Le village, entre continuité et discontinuité. Débat (original) (raw)
Related papers
Discontinuités, lisières et territoires
Sud Ouest Europeen, 2001
La frontière, ligne légale marquant la limite des Etats, est une réalité récente, postérieure à la fin du 18 ème siècle. Son apparition a été un lent processus. Au Moyen-Age, en Europe, les limites entre souverainetés n'étaient pas linéaires. Elles se présentaient sous forme de zones enchevêtrées, qui contournaient les obstacles et où existaient de multiples enclaves. Le long de ces limites floues, les droits se superposaient, s'imbriquaient, formant des "marches" 1. L'émergence progressive de la frontière linéaire abornée a eu pour moteur principal les efforts des Etats pour contrôler militairement et fiscalement leurs territoires, à travers la surveillance des flux entrants et sortants de personnes, de capitaux, et de marchandises : les douanes en représentent l'aboutissement concret 2. Lignes et régions frontalières. Cette frontière linéaire a prétendu effacer les divisions antérieures de l'espace : culturelles, linguistiques, sociales ou économiques Elle n'y est pas parvenu : pour les populations frontalières, il persiste des réminiscences de l'ancienne "marche". Ceci est particulièrement net pour l'héritage des frontières coloniales africaines, asiatiques ou sud-américaines, dont le caractère artificiel, au cordeau, suscite de nombreux conflits dans le monde, et dont la plupart des soi-disant lignes frontalières ne sont même pas abornées 3. En fait il existe toujours une zone frontalière : de part et d'autre de la ligne, du fait des échanges, des mariages, des rectifications historiques de la frontière, on comprend souvent les deux langues, et la culture peut être un véritable syncrétisme de celles des deux Etats 4. Si la frontière-ligne représente une rupture, souvent franche, entre deux modes d'organisation de l'espace, elle aide, dans le même temps, à maintenir la spécificité de la zone frontalière. En effet, les dissymétries qu'elle crée génèrent des échanges qui structurent spatialement la région : mouvement de capitaux, choix de résidence, localisation d'activités industrielles s'effectuent sur la base des disparités salariales et fiscales, ou entre les législations sociales. Les frontières, compromis entre des traités et un ensemble de facteurs économiques, sociaux, culturels, sont donc des zones de transition possédant des caractères originaux. Les conceptions de ligne et de région frontalière ne sont d'ailleurs pas antinomiques. Elles peuvent se confondre en une seule réalité dans le cas de la frange pionnière, qu'il s'agisse de la frontière américaine lors de la conquête européenne du continent, des limes romains, dès l'Antiquité (photo ci-contre), ou de la grande muraille de Chine. A la fois ligne et front, associée à des ensembles en expansion, elle fixe des limites à l'intérieur desquelles 1 Guénée B., "Des limites féodales aux frontières politiques", volume 2, in Les lieux de mémoire, ed. Nora P.
Cahiers de recherches médiévales, 2003
Ce document a été généré automatiquement le 19 avril 2019. © Cahiers de recherches médiévales et humanistes La famille et le village Identification et dénomination de l'individu dans la Terre de l'abbaye de Saint-Claude (XIII e-XVI e siècles) Vincent Corriol C'est au cours des XII e et XIII e siècles que s'affirme pour plus de trois siècles l'indépendance de la Terre de Saint-Claude 1 : l'abbé impose son pouvoir temporel au sein d'un vaste espace encore en grande partie désert et s'affranchit de toute tutelle autre que celle de l'empereur. La Terre de Saint-Claude constitue alors un vaste ensemble d'environ 1 600 km 2 d'un seul tenant dans la montagne jurassienne, où s'exerce sans partage l'autorité du monastère, autour de la figure du seigneur-abbé. Cette construction d'une principauté territoriale homogène, où l'abbé règne en prince souverain, s'accompagne d'un renforcement du pouvoir seigneurial sur les hommes, nobles ou paysans, tous soumis à la tutelle seigneuriale à travers les liens de la vassalité ou ceux du servage. La riche documentation laissée par l'administration monastique offre un aperçu intéressant de la vie rurale des campagnes de la montagne jurassienne au moment même de leur colonisation La famille et le village Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 10 | 2007 La famille et le village Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 10 | 2007
À propos de la «naissance du village au Moyen Age »: la fin d'un paradigme?
Etudes rurales, 2003
About the "birth of the village during the Middle Ages" : the end of a paradigm In France, since the beginning of the 1980's, researches on the medieval rural settlement have been conducted by a theory on the origins of our villages by Robert Fossier. The villages would appear around the beginning of the eleventh century and would fix them durably in the soils, around the church and/or the castle. This theory - forged at one time when it made possible to advance the reflexion on the relations between the seigniories and the habitat - can be today revalued thanks to the archaeological data brought by the preventive excavations.
Le bidonville urbain ou le continuum culturel ‘ruralité-pauvreté’
Le bidonville urbain ou le continuum culturel ‘ruralité-pauvreté’, 2022
Abstract Based on fieldwork conducted between 2004 and 2013 for the Cities Without Slums program, this analysis attempts to explain the fact that in the Moroccan city, the "rurality-poverty" symmetry is not only a state of deprivation of dignified/decent housing, insalubrity, or lack of access to urban quality of life but also presents itself as a by-product of a preoccupation with rural regeneration and a "cultural expansion" of rurality. Applying conceptual frameworks developed in social and cultural geography, our research reveals the richness of everyday life in the slum, reflecting a historically rooted "common culture" through which a "rural social imaginary mediates social life." This "residual" formation, which emphasizes the importance of the culture of rurality in the constitution of urban space, suggests a much broader understanding of urban poverty than that currently adopted by public policy. It is a matter of considering urban poverty as a dynamic structure endowed with a system of values and a capacity to resist change, without which slum dwellers, as a fragile space, could hardly distinguish themselves as owners of a "territorial identity". Key words Social space, slum, culture of poverty, social geography, rurality, residential strategies.
Impermanence du "terrain" et déplacement durable [Postface]
Les chemins égarés, 2017
Je vais aller dans un même lieu sans arrêt, comme ici par exemple où c'est une habitude quasi quotidienne en été, tous les après-midi jusqu'à la fin des beaux jours. Le lieu devient une obsession. Puis je finis par arriver à saturation quand c'est vraiment impossible, à cause du mauvais temps en automne par exemple, que je m'y retrouve seul un jour où il fait froid ou qu'il pleut. Dans d'autres lieux, comme au sex-shop du centre-ville, c'est parce que je deviens un habitué, que je finis par connaître les gens, que c'est trop sociable, moins anonyme… Alors j'arrête d'y aller. En fait, je n'y vais plus parce que le lieu me jette d'une certaine manière, et parce qu'il n'est plus possible de ne pas arriver à partir.1
Urbain-rural : dichotomie ou dialectique ?
Articulo Journal of Urban Research, 2010
Ce numéro cherche à rassembler des contributions qui s'intéressent à cette interaction entre représentations et pratiques des zones interstitielles entre l'urbain et le rural. Reprenant certains thèmes déjà examinés par Articulo-Journal of Urban Research dans son numéro 5 (2009) intitulé Splendeur et misère du périurbain, le présent volume a pour vocation d'être également pluridisciplinaire et de mettre en dialogue la géographie avec la psychologie, l'anthropologie, la sociolinguistique et l'histoire. Il se compose d'une sélection de contributions présentées lors du colloque Revisiting the 'Urban' and the 'Rural' : Spatial Representations and Practices qui s'est déroulé à Luxembourg
Haute-Yutz, le temps d’un village
2014
haute-yutz, le temps d'un village brought to you by CORE View metadata, citation and similar papers at core.ac.uk provided by I-Revues 53 n° 3/4 ~ décembre 2007. haute-yutz, le temps d'un village situation de yutz (fig. 1) Sur la rive droite de la Moselle, l'actuelle commune de Yutz est composée des bans des anciens villages de Haute-Yutz et Basse-Yutz, du hameau de Maquenom, ancienne ferme médiévale, et de la ferme Helpert créée au XVII e siècle. Le village de Haute-Yutz, sujet de cet article, se situait du IX e siècle à 1815 près du fort de Yutz, entre l'autoroute A31 et les bretelles d'entrée et de sortie vers Yutz et Thionville. Détruit en 1815, le village fut reconstruit à 1 km de là, sur la route de Bouzonville. Ces anciennes entités sont entièrement englobées dans l'ensemble urbain de l'actuelle commune de Yutz constituée en 1970. Depuis le début du XX e siècle, l'archéologie du territoire de Yutz a surtout concerné les âges des métaux et l'Antiquité (1). L'histoire de la genèse du village de Haute-Yutz a été abordée par l'archéologie de sauvetage depuis 1989 (2). L'historiographie de la question de la genèse du village en Lorraine et de son architecture (3) montre qu'avant 1990, historiens et géographes ne pouvaient guère remonter au-delà du XVI e siècle. Deux raisons principales en sont la cause : la rareté des textes étudiés et la quasiabsence de vestiges architecturaux en élévation de maisons antérieures au XVI e siècle, voire au XVII e. À partir des années 1960, quelques fouilles archéologiques permettent la découverte de fonds de cabanes médiévaux et d'autres structures en creux, souvent lors de fouilles de nécropoles. Les débuts de l'archéologie de sauvetage durant les années 1980 apportent également quelques éléments. Il manquait des fouilles sur de grandes surfaces et dans des contextes favorables : villages existants ou disparus. À Haute-Yutz, ce fut chose faite à partir de 1989. Les lacunes à combler étaient l'architecture rurale (typologie, technique et fonction), l'habitat groupé ancien dans son organisation et sa topographie et les origines du village dans le temps. jean-marie bl aising et marie fr auciel illustr ations : sabine baccega (1)-Jean-Marie BLAISING (2002-1), « Yutz (57), archéologie dun terroir des Âges des métaux au XIX e siècle », archaeologia mosellana nº 4, Luxembourg-Metz-Sarrebruck, 2002, p. 185-217. (2)-Jean-Marie BLAISING et Franck GÉRARD, « Les apports des opérations archéologiques de grandes surfaces aux connaissances du milieu rural médiéval et post-médiéval du Nord lorrain », les nouvelles de l'archéologie, numéro 104-105, Paris, Errance, 2006, p. 22-28. (3)-Jean-Marie BLAISING, yutz, de la villa au village, Mémoire présenté pour le diplôme de l'École
Centralité, continuité et citadinité
2007
AJors que les conditions d'elaboration du projet urbain ont fait l'objet de plusieurs recherches a travers, par exemple, l'analyse des formes de relations entre les acteurs ou les modeles de programmation les plus repandus, la reflexion sur les effets du projet et la reception de celui-ci par les habitants une fois les principales operations realisees, est plus rare. Pourtant, dans un contexte de crise ou d'incomprehension mutuelle entre les acteurs- perateurs de la ville et les habitants, l'apprehension de la reception et des effets du projet, meme en admettant leur inevitable incompletude, apparait determinante pour definir un « apres-projet''· Elle s'avere meme indispensable pour toute reflexion quant aux temporalites du projet. La methode de projetation retenue pour Neptune 2 (Grand Large), est tres differente de celle utilisee pour Neptune 1, aux effets et a la reception contrastee. Moins ambitieuse, elle donne une nouvelle place au secteur prive...