Ce que cache le miroir : la reconnaissance de soi chez l'animal (original) (raw)
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L’animal dans une société sans miroir
Anthropologie et Sociétés, 2015
L’article décrit les expériences éprouvées par les enfants kasua de Nouvelle-Guinée dès leur naissance et en l’absence d’une image réfléchie entière du soi humain. Cette description permet de mettre en valeur la manière dont la société kasua structure schématiquement les expériences au monde et les oriente vers un relationnement de type animiste.
Enfance, 2017
We study the visual recognition with 153 children between 15 months and 6 years. We analyze 3 reactions of the child in front of a screen in which it is seen in mirror. First we measure the speed with which the child fixes a spot on his cheek (time of first fixation) with the aid of an eye-tracking device. We study the wellknown paradigm of the gesture of the hand towards the spot placed without his knowledge on his cheek and we show, contrary to what might be expected, that this gesture diminishes after 4 years. Finally, we observe the reaction of the child when the experimenter give a tissue to him. This new situation makes it possible to study a later stage of self-consciousness, when the child becomes capable of taking into account a representation of him from the point of view of the adult (the premises of a meta-consciousness of self). A developmental turning occurs around 3-4 years of the child.
La reconnaissance sociale chez les mammifères : mécanismes et bases sensorielles impliquées
INRAE Productions Animales, 2006
La reconnaissance sociale tient une grande place dans les interactions entre individus et donc dans l’organisation en société. La reconnaissance des individus apparentés ou non a suscité depuis les années 80 de nombreuses études portant sur les avantages adaptatifs ainsi que sur les mécanismes et bases sensorielles sur lesquels elle est basée. Ces travaux ont révélé que la reconnaissance sociale est un processus complexe et non rigide très largement répandu chez les Vertébrés. Elle peut en effet reposer sur différents mécanismes et bases sensorielles non mutuellement exclusifs et être influencée par divers facteurs. La familiarisation est le mécanisme fondamental de la reconnaissance. Elle permet l’apprentissage d’indices phénotypiques provenant des congénères ou de soi. Les apparentés de ces individus familiers peuvent également être reconnus du fait de leurs ressemblances avec ces derniers. Les indices phénotypiques qui servent de base à la reconnaissance peuvent appartenir à diff...
Le corps, le regard et le miroir
1996
Cet article co-écrit avec André Gaudreault de l'Université de Montréal explore les différentes mises en scène de regards subjectifs impliquant un miroir au cinéma. On y explore les stratégies pour créer l'effet de subjectivité sans voir la caméra qui filme.
Tu ne dois pas simplement te tenir là, donner des ordres et bouger en fonction d'eux, mais tu dois participer avec toute ta force intérieure. Avec toute ton énergie, tu dois vouloir ce que l'éléphant doit faire. Tu dois avoir la forte volonté qu'il fasse ce que tu lui ordonnes de faire 1. Les « effets thérapeutiques » des animaux sur les êtres humains font l'objet de nombreuses recherches depuis plusieurs décennies. Une nouvelle discipline, appelée l'anthrozoologie, se consacre à l'étude des interactions entre les humains et les animaux dans les sociétés occidentales, avec une prédilection pour les travaux cherchant à démontrer les bienfaits des animaux sur les êtres humains. Le champ, qu'on pourrait qualifier, avec Donna Haraway 2 , de « technoscience », en raison de sa prédilection pour la méthodologie expérimentale, s'est structuré progressivement à partir de travaux pionniers menés dans les dernières décennies du XX e siècle 3. Mais en dépit d'un nombre croissant de travaux 4 et de professionnels toujours plus nombreux à introduire des animaux dans leur pratique, le domaine « manque toujours d'un cadre théorique unifié, largement accepté, ou empiriquement fondé, pour expliquer comment et pourquoi les relations entre les humains et les animaux sont potentiellement thérapeutiques » 5. Le problème est double : non seulement les 1 Paroles d'un dresseur à un apprenti, cité dans Hediger, H. K., « The Clever Hans phenomenon from an animal psychologist's point of view »,
La reconnaissance des visages par le nourrisson
Chez l'adulte, les visages représentent une classe très spéciale d'objets visuels, et les procédures d'analyse des visages sont différentes de celles utilisées pour d'autres objets : par exemple, nous sommes meilleurs pour faire la différence entre deux visages si ces visages sont présentés à l'endroit que s'ils sont présentés à l'envers, alors qu'il n'y a aucune différence entre ces deux orientations si la tâche de discrimination concerne des objets ; l'identification d'un élément du visage, le nez par exemple, est ralentie si cet élément est présenté dans un visage par rapport à sa présentation isolée, alors qu'une porte est identifiée à la même vitesse qu'elle soit présentée isolée ou dans une image de maison. Ce ralen-tissement dans l'identification des éléments d'un visage est dû au fait que l'identité des éléments est moins importante que leur configuration (leur positionnement et distance relative) dans le visage. Pour les visages, l'analyse globale (de la configuration) l'emporte sur l'analyse locale (des éléments), contrairement à ce qui se passe pour les autres objets visuels. En imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), une région du gyrus fusiforme droit, la FFA ou « fusiform face area » s'active plus pour les visages que pour tout autre objet [1], confirmant qu'objets et visages sont traités différemment par le cerveau adulte . Cette différence de traitement est confirmée par le type de déficit observé chez des patients après une lésion cérébrale. En effet, certains déficits peuvent ne concerner que la reconnaissance des visages (prosopagno-Une des premières capacités des bébés qui émerveillent les parents est leur capacité de s'orienter vers les visages et de leur sourire. L'échange de regards entre une mère et son enfant contribue indiscutablement à la mise en place du lien parental et à l'attribution d'une personnalité à ce nouveau-venu dans la communauté humaine. Mais qu'est-ce qui se cache derrière cette compétence ? Que voit réellement le bébé ? Reconnaît-il ses parents ? Ce sourire est-il déjà un désir volontaire de communication ou une simple réponse réflexe ? Quelles sont les bases de l'attirance des nourrissons pour les visages ? Ces questions ont préoccupé les psychologues depuis de nombreuses années, pour deux raisons. La première est que reconnaître et s'orienter vers un visage est un problème visuel difficile. Comme pour d'autres facultés cognitives, la modélisation informatique de cette capacité qui nous semble aisée et naturelle se heurte à des problèmes ardus de reconnaissance de forme. Le fait que, très rapidement, le nourrisson puisse résoudre ces problèmes nous interroge sur l'organisation cérébrale initiale et sur l'existence de modules cérébraux génétiquement programmés et dédiés à des fonctions cognitives importantes dans notre espèce. La deuxième raison est que les adultes attribuent un fort caractère social à l'orientation des nourrissons vers les visages, mais est-ce réciproque ? Comment cette capacité précoce s'intègre-t-elle dans le développement des capacités sociales des enfants ?