Pierres angulaires du sacré dans le protoislam : entre itinérance et aniconisme (original) (raw)

Le pèlerinage à l’heure de la sécularisation : dilution ou cristallisation du sacré dans l’espace ?

L'Information géographique, 2016

Si les religions organisent l’espace et faconnent les paysages depuis des siecles par le biais de reseaux de lieux de cultes, elles sont egalement a l’origine de flux de personnes a toutes les echelles. De la petite procession villageoise de la Fete-Dieu au grand pelerinage international du Hajj, ce sont des millions de personnes qui voyagent dans le but de se rendre dans des lieux etablis comme saints. En depit de la secularisation croissante des societes occidentales, le pelerinage ne faiblit pas. Bien au contraire, il connait un regain de pratique depuis les annees 1990. Si, en Europe, les pratiques et les signes religieux disparaissent peu a peu de l’espace public, ils perdurent dans les espaces bien specifiques que sont les sanctuaires. Ceux-ci, secularisation oblige, sont desormais le siege de pratiques hybrides entre pelerinage et tourisme.

« De la soi-disant “arche” en granit de Thoutmosis III à Karnak », GM 223, 2009, p. 43-52

The recently postulated granit « arch » of Thutmosis III before the VI th pylon at Karnak may have never existed. An architectural detail reveals that the central sandstone gate with its caveto cornice either preexited, either was contemporary to the granit massonnery which surrounds it. So there was never any free standing granit « arch », but a much more classical one-tower pylon with its gate. Few extra observations give complementary informations on the monument.

Lieux de mémoire, lieux sacrés chez Rutilius Namatianus : un paganisme "utopien"

Rutilius Namatianus, aristocrate païen en voyage et poète, éd. E. Wolff, Bordeaux, Ausonius, 2020, p. 163-173. , 2020

Si le poème de Rutilius Namatianus se prête particulièrement bien à une lecture intertextuelle, tant il convoque de modèles et de références 1 , il prend également des sens nouveaux lorsque l'on s'efforce de l'interpréter à la lumière de son contexte propre. Les deux perspectives se complètent d'ailleurs parfaitement : le recours aux auteurs latins les plus importants, Virgile, Horace, Ovide, qui marquent de leur présence la trame du De reditu et en infléchissent parfois la signification 2 , se comprend aussi dans le cadre du cercle auquel appartient probablement Rutilius, un cercle de sénateurs lettrés viscéralement attachés aux traditions romaines, sur lequel le poème lui-même nous donne des indices, et pour lesquels la lecture, l'écriture de lettres ou de poèmes sophistiqués, le commentaire des grands auteurs, permettent de faire revivre et de réactualiser un passé dont ils sont nostalgiques, d'affirmer l'éternité de Rome 3. Il est difficile de savoir avec précision jusqu'à quel point ce désir de conservation, voire de restauration, du mos maiorum, se double d'une réaction antichrétienne, la "nouvelle religion" étant suspectée par certains d'être la cause des revers subis par Rome. Le consensus savant actuel s'entend à considérer Rutilius comme un païen, hostile au christianisme, ou, du moins, à un christianisme radical 4 , pour des raisons qui ne sont pas strictement religieuses, mais plutôt d'ordre politique, social et culturel. Les invectives qu'il lance chemin faisant contre les Juifs, les moines, ou Stilicon, qui a voulu la perte de Rome en détruisant les livres sibyllins 5 , ses sacra les plus précieux, sont toutes fondées sur le violent rejet de ceux qui ne respectent pas, voire inversent, les coutumes ancestrales : les pratiques de sociabilité, la participation à la vie de la cité, le respect des institutions religieuses 6. Cela ne signifie pas que le De reditu dans son ensemble soit un pamphlet anti-chrétien. Cependant, le poème est bien emblématique d'un esprit traditionnaliste propre à l'élite sénatoriale romaine de l'époque 7 , la comparaison avec Symmaque, Servius, les convives du banquet

De Baal Hammon à Saturne, continuité et transformation des lieux et des cultes (IIIe sìecle av. J.-C. - IIIe sìecle apr. J.-C.)

The present paper is a study on the religious continuities and changes in North Africa from the 3rd century BC to the 3rd century AD, therefore from the pre-Roman (“Phoenician-Punic”) to Roman era. Starting from the archaeological and epigraphic evidences, it combines and compares the documentation related to the so-called Tophet sanctuaries with that related to the temples dedicated to Saturn. The goal is to analyse the evolution and transformation of sacred places, rituals and representations of the deities throughout a historical context characterized by variegated and changeable political and religious landscapes. Cet article présente une étude des continuités et des innovations religieuses que l’on observe en Afrique du Nord du IIIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle apr. J.-C., donc de l’époque préromaine (phéniciennepunique) à l’époque romaine. Il propose notamment de combiner et de confronter, à partir d’une documentation en majorité archéologique et épigraphique, le dossier de ce que l’on nomme les tophets à celui des sanctuaires de Saturne afin d’analyser le développement et la transformation des aires sacrées, des pratiques cultuelles et de la représentation des divinités dans un contexte historique caractérisé par des paysages politiques et religieux diversifiés et mouvants.

Construire un espace à part. Circulations rituelles et territoires sacrés à Bénarès

Cet article analyse les pratiques circulatoires hindoues autour de différents types de territoire sacralisé : temple, ville sainte et même nation, à partir de l’exemple de Bénarès en tant que ville sainte répliquant dans sa géographie sacrée plusieurs représentations de ces différents types de territoire. Le territoire de Bénarès-Kasi, d’abord, doit être envisagé comme un microcosme hindou (en prenant garde de ne pas durcir son image de modèle unique et éternel), dont la déambulation pèlerine fixe et réinvente les frontières depuis des siècles. Le temple banarsi dédié à Mère Inde (Bhārat Mātā), ensuite, réplique à travers la carte de l’Inde qui lui tient lieu d’« image divine » le territoire national à Bénarès en soulignant à la fois le principe de superposition/accumulation des différents types de territoire (un temple dédié au territoire national sur le territoire d’une ville sainte) et les dérives contemporaines identifiant territoire national et territoire sacré hindou. Le temple banarsi de Saṅkaṭ Mocan, enfin, permet d’étudier les pratiques circulatoires dévotionnelles à l’intérieur du temple ainsi que l’inscription de ce temple dans la géographie religieuse banarsie, témoignant d’enjeux et de réalités changeantes.