation littéraire mais, aussi, de l’argumentation scientifique. En somme, le projet naturaliste de Buffon pourrait, dans cette optique, être défini comme un grandiose traitement critique et esthétique du lieu commun, véritable pierre angulaire où s’articule de manière emblématique la problématique du rapport entre science et belles-lettres au crépuscule de l’Ancien Régime, traduisant par le fait même l’instabilité générique de l’histoire naturelle.
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Bacon, Boyle, et l’écriture de l’histoire naturelle
Archives de philosophie, 2021
Cet article se propose d’étudier les règles d’écriture et de composition de l’histoire naturelle selon Robert Boyle, afin de montrer comment les principes baconiens ont été repris et révisés dans la seconde moitié du dix-septième siècle. L’article s’intéresse dans un premier temps à l’écriture des expériences et observations, dont la description constitue la matière principale de l’histoire naturelle. La composition ou structure des ouvrages d’histoire naturelle est ensuite examinée et envisagée dans ses dimensions méthodologique, heuristique et programmatique. Enfin, l’article souligne l’exigence de collaboration en histoire naturelle et s’interroge sur la manière dont celle-ci se manifeste dans l’écriture et la présentation des textes. Deux aspects essentiels de l’histoire naturelle sont ici mis en évidence : le rôle de l’écriture dans la construction du savoir et la complexité des rapports entre histoire naturelle et philosophie naturelle, la première étant bien plus qu’une simple accumulation de données sur laquelle la seconde serait censée fonder « la vraie philosophie ». This article examines the rules for writing and presenting natural history according to Robert Boyle, with a view to showing how Bacon’s principles were both followed and revised in the late seventeenth century. The article first focuses on the way of writing experiments and observations, the description of which constitutes the main material of a natural history. The composition or structure of books of natural history is then examined in its methodological, heuristic and programmatic dimensions. Finally, the article inquires into the principle of collaboration in natural history, and the way it is rendered in the writing and presentation of the texts here studied. Two essential aspects of natural history are put forward: the function of writing itself in the construction of natural historical knowledge, and the complex relations between natural history and natural philosophy, the former being much more than a mere collection of data on which the latter is supposed to found “a true philosophy”.
« La Nature dans les écrits de Fontenelle pour l’Académie des sciences »
Dix-huitième siècle n°45 (2013), p. 97-113, 2013
La Nature dans les écrits de Fontenelle pour l'Académie des sciences. Lorsqu'on s'interroge sur la place et la signification que l'idée de nature peut avoir dans l'oeuvre de Fontenelle, la métaphore par laquelle le philosophe des Entretiens sur la pluralité des mondes explique à la marquise sa conception mécaniste de l'univers semble s'imposer comme une évidence : « […] je me figure toujours que la Nature est un grand spectacle qui ressemble à celui de l'opéra », affirmait le philosophe avant de développer une cosmologie mécaniste où tout dans l'univers s'explique par le jeux de poulies, de cordes et de contrepoids 1. Ce passage paradigmatique de la démarche déployée par Fontenelle dans les célèbres Entretiens aura largement contribué à asseoir la réputation de l'auteur en tant que divulgateur des savoirs scientifiques et grand défenseur de la physique cartésienne, y compris à une époque où la pensée de Newton a réussi à s'imposer en France au sein même des cercles savants 2. Et il est vrai que Fontenelle est sans doute l'un de ceux qui aura le plus contribué, à la charnière des XVII e et XVIII e siècles, à inscrire les savoirs scientifiques dans l'espace 1 1 Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes (1686). Éd. critique par Christophe Martin, Paris, Flammarion, 1998, « Premier soir », p. 62. 2 On peut observer à ce propos que les Entretiens sur la pluralité des mondes paraissent un an avant les Principia de Newton (1687). La publication tardive du Traité des tourbillons (1752) a longtemps servi à expliquer le « cartésianisme » de Fontenelle, mais la véritable nature de cet engagement est actuellement reconsidérée. Voir F. Pépin, « Être cartésien pour un historien de la pensée : Fontenelle, les cartésiens et la philosophie cartésienne », dans Delphine Kolesnik (dir.), Qu'est-ce qu'être cartésien ?, vol. II, « Réceptions et transformations : trois siècles de cartésianismes », Lyon, ENS Éditions, à paraître en 2012.
Résumé Trois apports du projet « Naturalismes du monde » attirent l’attention : 1) le travail d’édition et d’érudition concernant les correspondants qui mêlent les anonymes et les élites ; 2) le travail d’analyse rhétorique sur le genre de ces lettres, où l’épidictique et le langage des émotions côtoient l’invitation au combat, les conseils et les sollicitations ; 3) le renouvellement méthodologique que conditionne ce corpus, en obligeant le chercheur à se départir du travers ethno-centré consistant à traiter de l’international depuis la France, à étudier une réception qui n’est pas celle de la critique littéraire, à considérer les naturalismes étrangers dans leurs singularités et non comme des répliques, et à décloisonner le littéraire et le politique. Abstract Three outcomes of the project on « Naturalisms from around the World » are: 1) the scholarly work of editing and research on the correspondents who are both anonymous and members of the elite; 2) the rhetorical analysis of the genre of these letters, where epidictics and the language of the emotions mingle with the enticement to fight, prescriptions and solicitations; 3) the new methodological approach, which stems from the corpus itself, and which incites the researcher to adopt a non-ethnocentric bias and to deal with what is international from a non-exclusively French perspective, to study the reception of Zola that is not that of literary criticism, to consider foreign naturalisms in their singularities and not as replicas of the French one, finally, to link the literary and the political together.
Fictions de l’animalité I : L’invention d’une peau chez Nuno Ramos
HISTOIRE DE L’ART PARIS, 2017
Le noyau de la fiction de l’animalité chez Nuno Ramos crée un partage de sens : l’artiste produit de nouvelles surfaces, comme s’il inventait de nouvelles peaux permettant de lier entre elles des parties hétérogènes. La peau est inventée par Nuno Ramos à partir des notes, récits, poèmes, essais et projets artistiques auxquels il donne forme par les livres. Néanmoins, lorsqu’il réalise des installations et des sculptures, il met en place la fiction de l’animalité par l’invention d’une peau. Le déplacement du sens consiste à faire passer l’animalité de la chair à la fiction tout en inventant une peau pour préserver la chair dans la fiction.
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Studi francesi, 2019