De la conservation en Amazonie : norme environnementale et démocratie territoriale à l’heure du « Faire mieux avec moins ». La Guyane française et l'État brésilien de l'Amapá entre tensions et normalisations (original) (raw)
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L’Atelier du Centre de recherches historiques. Revue électronique du CRH, 2018
De la conservation en Amazonie : norme environnementale et démocratie territoriale à l'heure du « Faire mieux avec moins ». La Guyane française et l'État brésilien de l'Amapá entre tensions et normalisations. Théo Jacob Résumé détaillé de thèse-En Amazonie, la conservation de la nature s'oriente vers le gouvernement des hommes : au nom de la biodiversité, on encadre des populations marginalisées sur des territoires enclavés. Initialement conçues comme des outils d'interdiction, les aires protégées accompagnent aujourd'hui la décentralisation. Leurs nouvelles missions de démocratie locale et de développement économique participent d'une évolution globalisée de l'administration publique, depuis une logique de « souveraineté » vers un registre de « gouvernementalité ». Ce travail s'attache à décrire comment la conservation de la nature s'affirme comme un laboratoire pour de nouvelles formes de gouvernance et de nouveaux modes de contrôle portés sur des territoires lointains, à la fois périphériques et stratégiques pour les États centraux. Dans ce contexte, les aires protégées constituent des outils de gestion « à moindre coût » du territoire, à travers lesquels on cherche autant à délimiter des espaces qu'à « mettre en mouvement » des populations en les responsabilisant pour la gestion de leur milieu. Cette recombinaison des modes d'exercices du pouvoir sur des espaces où les gouvernements centraux avait pris l'habitude, depuis l'époque coloniale, soit de gouverner à distance, soit de déléguer l'autorité selon une logique clientéliste aux élites locales, s'inscrit dans le cadre du « Faire mieux avec moins » : un avatar contemporain de l'État libéral, incarné dans la doctrine du Nouveau management public (NMP). À travers les aires protégées, l'appareil étatique parviendrait à réduire ses coûts d'interventions, en cherchant, par le truchement d'un gouvernement psychologique plus qualitatif, l'enrôlement spontané des acteurs à un projet de gouvernement censé renforcer leur autonomie. Une politique, qualifiée de pragmatique, qui corrigerait marginalement les inégalités de pouvoir en promouvant la participation de nouvelles catégories d'acteurs à la prise de décision publique-lesquelles parviendraient à concurrencer, par le bas, des élites politiques et économiques qui tantôt structurent, tantôt menacent, la gouvernabilité de ces territoires.
Collection EDYTEM. Cahiers de géographie, 2010
Les rapports des hommes à leur environnement dans les aires protégées se veulent particuliers, avec des objectifs affichés d'une cohabitation visant une forme « d'harmonisation» entre la nature et les sociétés. La régulation juridique qui en découle proviem davantage des gestionnaires extérieurs aux territoires considérés que des acteurs mêmes qui y vivent et qui les construisent. La rénovation législative des parcs nationaux nous conduit à nous interroger sur la nature du droit dans les aires protégées. Serait-il concevable de penser la formation d'un droit davantage négocié qu'imposé ? La question peut légitimement se poser dans le cas du parc amazonien de Guyane qui intègre en zone de libre adhésion plusieurs communautés autochtones et locales exprimam une diversité et une altérité socioculturelles. Le droit commun se conjugue ainsi avec un droit né de la pratique et endogène am groupes. Cette situation conduit à s'interroger sur une articulation entre les deux systèmes juridiques (droit positif et droit dù coutumier). Nous partons de l 'hypothèse d'un processus intégrateur des régulations superposées, celle «par le bas» et celle « paf le haut », au moyen de la négociation. L'expression d'un « droit négocié» qui, en l'occurrence, est à construire au sein du Parc Amazonien de Guyane (PAG),peut se définir et se justifier par trois aspects, à partir de l'exemple de la communauté amérindienne Wayana: la prise en compte d'une légalité confrontée aux légitimités socio-culturelles, l'intégration de l'endogène dans la formation du droit, la négociation de la formalisation d'un lien entre les pratiques, les représentations locales et la logique Républicaine.
La réforme législative des parcs nationaux français de 2006 a pris acte des nouvelles conceptions du développement durable, permettant la présence des populations locales dans les aires protégées et promouvant leur participation à la gestion du patrimoine naturel 1 . Toutefois, ces conceptions sous-tendent des projets si variés qu'elles n'impliquent pas toujours une rupture claire avec la tradition centralisée et protectionniste qui a prévalu jusqu'ici. La réforme française des parcs nationaux pose alors la question des limitations de l'occupation humaine des espaces protégés et des modalités de l'association des populations locales aux mesures de gestion.
2009
La réforme législative des parcs nationaux français de 2006 a pris acte des nouvelles conceptions du développement durable, permettant la présence des populations locales dans les aires protégées et promouvant leur participation à la gestion du patrimoine naturel 1. Toutefois, ces conceptions sous-tendent des projets si variés qu'elles n'impliquent pas toujours une rupture claire avec la tradition centralisée et protectionniste qui a prévalu jusqu'ici. La réforme française des parcs nationaux pose alors la question des limitations de l'occupation humaine des espaces protégés et des modalités de l'association des populations locales aux mesures de gestion. Nous étudions ces questions à partir de l'exemple du parc amazonien de Guyane dont la création en février 2007 fait suite à la Chapitre 6 La création du parc amazonien de Guyane : redistribution des pouvoirs, incarnations du « local » et morcellement du territoire Catherine AUBERTIN Geoffroy FILOCHE 1 Ce chapitre s'inscrit dans le cadre de l'ATI « Aires protégées » de l'IRD et dans le cadre du programme de recherche EEPA (Evaluating Effectiveness of Participatory Approaches in Protected Areas-IUED/UICN/MAB/IRD). Nous remercions vivement Françoise Grenand pour ses commentaires et la relecture attentive de ce texte. AIRES PROTÉGÉES, ESPACES DURABLES ? 164 2 Loi n°2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs naturels régionaux. Décret n°2007-266 du 27 février 2007 créant le parc national dénommé « Parc amazonien de Guyane ». 3 Descendants des esclaves noirs fugitifs du XVIII e siècle, aussi appelés Noirs Marrons.
L'enjeu d'un droit négocié pour le Parc Amazonien de Guyane (2012)
2012
Designing a negotiated law for the French Guiana Amazonian Park. In protected areas the relationship of people with their environment is defined by the stated objectives of ensuring a form of cohabitation designed to achieve “harmonization” between nature and society. Juridical regulations, however, result in involving a greater number of managers from outside the areas considered than of stakeholders living there. The amendment of French national parks legislation raises the question of the nature of law in protected areas. Could a law that is negotiated rather than imposed be envisaged? The question may legitimately be raised for the French Guiana Amazonian Park in which several indigenous and local communities displaying a marked socio-cultural diversity are included in the “adhesion area”. The law is faced here with another law born out of the practice of endogenous groups. This situation raises questions about establishing a link between the two legal systems (positive law and endogenous law). We start from the assumption of an integrating process of overlapping regulations, i.e. those from the “bottom” and those from the “top” through negotiation. The notion of “negotiated law”, which in the present case is to be forged for the French Guiana Amazonian Park, may be defined and justified by three considerations, taking the Amerindian Wayana community as an example: a) introduction of a law faced with socio-cultural legitimacy; b) integration of the endogenous dimension in coining the law, and c) negotiation of a formalized relationship between practices, local representations and Republican logic. Negotiation led to defining a negotiated law resulting from a syncretism of “being” and “should be” behavioural models coordinated in an intercultural perspective.