Représentation et mémoire urbaine : repères et identité dans une ville en transition (original) (raw)

Cheminements autour de l'identité urbaine

2010

Nicolas Bautès, UMR ESO 6590 -ESO-Caen Claire Guiu -UMR ESO 6590 -ESO-Nantes « Je n'eus besoin pour les faire renaître que de prononcer ces noms : Balbec, Venise, Florence, dans l'intérieur desquels avait fini par s'accumuler le désir que m'avaient inspiré les lieux qu'ils désignaient. Même au printemps, trouver dans un livre le nom de Balbec suffisait à réveiller en moi le désir des tempêtes et du gothique normand ; même par un jour de tempête le nom de Florence ou de Venise me donnait le désir du soleil, des lys, du palais des Doges et de Sainte-Marie-des-Fleurs. Mais si ces noms absorbèrent à tout jamais l'image que j'avais de ces villes, ce ne fut qu'en la transformant, qu'en soumettant sa réapparition en moi à leurs lois propres (….). Ils exaltèrent l'idée que je me faisais de certains lieux de la terre, en les faisant plus particuliers, par conséquent plus réels. Je ne me représentais pas alors les villes, les paysages, les monuments, comme des tableaux plus ou moins agréables, découpés çà et là dans une même matière, mais chacun d'eux comme un inconnu, essentiellement différent des autres, dont mon âme avait soif et qu'elle aurait profit à connaître. » (Proust M., A la recherche du Temps perdu. Du côté de chez Swann).

Musique, identité et « ville-monde »

L’Homme, 2004

© École des hautes études en sciences sociales SI LE TERME D'« IDENTITÉ » était très prisé dans les années 1990, il est aujourd'hui source de nombreuses critiques, et ceux qui l'utilisent encore paraissent naïfs ou dépassés. Cet article vise simplement à insister sur le fait que cette notion a encore fort à faire, dans un contexte de mondialisation qui, sans la modifier fondamentalement, la complexifie. Avant de développer cela, il est utile de rappeler les différents courants théoriques. Le point de vue prédominant dans les sciences humaines et sociales, entre le milieu des années 1970 et celui des années 1990 (lorsque les critiques devinrent virulentes), se résume à l'idée que l'on produit de l'identité en entrant dans des rapports symboliques avec l'autre (principalement par le langage, mais non exclusivement) ; l'identité n'existe pas et ne peut exister avant ou indépendamment de ce processus. Les rapports impliqués sont complexes et souvent farouchement contestés ; certaines voix se font entendre, mais d'autres sont étouffées ; certains y sont extrêmement sensibles, d'autres sont à peine conscients de la nature de la situation dans laquelle ils sont tous impliqués. La psychanalyse, la sociologie et l'anthropologie ont éclairé une telle complexité, chacune à leur façon. Naturellement, la psychanalyse insista sur la dynamique affective de tels rapports, la sociologie sur ceux de pouvoir et l'anthropologie sur les processus de médiation symbolique, même si chaque domaine de recherche allait puiser de plus en plus et de manière fructueuse aux découvertes des autres. Toutes les disciplines soulignaient la nature incertaine de l'identification en tant que processus social qui produit l'« identité ». Le point de vue scientifique de l'époque, qui considérait l'identité comme relationnelle, contextuelle et discursive, était en nette divergence par rapport au point de vue profane, pour qui l'identité est une conscience de soi, stable et prédéfinie, c'est-à-dire une intériorité subjective, qui exige une extériorisation dans une forme censée être « vraie » ou « authentique ». Cependant, vers la fin du XX e siècle, les modes de pensée scientifique et populaire convergèrent dans la façon de concevoir l'identité, tout se compliquant. Les

La construction de l'image d'une ville: représentation de la centralité et identité urbaine

Transitions et rapports à l'espace, L'Harmattan, Paris, 2005

Le concept de transition renvoie à plusieurs acceptions. Dans le cadre de l'environnement urbain, nous nous intéresserons plus particulièrement à trois types de transitions : (1) les transitions spatiotemporelles, (2) les transitions psychosociales et (3) les transitions socio-spatiales. Les transitions spatio-temporelles réfèrent à l'ancrage territorial de l'histoire d'une ville et à l'incidence de ruptures dans la continuité de ce processus ; il s'agira d'expliciter la façon dont un groupe territorial construit son identité en partie à travers la mémoire du lieu qu'il occupe. Nous montrerons l'importance du rôle de la lisibilité de la mémoire d'un lieu dans le bâti sur l'appropriation de la ville et sur la construction de l'identité de lieu des habitants. Les transitions psychosociales relèvent des évolutions liées au changement de position sociétale ; nous montrerons que les relations avec l'environnement urbain varient en fonction des étapes du développement individuel. Les transitions socio-spatiales renvoient à la distinction sociale induite par la structure d'une ville. La ville est lue comme une matrice, un ensemble de territoires, que des groupes sont plus ou moins susceptibles de s'approprier du fait de leur appartenance sociale et des significations données à l'espace. Nous insisterons sur l'incidence du lieu de résidence sur la représentation que les citadins ont des différents lieux qui composent la ville ainsi que sur l'identification au lieu de vie.

Les représentations symboliques de la ville : des armoiries aux logos, entrée de la ville dans l'hypermodernité

Cahiers de recherche, IAE Toulouse, 2007

1 Les représentations symboliques de la ville : des armoiries aux logos, entrée de la ville dans l'hypermodernité Boris Maynadier Doctorant IAE Toulouse b_maynadier@yahoo.fr http://brandingthecity.over-blog.com Résumé Les villes changent de système de représentation symbolique à des moments charnières de leur histoire. Elles se sont dotées d'armoiries au XIIe siècle, et ce n'est qu'à la fin du XXe qu'elles remplacent leurs symboles héraldiques moyenâgeux par des logos modernes. Le parcours des villes des armoiries aux logos construit une véritable narration qui est analysée grâce à la sémiotique structurale. Par l'utilisation de logos ou de blasons la ville met en jeu son rapport à son histoire et à la modernité dans le cadre de son marketing. Par une réflexion menée sur ces symboles, certaines cités se distinguent en révélant de véritables marques de villes.