Alésia : l’instrumentalisation actuelle d’une prétendue controverse, entre mythe national et théorie du complot (original) (raw)

« Le siège d’Alésia dans les Commentaires de César : un outil de propagande ? », Annales de Bourgogne (Université de Dijon), 2020, p. 5-23.

Commandant une troupe hétéroclite, le chef arverne Vercingétorix, qui avait appris la tactique des Romains lorsqu'il était à leurs côtés et qui s'appuyait sur une cavalerie efficace, réussit à tenir tête aux légions césariennes pendant six mois, et à les défaire à Gergovie en 52 avant J.-C. 1 Son objectif étant de couper César et ses troupes de la Province, qui constituait leur base arrière, il obligea peu de temps plus tard son adversaire à faire le siège devant Alésia, localité mythique fondée, disait-on, par Hercule lui-même et foyer religieux connu dans toute la Gaule. Fidèle à sa stratégie gergovienne, Vercingétorix ne voulait pas tenter le sort en affrontant l'adversaire en bataille rangée. Toutefois, il y fut défait après plusieurs semaines de résistance active et passive ; le lieu du choc, la plaine des Laumes, offrit l'habituelle plaine convoitée par les légionnaires.

Problématisation et débat d’idées : litiges et différends. Le cas de la controverse de Valladolid

Recherches en éducation, 2006

On peut ranger les problèmes sous trois rubriques très générales : les énigmes, les échecs et les controverses. Ce sont comme les trois figures du Sphinx, le lion-femme-oiseau ! (Fabre, 1999). Cet article traite d'une controverse. Nous avons déjà étudié des débats scientifiques en classe (Orange, 2005), des problématisations scientifiques, celles de Claude Bernard sur le milieu intérieur (Orange, 2003). Mais qu'en est-il du débat d'idées ou de société ? Se laisset-il appréhender de la même façon ? 2 Résumé J'ai choisi la controverse de Valladolid (1550) qui a donné lieu au film de Jean-Daniel Verhaeghe, paru en 1992 sur le scénario de Jean-Claude Carrière. Carrière en a fait un roman. C'est ce texte que je me propose de travailler 3. Evidemment, il s'agit d'un roman et non des minutes du débat historique lui-même. Cependant, Jean-Claude Carrière me semble suffisamment bien informé sur le dossier, les argumentaires en cours, les enjeux. Ce qui m'intéresse n'est d'ailleurs pas la vérité historique du débat. Je cherche seulement à savoir si l'on peut décrire la problématique qui sous-tend cette controverse avec les outils théoriques que nous avons construit au séminaire « problématisation » du CREN. En particulier les distinctions entre données, conditions du problème et registres (ici axiologique ou métaphysique) sont-elles pertinentes ? Evidemment, l'enjeu est beaucoup plus général. Il s'agit à travers une étude de cas, de comprendre comment on peut analyser des débats d'idées, y compris des débats en classe. Mon objectif à long terme rejoint ceux des chercheurs qui s'occupent de la philosophie dans les classes de l'école primaire et du collège : autrement dit l'éveil de la réflexion. Mais avant de pouvoir proposer des outils aux maîtres pour conduire des débats, encore faut-il comprendre comment ça marche. Michel Meyer (1993, p.22) donne une définition de la rhétorique qui convient particulièrement bien ici : « la rhétorique est la négociation de la distance entre les hommes à propos d'une question, d'un problème ». Et comme Meyer, je pense que pour appréhender vraiment la rhétorique il faut dépasser le plan des solutions et même celui de l'argumentation, des thèses en présence, pour remonter au problématique lui-même, c'est-à-dire à la construction des problèmes. Je voudrais inscrire cette contribution dans le cadre d'une rhétorique non aristotélicienne. En effet, Aristote ne semble s'intéresser qu'au débat argumenté, aux propositions en présence dans la controverse, comme il le montre, dans les Topiques (I, 10) où il confond thèses et problèmes. Pour lui, un problème ce n'est qu'une thèse munie d'un point d'interrogation. On passe ainsi de « la démocratie est le meilleur régime » à « la démocratie estelle oui ou non le meilleur des régimes ? ». Aristote manque ainsi le domaine du problématique. Et

L’«espace» d’une controverse.

2004

Les controverses socio-techniques ont déjà fait l'objet de nombreuses publications scientifiques et il est frappant de constater que ce sujet d'étude est l'apanage quasi exclusif des sociologues des sciences et techniques. Les géographes ne semblent pas porteurs d'une compétence spécifique dans le domaine. Or, la composante spatiale est pourtant bien présente dans ce genre de situation, car la controverse peut concerner des espaces qui vont se trouver pris dans le débat.

Genèse 2-3 : Mythe ou vérité ? Un sujet de polémique entre païens et chrétiens dans le Contre Julien de Cyrille d’Alexandrie

Revue d'Etudes Augustiniennes et Patristiques, 2008

Genèse 2-3 : Mythe ou vérité ? Un sujet de polémique entre païens et chrétiens dans le Contre Julien de Cyrille d'Alexandrie 1. PHILON D'ALEXANDRIE, De opificio mundi 157. 2. Pour la numérotation des fragments de cette oeuvre, voir l'édition d'E. Masaracchia, GIULIANO IMPERATORE, Contra Galilaeos, Roma, 1990. 3. Je tiens à remercier ici Christoph Riedweg qui prépare l'editio major du Contre Julien I-V pour le Corpus de Berlin et qui a bien voulu me transmettre son texte provisoire, la seule édition publiée étant encore celle de PG 76. Dans l'édition des Sources Chrétiennes, seuls les livres I-II sont édités et traduits (SC 322).

Une analytique de la biopolitique: considérations sur l’histoire et l’actualité d’un concept controversé

2009

Ces dernières années, le concept de biopolitique a suscité un intérêt surprenant au point d’avoir été employé de façon hétérogène voire contradictoire. La présente contribution se propose de systématiser les différents usages qui en ont été faits afin d’apporter quelque lumière à la confusion qui règne autour de ce concept. En guise de grille d’analyse, nous sommes parti de la polarité constitutive du concept né du rapprochement entre les termes de « vie » et de « politique ». De cette manière, les positions naturalistes, qui conçoivent la vie comme le fondement pré-politique de la politique, sont à distinguer des approches politologiques qui envisagent quant à elles les processus vitaux comme un objet extrapolitique de la politique. Dans les deux premières parties de cette contribution, nous présenterons les contextes historiques d’émergence ainsi que les variantes analytiques de ces deux lignes d’interprétation. La thèse principale avance que les deux approches ne rendent pas entièrement compte des dimensions centrales des processus biopolitiques. Face à la lecture naturaliste et politologique, la troisième partie tentera d’esquisser un concept historique de la biopolitique que le philosophe français Michel Foucault a été le premier à développer. Une quatrième partie se propose de synthétiser les révisions et développements théoriques ultérieurs proposés par les critiques du concept foucaldien dans une analytique de la biopolitique que nous confronterons ensuite aux formes bioéthiques d’analyse et de réflexion.

Réflexions sur ce que pourrait être une polémologie des controverses judéo-chrétiennes médiévales

Les régimes de polémicité au Moyen Äge, dir. B. Sère, Presses Universitaires de Rennes, 2019

La « polémologie » des controverses entre juifs et chrétiens reste un domaine d'autant plus inexploré que ces controverses, elles-mêmes, n'ont à ce jour fait l'objet d'aucune étude d'ensemble. Les travaux les mieux documentés présentent plusieurs caractéristiques communes qui limitent nécessairement la portée de leurs conclusions : ils n'intéressent, le plus souvent, qu'un seul texte ou un seul auteur, une sélection de textes, une thématique particulière, une période ou un espace circonscrits ; relative-ment peu nombreuses, les mises en contexte sont toujours restreintes, et, en tout état de cause, jamais étendues à l'ensemble de la polémique judéo-chrétienne ; dans la plupart des cas, enfin, les interactions entre traditions polémiques juive et chrétienne sont ignorées comme si ce vaste corpus s'était constitué sans que ses deux composantes pluriséculaires se soient jamais rencontrées… En ce domaine comme ailleurs, l'analyse de détail reste indispensable, mais elle ne saurait se substituer à une mise en perspective et une réflexion problématisée portant sur l'ensemble du dossier, seules susceptibles de mettre en évidence sa spécificité-s'il en a une-et celle de ses composantes. Les problématiques relatives aux controverses religieuses, et plus particulièrement à celle qui oppose ici christianisme et judaïsme, sont trop nombreuses et trop inextricablement mêlées pour être toutes abordées dans ce contexte nécessairement restreint. Nous voudrions proposer, tout au plus, un état du dossier et une première approche des questionnements qui paraissent être à la fois les plus compréhensifs, les plus novateurs et les plus négligés 1 .