Mondialisation impériale : migrations, rapports sociaux de sexe, exploitation et domination (original) (raw)

Mondialisation et « impérialisme à l’envers »

La mondialisation, stade suprême du capitalisme ?

Dès le début des années 1970 1 , Charles Albert Michalet analysait-l'un des premiersles firmes multinationales et leur rôle dans la mondialisation, et en 1976 paraissait Le capitalisme mondial aux Presses universitaires de France. Dans l'esprit du temps, il avait alors repensé de façon critique les grandes thèses de l'impérialisme pour tester leur adéquation aux transformations en cours. Dès 2002, dans Qu'est-ce que la mondialisation, et surtout en 2007, dans Mondialisation, la grande rupture, Charles Albert Michalet avait eu l'intuition de ce qu'il nommait « l'impérialisme à l'envers », celui de jeunes économies émergentes, par une forme de « dialectique du maître et de l'esclave » inspirée de Hegel. Les théories de l'impérialisme qui se développèrent jadis sous les plumes de John A. Hobson (le premier à employer le terme en 1902 dans son ouvrage Imperialism, A Study 2), des austro-marxistes (Otto Bauer et Rudolph Hilferding), de Rosa Luxemburg et de Lénine, méritent d'être revisitées. Leur argumentation est d'actualité, mais à condition de renverser la perspective à laquelle nous sommes habitués. Ne peut-on se demander en effet si les théories de l'impérialisme telles qu'un Lénine ou une Rosa Luxemburg les ont popularisées ne s'appliquent pas aujourd'hui à un pays émergent comme la Chine. L'impérialisme, loin d'être le stade suprême du capitalisme, en serait le stade d'émergence, une maladie sinon infantile du capitalisme, du moins de son adolescence. À ce titre mieux vaudrait parler d'impérialisme d'émergé. Est-il nécessaire de rappeler que l'Angleterre et la France de la fin du XIX e siècle et du début du XX e siècle, les États-Unis après la Seconde guerre mondiale, pays au capitalisme de maturité, étaient des nations colonialistes ou impérialistes ? Il s'agit donc seulement ici de relire les théories de l'impérialisme de ce début du XX e siècle en remarquant qu'elles s'appliquent aujourd'hui à un grand pays émergent. D'ailleurs des auteurs comme John A. Hobson, Rudolph Hilferding et Joseph A. Schumpeter avaient compris que les caractéristiques des pays alors émergents les poussaient à l'impérialisme. * Professeur émérite à l'université Lyon 2, chercheur à Triangle UMR CNRS 5206.

Migrations, classes et genre : les rapports de domination en mouvement

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2017

Cette contribution part d'un double constat. Le premier est que l'étude de la question migratoire ne peut pas faire l'économie d'une réflexion critique relative au cadre épistémologique sur lequel se fonde la production de l'immigration en tant qu'objet scientifique (Sayad 1997). Celui-ci est légitimé à différents niveaux (états, universités, institutions académiques) et s'accommode du rôle que les sciences sociales jouent dans la mise en place des avenirs démocratiques (Commission Gulbenkian, 1996 ; Remaud, Schaud, Thireau 201 ; Calhoun, Wieviorka 2013 ; Appadurai 2014). Le second est que l'examen des situations migratoires doit inclure tous les sujets impliqués (migrant.e.s et non migrant.e.s, installé.e.s et de passage) afin de saisir les conjonctions et les disjonctions qui se nouent entre les sujets en mouvement et les acteurs économiques, culturels, sociaux, juridiques. Une telle approche dynamique et processuelle interroge les paradigmes interprétatifs dominants. En effet, l'étude des faits migratoires repose sur une conception sédentaire qui regarde au mouvement humain-et à fortiori à celui des femmes-comme une sorte d'anomalie du fonctionnement sociétal (Albera 1997, Castels 2010). De conséquence, inverser l'optique analytique ouvre une question fondamentale : comment (et si) l'étude du mouvement porte à redéfinir les cadres d'analyse des rapports de domination ?

Querelles transnationales sur l'oppression et le sexe

L'Homme et la Société, 2017

Il s'agit de l'introduction au volume : Corps sexué, corps genré : une géopolitique - Pierre Bras (ed), L'Homme et la Société 203-204 (2017/1-2). Le genre domine débats contemporains et études féministes. Ce n'est pas sans conséquence politique : selon Juliet Mitchell la lutte pour l'égalité des sexes risque d'être oubliée en raison du reproche d'hétéronormativité que lui adresse Judith Butler. Assiste-t-on à une mise en concurrence de la lutte en faveur de l’homosexualité et du combat pour l’égalité femmes-hommes, concurrence qui justifierait la victoire du genre sur le sexe ? Il s'agit de déjouer une approche du genre qui rend illisible l'oppression et l'occulte, car elle enferme dans l'identité au détriment de la singularité qui s'épanouit dans les relations de sociabilité. Gommer la différence des sexes empêche de voir la réalité à combattre : l’oppression. Cette oppression dont on commence dangereusement, çà et là à travers le monde et par la géopolitique des idées, à nier l’existence.

Race, classe, genre et sexualité : entre puissance d'agir et ambivalence coloniale

Multitudes, 2006

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Romantisme et mondialisation

Romantisme, 2014

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Homonationalisme et impérialisme sexuel : politiques néolibérales de l'hégémonie

Raisons Politiques, 2013

Cet article, s'appuyant spécifiquement sur le livre de Jasbir Puar de 2007 Terrorist Assemblages, récemment mais partiellement traduit en français, cherche à questionner et mettre en perspective certains outils théoriques décrivant de nouvelles formes d'impérialisme culturel. Les concepts d'homonationalisme et d'exceptionnalisme sexuel seront analysés et discutés à l'aune des phénomènes nationaux et transnationaux récents du nouvel impérialisme. À travers une lecture matérialiste, il sera aussi question de voir comment l'homonationalisme et les politiques américains d'inclusion et d'exclusion concernant respectivement les subjectivités queer blanches et les sujets racialisés, notamment arabes et/ou musulmans (queer ou pas), s'insèrent dans un cadre plus large de lutte pour l'hégémonie sous-jacente aux politiques néolibérales du capitalisme globalisé. On assiste dès lors à une nouvelle étape de l'impérialisme qui utilise désormais, et de plus en plus, les politiques de sexualité comme une stratégie d'accumulation de capital.