Écrire le passé au Québec: de l’amertume au pardon (original) (raw)
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Letras de Hoje, 2015
Le présent article vise à examiner le statut du passé dans quatre romans québécois contemporains qui cherchent à l' inscrire dans le temps présent, ce qui les conduit à prendre leurs distances par rapport au sous-genre du roman historique-lequel ne met pas généralement l' accent sur un effort d' anamnèse engagé au présent, ni sur la quête obsessionnelle d' une "vérité du passé" capitale pour l' époque contemporaine. Après un premier survol des divers usages de l' histoire dans la prose narrative actuelle au Québec, il est possible de conclure qu' on y relève bel et bien des romans de l' histoire au présent, même si c' est souvent une histoire mineure, diffuse ou encore lointaine. Le fait que peu de romans prennent en charge les événements majeurs de la mémoire nationale ne veut certainement pas dire que le passé y est minoré; mais il semble qu' il soit encore difficile, pour la fiction québécoise, de revenir sur les épisodes clés de l' histoire pour les relier à des enjeux mémoriels, identitaires ou éthiques actuels. Mots clés: Roman québécois; Histoire; Roman historique contemporain; Archives Resumo: O presente artigo visa a examinar o estatuto do passado em quatro romances quebequenses contemporâneos que buscam inseri-lo no tempo presente, o que os leva a se distanciarem do subgênero do romance histórico-o qual geralmente não evidencia um esforço de anamnese engajada no presente, nem a busca obsessiva de uma "verdade do passado" capital para a contemporaneidade. Após uma primeira visada panorâmica sobre diversos usos da história na prosa narrativa atual no Quebec, é possível concluir que há sem dúvida romances da história no presente, mesmo que seja frequentemente uma história menor, difusa ou ainda distante. O fato de poucos romances tratarem de eventos maiores da memória nacional não quer dizer que o passado é subestimado; mas parece ser ainda difícil, para a ficção quebequense, retornar aos episódios-chave da história para relacioná-los a questões memoriais, identitárias ou éticas atuais.
“Le passé qui passe mal et le récit qu’on en fait”
Analele Universităţii Bucureşti. Istorie, 2004
" L'étude ci-dessous porte sur la mise en discours de la mémoire des expériences extrêmes, en se penchant sur le témoignage des rescapés de camps d'extermination nazis, du Goulag soviétique et des prisons communistes roumaines. Elle se veut une analyse comparative des témoignages en essayant d'établir leur rôle et leurs fonctions surtout de la perspective du témoin, sans, néanmoins, se désintéresser de la perspective du chercheur en sciences sociales.
Résumé: Au Canada, au Québec et ailleurs en Occident, jamais le passé ne fut aussi présent que maintenant dans les affaires politiques de la Cité, dans la chose publique, la res publica. Nombre d’acteurs politiques font référence au passé, notamment en faisant appel aux ressources de la discipline historique, pour identifier des fautes commises envers les membres de leurs groupes et pour justifier ensuite leurs revendications en matière de réparations. D’autres polémiques montrent également des références de la faute passée sur un plan nettement politique, que ce soit pour disqualifier des protagonistes dans les champs politique et médiatique. Il en va de même lorsqu’il s’agit de requalifier des protagonistes en réparant l’injustice, de reconnaître la légitimité de leur parole grâce à l’élaboration d’une juste mémoire ou au recours disciplinaire à Clio et à Thémis. Là, les stratégies de commémoration des victimes – victimes de l’assassinat individuel ou du génocide, victimes du meurtre systématique – ou d’empowerment des groupes minorisés et discriminés font partie de ce lot. Enfin, les usages publics du passé renvoient aussi aux pratiques multiples de l’oubli, à l’amnistie du passé « comme on enlève des bottes ». Un oubli du passé qui vise à pacifier les passions présentes, à préserver l’ordre établi en glissant sous le boisseau les litiges anciens, à devenir amnésique comme on est innocent. Ou un oubli d’apaisement, après les gestes de la réparation, qui permet de repartir à neuf sur de nouvelles assises. Bref, le passé – remémoré dans les discours, réactivé dans les stratégies, ressuscité dans les projets – n’est pas neutre en soi. Ces usages fournissent dès lors des instruments décisifs dans les luttes politiques du présent.
L’écriture du désastre (à Oaxaca)
Memorial de Agravios, Oaxaca, México, 2006, 2008
Ce désastre a écrit une des pages les plus profondes de l’histoire oaxaquénienne et de sa résistance civile, mais il a été également capturé par des images qui en une fraction de seconde nous frappent de tout ce flot de sensations, de vertiges, de peurs et d’angoisses qui se reflétaient sur chaque visage, qui se respiraient dans chaque rue, dans chaque place de la ville occupée aussi bien comme lieu de fête populaire que comme champs de bataille. Les photographies de la diversité du mouvement insurgé, de son processus de gestation, de ses acteurs « visibles » et « invisibles », du chaos généré, de ses mobilisations, de ses ruptures, de la grande participation sociale qui implique cris, voix, mains levées, mots pleins de courage, au milieu de tant d’agitation et de trouble. Ecriture de la lumière de l’espoir, de la recherche de justice, exprimée en images prises dans des circonstances invraisemblables, elle témoigne de cette expérience de désobéissance civile qui a laissé une empreinte qui, sans aucun doute, modifiera l’histoire collective et personnelle de ses habitants. (...) photographie des témoignages internationaux, nationaux ou locaux qui s’exerça comme profession, comme compromis social, ou comme pratique artistique, conserva la vie quotidienne d’une ville assiégée, en nous aidant à élargir les limites de cette réalité que chacun conçu, en multipliant les signes de reconnaissance, en nous permettant d’être en plusieurs lieux et situations à la fois, en pouvant réaliser un énorme puzzle qui nous aide à unifier les multiples et diverses pièces d’une société qui se débat,et qui rêve à un futur meilleur. La photographie confère l’expérience, le sagace étonnement à tous ceux qui n’expérimentèrent pas le vécu, elle garde avec fidélité, l’atmosphère, l’intensité, les dissonances et les émotion existantes dans les moments cruciaux de la lutte. Grâce à l’avancée technologique de la photographie, et au compromis assumé par les citoyens et les journalistes, avec ce témoignage graphique, peuvent être réfutées les versions les plus obscures, nées des groupes de pouvoir, vociférées par leurs relais médiatiques, en nous rappelant l’importance qu’implique d’écrire notre propre histoire (de manière textuelle, visuelle et sonore); de la nécessité d’armer d’amples secteurs de la société de mots, mais également de connaissances techniques et artistiques, pour conserver, depuis leur propre regard, les événements qui donnent forme à notre mémoire, en incluant les aberrations nées des abus et excès du pouvoir.
Une histoire réparée pour qui? Ce que les Algonquins du Québec commémorent de leur passé
Du vrai au juste: la mémoire, l'histoire et l'oubli, 2006
Introduction Au Canada, peut-on encore aujourd'hui songer à employer le concept de «terra nullius» ou la doctrine de la découverte pour expliquer la fabrication du pays, en oubliant qu'il existe des Premières Nations? Peut-on nier les dégâts engendrés par les pensionnats indiens pour les collectivités concernées? S'il est un fait que toute histoire nationale semble, par essence, politisée, celle-ci devient un dossier brûlant quand il s' agit de rendre justice à des peuples oubliés ou malmenés par les chroniqueurs et d'incorporer la vision qu'ont ...
Parce qu’il conteste une ribambelle d’idées reçues, ce livre sera discuté. À l’encontre de ce que l’on dit, les jeunes Québécois s’intéressent à l’histoire de leur société. Ils sont capables de visions d’ensemble du parcours de leur collectivité – visions politiques soit dit en passant ! Et ils se montrent fiduciaires de l’expérience historique du Nous – ou plutôt des Nous québécois, selon qu’ils sont «anglos» ou «francos». Il y a plus : le nouveau cours Histoire et éducation à la citoyenneté ne dépolitise pas les élèves. Les grandes références nationales continuent d’agir sur la raison historique des jeunes. Et l’histoire du destin tragique du peuple québécois, chez les francophones tout au moins, n’est pas en voie d’être remplacée par une vision déconflictualisée et multiculturaliste du passé collectif. Tirant profit d’un corpus original amassé sur une dizaine d’années et formé de près de 3500 phrases produites par de jeunes Québécois invités à résumer l’histoire du Québec dans une brève formule, l’auteur nous entraîne au cœur d’une fascinante enquête sur la conscience historique de la nouvelle génération. De ce travail pionnier, il tire des préceptes revivifiants pour l’avenir de l’enseignement de l’histoire au Québec ou ailleurs.
Les après-guerres en littérature québécoise et le bouleversement des consciences
Études canadiennes / Canadian Studies
examinés. Une attention particulière sera portée à la contamination du mal, aux crimes perpétrés par le proche et à la transmission des mêmes jeux sordides de déshumanisation. En littérature, ces configurations mémorielles s'éprouvent toutes dans la zone de l'affect afin de replacer dans la mémoire collective, celle des âmes blessées pour éviter l'effacement, la banalisation ou la muséification des drames de guerre privés. On montrera comment l'oeuvre mémorielle, autobiographique ou imaginaire, est complémentaire des autres formes de commémorations mettant un visage sur les victimes anonymes. Memories of war will be discussed in Quebec literary production of Jean-Jules Richard, Jacques Folch-Ribas, Tecia Werbowski, Aki Shimazaki, Wajdi Mouawad and Rawi Hage. Special attention will be paid to the contamination of evil, the crimes committed by friends and the transmission of the same sordid games of dehumanization. In literature, these memory configurations, all in the area of affect, intend to include in collective memory the affect of injured individuals in order to avoid deletion, trivialization or the museumification of the private tragedies of war. We will show how literary works around memory, autobiography or remembrance, are complementary to other forms of commemorations putting a face on anonymous victims. Dans notre ère d'excès d'information et de mémoire, voire de saturation, le danger, affirme Régine Robin, est la « mise entre parenthèses d'un passé proche, mais non pensé, non critiqué, non décanté » (ROBIN 2003 :19), d'où l'importance de raconter, presque sur le vif ou des décennies plus tard, « des mémoires blessées, précaires, des passés impensés, insensés » (ROBIN 2003 :23) pour éviter l'effacement. Dans La transparence du mal, Jean Baudrillard évoque ce danger de la destruction des traces : « Nous sommes en train d'effacer tout le XXe siècle. Nous sommes en train d'effacer un à un tous les signes de la Deuxième Guerre mondiale et ceux de toutes les révolutions politiques ou idéologiques du XXe siècle » (cité dans ROBIN 2003 :22). Dans cette étude, il s'agira d'examiner les souvenirs de guerre dans la production littéraire québécoise, de la Deuxième Guerre mondiale dans Neuf jours de haine de Jean-Jules Richard publié en 1948 à la guerre civile libanaise dans Parfum de poussière (2007) de Rawi Hage, traduction de De Niro's Game, publié en 2006. Entre ces deux dates, j'ai aussi retenu quelques ouvrages où il est question de guerre ou plutôt de l'effet de la guerre sur l'être humain, notamment Paco de Jacques Folch-Ribas (2011) dont l'action se situe durant la