"Quelques remarques à propos de la navigation sur les fleuves anatoliens (II)", dans H. Bru, G. Labarre (éd.), "Chroniques d'Orient. Chronique 2013", DHA, 39, 2, 2013, p. 309-315. (original) (raw)
Lors de la première chronique, nous nous étions intéressés à la navigation sur les fleuves d' Asie Mineure pour les sections les plus en amont, ainsi que pour les lacs. Nous voudrions continuer ici en traitant des parties fluvio-maritimes. Paradoxalement, alors qu' il s' agit de la partie qui a dû être la plus fréquentée, il paraît difficile d' établir précisément les types de navires qui y circulaient une fois exclus les bateaux de mer. Nous aimerions cependant nous arrêter sur trois mentions littéraires. Les deux premières sont tirées de la Géographie de Strabon. Il explique tout d' abord que l' embouchure du Méandre est basse et marécageuse, mais qu' il est pourtant possible de remonter le fleuve sur une embarcation légère 83 . L' auteur utilise alors les termes : ὑπηρτικός σκάφος. S' intéressant ensuite au Xanthe, le Géographe emploie le seul mot ὑπηρτικός 84 . Le terme σκάφος aurait désigné une carène de navire, puis un bâtiment proprement dit 85 . Le premier sens du mot ὑπηρτικός concerne le service ou les gens de service. Par extension, il désigne un « bâtiment léger au service des gros navires pour certains offices : transport de dépêches, d' ordres… » 86 . À propos de la côte languedocienne, Strabon indique que de petites embarcations peuvent remonter les différents cours d' eau jusqu' aux villes assez peu distantes de la côte 87 . Le géographe emploie les termes : μικρὸν πλοῖον. V. Ropiot pense que ces mots désignent dans ce contexte des bateaux à voile de taille modeste, de type caboteur 88 . Le mot demeure cependant très général 89 . Ainsi dans les évangiles, ce nom correspond à une embarcation de pêche sur le lac de Tibériade 90 . Dans les Actes 83 Strabon, XIV, 1, 10. 84 Strabon, XIV, 3, 6. 85 A. Bailly, s.v. « σκάφος », Dictionnaire grec-français, rééd. 2000, col. 1755. Le terme aurait aussi désigné un objet creusé, ce qui est intéressant si on prend en considération les monoxyles. 86 A. Bailly, s.v. « ὑπηρτικός », op. cit., col. 2012. 87 Strabon, IV, 1, 6. 88 V. Ropiot, Peuplement et circulation dans les bassins fluviaux du Languedoc occidental, du Roussillon et de l' Ampourdan du XI e s. au début du II e s. av. n.è., Th. université de Franche-Comté, 2007, p. 239. 89 V. Ropiot (op. cit., p. 239) explique que pour L. Casson (Ships and Seamanship in the Ancient World, Princeton, 1971,