« Byzance » et la modernité roumaine : de la négation à la patrimonialisation sous l'influence française (original) (raw)

L'exposition "Byzance et la France Médiévale", la Bibliothéque Nationale, juin-décembre 1958 / Piotr Skubiszewski

1959

Piotr SKUBISZEWSKI L ' e x p o s i t i o n " B y z a n c e e t l a F r a n c e M é d ié v a le " à l a B i b l i o t h è q u e N a t i o n a l e , j u i n-d é c e m b r e 1958 Organisée par les soins de M. Jean P o r c h e r , conservateur en chef du Département des M anu scrits de la Bibliothèque Nationale, aidé par M. Charles A s t r u c, Mlle Marie-Louise C o n c a s t y et Mlle M arie-Thérèse L e L é a n n e c , conservateurs, cette exposition s'inscrit dans une serie d'entre prises similaires tenues à la Bibliothèque Nationale depuis 1954, qui ont présenté les richesses de Fenluminure française au moyen âge. Les deux premières ont montré l'ensemble des matériaux de l'époque mérovingienne aux débuts de la Renaissance1. Celle qui nous occupe ici fut consacrée à un problème plus restreint: les relations artistiques entre FEmpire byzantin et la France au moyen âge, notamment dans le domaine des manuscrits à peintures2. Le prodigieux fond grec de Paris (environ cinq mille manuscrits) permit de développer pleinement ce thème et de montrer tous ses problèmes fort intéressants et parfois compliqués. Les organisateurs ont réuni 98 manuscrits grecs de provenances diverses, 42 manuscrits latins, pour la plupart carolingiens et romans d'origine française ainsi que quelques dizaines d'ivoires, de médailles, de sculptures et de moulages. L'exposition s'attache à deux problèmes principaux. Le premier c'est le développement de l'enlum i nure byzantine telle quelle: la question des survivances antiques, des écoles diverses, des changements de style. Le second, plus important peut-être, se dessine sur le fond créé par le premier: ce sont les influ ences orientales subies par l'art d'Occident, et, inversement, son sujet est aussi une courte période des croisades où l'enluminure romane et gothique laissa des empreintes indiscutables sur la peinture de Terre Sainte. Les manuscrits réunis dans la Galerie Mazarine ont largement dépassé le cadre thématique signalé par le titre de l'exposition. Quoique son sujet proprement dit, le problème des relations artistiques entre l'Orient et l'Occident, y fût facile à suivre, on a eu l'impression d'une prépondérance des manuscrits byzantins parfois détachés de cette idée-maîtresse. Peu de vitrines ont présenté ensemble les manuscrits orientaux et occidentaux pour démontrer cette interdépendence, et on visitait les deux groupes séparément. Cette division fut aussi nettement accentuée dans l'introduction du Catalogue, excellente, d'ailleurs écrite par M. Porcher et Mlle M. L. Concasty. Ce n'est que dans sa seconde partie qu'on nous présente le problème d'influences, la première ayant le caractère d'un aperçu historique général concernant l'enlu minure byzantine. Il ne saurait être question cependant de critiquer ici cette conception qui a permis de donner une image limpide de ce qu'était l'art byzantin, et de ce que l'Occident a puisé dans cet héritage d'une civilisation encore plus ancienne. Notons maintenant quelques remarques faites au cours de la visite. Le ms. suppl. gr. 1294 (cat. nº 2), un fragment littéraire inconnu du IIe siècle appartenant aux plus précieux trésors de la collection pari sienne, est placé en tête de l'exposition. M. K. W e i t z m a n n a démontré l'importance de cette épave pour la reconstitution du processus du développement de la manière narrative dans l'art3. A la fin de l'époque hellénistique et dans la peinture de l'empire romain la narration picturale s'était déjà 1 Bibliothèque Nationale. Les manuscrits à peintures en France du VIIe au XIIe siècle, Paris 1954 (2eme édition). Biblio thèque Nationale. Les manuscrits a peintures en France du XIIIe au XVIe siècle. Préface d'André M a lr a u x , Paris 1955. 2 Bibliothèque Nationale. Byzance et la France médiévale. Manuscrits à peintures du IIe au XVIe siecle. Paris 1958. 3 K. W e itz m a n n, Narration in Early Christendom (Narration in Ancient Art. A Symposium of the Archeological

L'exposition "Byzance et la France Médiévale", la Bibliothéque Nationale, juin-décembre 1958

Studia Źrodloznawcze, 1959

Piotr SKUBISZEWSKI L ' e x p o s i t i o n " B y z a n c e e t l a F r a n c e M é d ié v a le " à l a B i b l i o t h è q u e N a t i o n a l e , j u i n-d é c e m b r e 1958 Organisée par les soins de M. Jean P o r c h e r , conservateur en chef du Département des M anu scrits de la Bibliothèque Nationale, aidé par M. Charles A s t r u c, Mlle Marie-Louise C o n c a s t y et Mlle M arie-Thérèse L e L é a n n e c , conservateurs, cette exposition s'inscrit dans une serie d'entre prises similaires tenues à la Bibliothèque Nationale depuis 1954, qui ont présenté les richesses de Fenluminure française au moyen âge. Les deux premières ont montré l'ensemble des matériaux de l'époque mérovingienne aux débuts de la Renaissance1. Celle qui nous occupe ici fut consacrée à un problème plus restreint: les relations artistiques entre FEmpire byzantin et la France au moyen âge, notamment dans le domaine des manuscrits à peintures2. Le prodigieux fond grec de Paris (environ cinq mille manuscrits) permit de développer pleinement ce thème et de montrer tous ses problèmes fort intéressants et parfois compliqués. Les organisateurs ont réuni 98 manuscrits grecs de provenances diverses, 42 manuscrits latins, pour la plupart carolingiens et romans d'origine française ainsi que quelques dizaines d'ivoires, de médailles, de sculptures et de moulages. L'exposition s'attache à deux problèmes principaux. Le premier c'est le développement de l'enlum i nure byzantine telle quelle: la question des survivances antiques, des écoles diverses, des changements de style. Le second, plus important peut-être, se dessine sur le fond créé par le premier: ce sont les influ ences orientales subies par l'art d'Occident, et, inversement, son sujet est aussi une courte période des croisades où l'enluminure romane et gothique laissa des empreintes indiscutables sur la peinture de Terre Sainte. Les manuscrits réunis dans la Galerie Mazarine ont largement dépassé le cadre thématique signalé par le titre de l'exposition. Quoique son sujet proprement dit, le problème des relations artistiques entre l'Orient et l'Occident, y fût facile à suivre, on a eu l'impression d'une prépondérance des manuscrits byzantins parfois détachés de cette idée-maîtresse. Peu de vitrines ont présenté ensemble les manuscrits orientaux et occidentaux pour démontrer cette interdépendence, et on visitait les deux groupes séparément. Cette division fut aussi nettement accentuée dans l'introduction du Catalogue, excellente, d'ailleurs écrite par M. Porcher et Mlle M. L. Concasty. Ce n'est que dans sa seconde partie qu'on nous présente le problème d'influences, la première ayant le caractère d'un aperçu historique général concernant l'enlu minure byzantine. Il ne saurait être question cependant de critiquer ici cette conception qui a permis de donner une image limpide de ce qu'était l'art byzantin, et de ce que l'Occident a puisé dans cet héritage d'une civilisation encore plus ancienne. Notons maintenant quelques remarques faites au cours de la visite. Le ms. suppl. gr. 1294 (cat. nº 2), un fragment littéraire inconnu du IIe siècle appartenant aux plus précieux trésors de la collection pari sienne, est placé en tête de l'exposition. M. K. W e i t z m a n n a démontré l'importance de cette épave pour la reconstitution du processus du développement de la manière narrative dans l'art3. A la fin de l'époque hellénistique et dans la peinture de l'empire romain la narration picturale s'était déjà 1 Bibliothèque Nationale. Les manuscrits à peintures en France du VIIe au XIIe siècle, Paris 1954 (2eme édition). Biblio thèque Nationale. Les manuscrits a peintures en France du XIIIe au XVIe siècle. Préface d'André M a lr a u x , Paris 1955. 2 Bibliothèque Nationale. Byzance et la France médiévale. Manuscrits à peintures du IIe au XVIe siecle. Paris 1958. 3 K. W e itz m a n n, Narration in Early Christendom (Narration in Ancient Art. A Symposium of the Archeological

L’héritage partagé ? Byzance, Fallmerayer et la formation de l’historiographie bulgare au XIXe siècle

Héritages de Byzance en Europe du Sud-est à l’époque moderne et contemporaine, 2013

Le texte analyse les représentations alternatives de Byzance dans l’imaginaire collectif bulgare du xixe s. Le canon historique décrit les relations entre les Bulgares et l’Empire comme un duel épique entre « les principes moraux du monde barbare » et « la félonie de la civilisation ancienne ». Cependant, l’utilisation de ce schéma dans un contexte politique mène au développement d’un complexe barbare. Dans l’effort d’accroître les capitaux symboliques de l’identité bulgare, les idéologues de la nation tentent de partager avec les Grecs les droits sur l’héritage prestigieux de Byzance, mais la thèse de Fallmerayer s’avère, sous ce rapport, infructueuse. La résistance à présenter l’orthodoxie et l’alphabet cyrillique comme les résultats de transferts culturels est au cœur de l’identité nationale, et cela explique pourquoi l’historiographie du xixe s. n’a pas réussi à légitimer la place des Bulgares parmi les héritiers de l’Empire byzantin.

Byzance et l'Occident devant la sacralité des images. Quatre questions

There have always been misunderstandings when talking about the attitude in front of the sacred character of images adopted by the western Church in comparison to the Byzantine one. This article is an attempt to clarify four questions which are significant for the understanding of the evolution of the way of perceiving images during the Middle Ages: the mental image and the artificial image, the image as a Bible of the illiterate, the relation between word and image and the image seen as historia.