Épreuves De Mobilité, Épreuves De Réciprocité (original) (raw)

Mobilité entravée, mobilité racontée

Au coeur des grandes villes, l'itinérant se confond avec la crasse des murs. J'ai mis en relief dans de récents écrits 1 le rôle de l'itinérance, cette infamie qui affecte les hommes et les femmes qui n'ont plus de lieu où vivre, comme si la précarité la plus grande s'avérait une forme de destin consenti. Ne nous méprenons pas cependant sur la teneur exacte de cette itinérance. Elle n'a rien { voir avec un choix, une décision longuement murie, une attitude qui témoigne d'un point de vue réfractaire. En effet, l'itinérance, telle que je l'aborderai aujourd'hui, n'est pas un contre-discours, une forme d'opposition { un monde normatif, ce qu'est la représentation d'un habitacle pour nantis.

Énoncés Visuels Des Mobilisations

Anthropologie et Sociétés, 2016

La production et le partage en ligne d’images et de vidéos fait aujourd’hui partie du répertoire des mobilisations partout dans le monde. Cette pratique individuelle alimente un nouveau discours collectif visuel. L’analyse de ces images comme langage vernaculaire des mobilisations nous documente de façon originale sur la subjectivité collective qui les constitue. Celles des mobilisations brésilienne, turque et ukrainienne de 2013-2014 dessinent des « autoportraits des peuples » complexes et contrastés. La crise de la représentation politique signe-t-elle l’avènement du spectacle comme nouvel espace de confrontation ?

Mobilités changeantes, mobilités intriquées

Si le monde scientifique semble s’entendre sur la survenance d’un mobility turn, beaucoup reste à faire pour en comprendre la nature et l’extension. Une vision courante consiste à pointer une intensification des mobilités, tantôt en fréquence, tantôt en distance, parfois encore en vitesse. Cependant, plus est creusée la question des mobilités, plus il apparaît difficile de s’en tenir à l’approche linéaire classiquement retenue, qui fait de la mobilité un déplacement d’un point à un autre de l’espace physique au cours d’une durée déterminée. Il nous semble qu’une évolution importante de notre relation à l’espace-temps exige de réexaminer cette définition. Longtemps, l’espace fut vécu de manière cohérente : se déplacer impliquait traverser l’espace, quitter un établissement pour un autre, rompre les liens communicationnels que l’on pouvait établir dans l’un, en établir de nouveaux dans l’autre, acquérir un nouveau statut social ou changer de rôle social, etc. Le navetteur alternait ainsi des lieux – habitation et bureau – mais également des espaces sociaux et des rôles – mari et commis aux écritures –. De même, le migrant quittait son pays, son village, ses paysages, mais aussi son statut social, son réseau de connaissances, son ancrage professionnel, etc. Les espaces physiques, sociaux, professionnels, etc. étaient si intriqués que la mobilité pouvait largement apparaître comme un mouvement linéaire, directionnel et évident. Dans notre contribution, nous défendrons l’idée que la mobilité change de visage en même temps que la construction sociale de l’espace. En effet, les possibilités technologiques actuelles, mais aussi de nouvelles légitimités mobilitaires, promeuvent les disjonctions spatiales. Il est dès lors possible de se déplacer physiquement sans perdre contact avec des entités qui ne nous accompagneraient pas, d’être physiquement coprésents sans l’être socialement, d’entretenir des niveaux multiples de coprésence avec un réseau étendu d’entités et de lieux, etc. En nous fondant sur les résultats d’une étude de grande ampleur sur stratégies de mobilité résidentielle dans l’agglomération genevoise, nous montrerons en quoi la mobilité ne peut plus être pensée en référence au seul espace physique et pourquoi il faut concevoir des mobilités de niveaux multiples, concernant des espaces multiples et se déployant en de complexes stratégies mêlant mobilités et immobilités. C’est donc la progressive disjonction des espaces qui oblige à rompre avec l’approche linéaire qui, en rendant compte de la mobilité physique, permettait de supposer un ensemble de mobilités conjointes : sociales, familiales, professionnelles, etc. Il faut aujourd’hui aborder des (im)mobilités intriquées se produisant dans des espaces disjoints mais reliés par de multiples canaux. Dans un tel cadre, ni la mobilité ni l’espace ne peuvent être réduits à leurs déclinaisons physiques. Nous proposerons donc de reconsidérer ces concepts pour revenir aux origines des usages sociologiques de la notion d’espace. L’espace est le résultat d’un processus de spatialisation, c'est-à-dire de structuration d’une réalité (physique ou non) au moyen d’un système de positionnements. Nous terminerons donc sur un appel à la prise en considération des mobilités comme à la fois physique et non physiques, comme clé d’une compréhension des mobilités changeantes, mais aussi des changements par les mobilités.

Réciprocité et échange

Revue internationale de l'économie sociale: Recma, 2001

Cette réflexion tente de systématiser la conception analytique que l'on se fait des termes d'échange et de réciprocité. De cette reconstruction se dégage notamment l'importance de distinguer, d'une part, les niveaux de société auxquels se réfèrent les concepts de réciprocité et d'échange, à savoir le niveau microsociologique des relations entre les personnes ou celui de l'action et de l'interprétation collective. D'autre part, le type de rationalité qui induit l'échange ou l'acte réciproque. L'analyse met d'ailleurs en évidence que c'est au niveau sociétal de production d'une solidarité impersonnelle que des recherches théoriques et empiriques devraient davantage être menées. Rares sont les catégories analytiques aussi fortement contrastées et polysémiques dans leur utilisation que les termes de réciprocité et d'échange 1. Comme le souligne Pierre Beaucage (1995 : 5-6), « la notion d'échange englobe à la fois les biens, les personnes et les symboles ; […]. À la limite […], l'échange, sous ses diverses formes et avec ses diverses connotations […] est la société même ». L'utilisation des termes d'échange et de réciprocité est à tel point fréquente que l'on pourrait s'imaginer derrière une certaine force de l'évidence. Or, les sociologues se divisent en divers courants utilisant ces termes dans des contextes épistémologiques différents. Quant aux économistes, ils aimeraient bien approfondir ces catégories, mais cherchent encore une formalisation viable. Dans ce cadre, un effort de synthèse et de systématisation nous paraît indiqué. C'est donc ce que nous allons faire à travers cette réflexion, en partant des traditions d'analyse de la réciprocité pour arriver à des propositions de synthèse et à une suggestion de systématisation.

"Mobilité sociale"

Dictionnaire des inégalités et de la justice sociale, 2018

Mobilité sociale « Mobilité sociale » in P. Savidan (dir.), Dictionnaire des inégalités et de la justice sociale, Paris, PUF, pp. 1113-1120. Dans son acception la plus répandue, la mobilité sociale désigne le parcours qu'effectue un individu dans l'espace social. Il s'agit plus précisément de comparer la position sociale occupée par un individu à un âge donné à celle de ses parents au même âge (en réalité, très souvent à celle de son père). Si les économistes font du niveau de revenu un indicateur central du positionnement d'un individu au sein de la hiérarchie sociale, les sociologues utilisent quant à eux la plupart du temps la catégorie socioprofessionnelle pour construire des tables de mobilité sociale permettant de définir si la trajectoire d'un individu relève de l'immobilité sociale (on parle alors de « reproduction sociale ») ou s'il a connu une mobilité, ascendante ou descendante.

Mobilité et grande pauvreté

2001

Dans un contexte de croissance des disparités sociales et spatiales, la question de l'accessibilité de tous à la ville et à ses services est posée, notamment pour les personnes à plus faible revenu. L'objectif de notre recherche est donc de tester en quoi le système de transport, et notamment les mesures relatives au coût du transport, contribuent ou compensent en partie les phénomènes d'exclusion repérés par ailleurs. Ainsi, les évolutions en matière de politique tarifaire des réseaux de transports collectifs urbains au cours des dix dernières années marquent une extension de ces politiques, ainsi qu'une affectation des aides de plus en plus ciblée sur les populations les plus défavorisées, notamment selon des critères de revenu. Une enquête auprès des structures locales d'accueil et d'insertion des agglomérations de Lyon, Nancy et Nantes, permet par ailleurs de qualifier et quantifier la part des difficultés liées au transport pour les personnes qui sont reçues par ces structures.

Étude du Chiffrement Opportuniste dans la Mobilité IP

Dans ce document, nous confrontons une méthode de chiffrement opportuniste basée sur DNSsec aux contraintes des mobilités IPv4 et IPv6. Trois configurations de mobiles sont proposées. La première suppose une indépendance du mobile en termes de sécurité. La suivante suppose que la protection des communications du mobile doit être assurée par le réseau mère. La dernière étudie la possibilité pour le mobile de choisir la meilleure configuration de façon dynamique, suivant sa politique de sécurité. Les spécificités respectives de Mobile IPv4 et de Mobile IPv6, notamment au niveau du routage, nous conduisent à des aménagements et des considérations particulières sur la méthode de chiffrement opportuniste utilisée. ABSTRACT. In this paper, an opportunistic encryption scheme based upon DNSsec is put under the pressure of both Mobile IPv4 and Mobile IPv6. The mobile is proposed three settings. The first one assumes the mobile tackles its own security risks. The second one assumes the home network handles mobile's security. With the third setting, the opportunity for the mobile to choose dynamically its configuration according to its security policy is studied. Mobile IPv4 and Mobile IPv6 features, especially those relevant with routing, drive new setup and specific considerations about the opportunistic encryption scheme used. MOTS-CLÉS : Chiffrement Opportuniste, Mobilité IP, IPsec, DNSsec