Pailler Y., Ferrette R., Maligorne Y., Simon L., Stéphan P., Bourhis E., Chaigne V., Duigou L., Le Meneah F., Boulinguiez P., Paitier H. et Delage R. (2014) - Hent Trégoné en Fouesnant (Finistère) : une maison rurale gallo-romaine (original) (raw)

2014, Aremorica, études sur l'ouest de la Gaule romaine, Centre de recherche bretonne et celtique, 6, p. 115-143

La découverte du bâtiment de Hent Trégoné vient confirmer, plus de trente après la reprise de la fouille de la villa du Cavardy, le potentiel en vestiges gallo-romains du secteur Saint-Evarzec-Fouesnant. Malgré des parallèles évidents avec certaines constructions de la pars rustica, à l’image de granges, le bâtiment correspond bien à un habitat organisé autour d’un couloir axial qui doit desservir un étage, au moins au-dessus de la salle D. Son plan le rattache aux maisons rectangulaires à galerie (A) et pièces symétriques aux angles (B et C) définies par C. Gandini. Ce type se retrouve sur de nombreuses résidences rurales de Bretagne et plus généralement du grand quart nord-ouest de la Gaule et du centre. L’utilisation de la pierre lors de la réalisation partielle ou intégrale des élévations, comme en témoignent les éboulis situés dans l’environnement du bâtiment, affirme aussi une certaine aisance financière au regard des petits fermes régionales du Haut-Empire aux architectures de terre et bois. Pour autant, la lecture critique montre que l’édifice ne peut, dans le contexte restreint du diagnostic, être considéré comme une villa, c’est-à-dire le siège d’une exploitation agricole et le lieu de résidence secondaire d’une famille de l’élite des Osismes. Sa superficie très réduite, l’absence de pièce de représentation, d’éléments de décor mural ou de pavage, trahissent en effet le caractère modeste de la composition. En l’état actuel de l’information, le qualificatif de ferme apparait plus adéquat. Il peut désigner une exploitation autonome, abritant sous le même toit habitat et partie productive. Une proposition plus positive intègre le bâtiment dans un ensemble plus vaste qui dépasse en superficie le cadre de l’intervention. L’édifice pourrait alors correspondre à la demeure d’un intendant et être rattaché à une villa dont la pars urbana resterait à découvrir. On terminera en précisant que, d’après les quelques fouilles effectuées, le plan à galerie de façade se diffuse en Bretagne à partir des Flaviens. On peut citer à titre d’exemple les bâtiments du Cavardy, du Valy-Cloistre et de La Guyommerais-phase 3. Ce terminus n’est pas incompatible avec les quelques jalons chronologiques fourni par le mobilier céramique.