Compte rendu de Erik Olin Wright, Utopies réelles, publié sur Lectures.revues.org, 2017 (original) (raw)

La Critique de "l'Utopie Réaliste" de John Rawls: Pour Une Société Juste Reconsidérée

Selon John Rawls, quand l’aspect réaliste de sa théorie politique est qu’elle porte sur les conditions des démocraties occidentales existantes et les hypothèses s’agissant de la psychologie humaine, son aspect utopique est qu’elle considère, conformément à un pluralisme raisonnable, le sens de la justice, qui est censée mettre d’accord les citoyens sur une conception politique de la justice, comme un processus qui s’achèvera dans le temps. La raison principale pour laquelle Rawls construise ainsi l’utopie réaliste est, d’après nous, qu’il ait visé dans le Libéralisme Politique rédigé après la Théorie de la Justice à résoudre les problèmes internes de sa théorie en mettant avant l’idée du pluralisme. Même s’il est indéniable que le fait du pluralisme raisonnable est une valeur irremplaçable pour les sociétés libérales contemporaines, nous ne partageons pas l’idée que le pluralisme et les hypothèses sur la nature humaine doivent déterminer les limites de la philosophie politique comme utopie réaliste. Il est inévitable qu’une telle philosophie politique qui s’enferme dans les limites du praticable fonctionne pour le maintien du status quo. Selon nous, contrairement aux raisons mentionnées par Rawls, une philosophie politique comme utopie réaliste sera utopique de manière réaliste pour la raison qu’elle nous guidera dans la voie d’une société juste, qu’elle disposera la capacité de produire les outils réflexifs grâce auxquels nous révélerons les mécanismes sociaux de domination et les problèmes systémiques, et qu’elle visera à concevoir une telle socialité dont les générations futures hériteront. Etant donné que le sens de la justice est une dynamique qui doit être renouvelée dans le temps, les générations futures auront besoin de l’esprit critique pour pouvoir réviser les principes de la justice. Il faut donc que l’idée de « la société juste » révèle les origines des inégalités, qu’elle nous guide ici et maintenant, et qu’elle éclaire ainsi notre avenir. Dans nos sociétés où nous perdons tous nos espoirs concernant l’établissement d’un meilleur avenir, la philosophie politique comme utopie réaliste, qui ne cède pas au status quo, doit reconsidérer une telle société juste.

Imaginaires et Utopies, entre marges et marché..doc

L'imaginaire est moteur d'Utopies créatrices et concrètes. Ce numéro franco brésilien (écrit pour al revue Esprit Critique) co-dirigé par Georges Bertin et Nizia Villaça de Rio de Janeiro en rend compte avec la participation dune vingtaine de chercheurs des deux pays

Les Utopies, moteurs d'histoire

Revue des deux mondes, 2000

L'intérêt porté aux utopies a connu des fortunes diverses ces dernières décennies. Mai 1968 a permis de vivifier l'étude de pensées que les qualificatifs de "pré-socialistes" ou de "pré-marxistes" avaient figées. En 1978, la parution des actes du colloque de Cerisy comprenant des contributions de Simone Debout, Louis Marin, Jacques Rancière, René Schérer... donnait la mesure du chemin parcouru. Or, cette même année, le vent de la mode intellectuelle tournait déjà. Le Magazine littéraire écrivait alors "L'utopie, c'est le Goulag". Un peu plus tard, on apprenait que "l'histoire de l'URSS de 1917 à nos jours" c'était "l'utopie au pouvoir". Présentée comme matrice du totalitarisme, l'utopie descendait aux enfers alors que triomphaient les discours sur la démocratie et les droits de l'homme. C'est paradoxalement la disparition du système soviétique, parangon du totalitarisme, qui a réactivé les interrogations sur l'utopie. Sans doute la disparition de toute alternative était-elle insupportable. Toujours est-il que les numéros spéciaux des revues balisent un intérêt renouvelé : Le Monde des Débats en 1995, Raison Présente en 1997, L'Histoire en 1999; et enfin, aujourd'hui, cette parution de la Revue des Deux Mondes. Alors, l'utopie est-elle songe idyllique, cauchemar, rêve fécond ? Au-delà des appréciations changeantes, persiste un constant renvoi à l'imaginaire qui bride les possibilités d'étude historique. Théories insérées dans l'histoire des idées ou discours dont on dégage la structure, les utopies paraissent bien éloignées du processus réel de l'histoire. Elles n'y entreraient qu'au titre de leurs effets, dont font partie les expérimentations, les "utopies concrètes". L'aspect contradictoire de cette dernière expression montre à lui seul les difficultés auxquelles l'historien des utopies est confronté.

[2016] Transdisciplinarité et réalisme chez Thomas Ostermeier : ou le réel décomposé en réseaux de sens D. EDY (Paris-Sorbonne Paris IV)

Communication publiée en ligne: http://jijc2016.event.univ-lorraine.fr/DOCUMENT/Article\_EDY\_Delphine.pdf [Le site ayant visiblement été supprimé, le .pdf est donc téléchargeable directement ici] Résumé : Dans ses mises en scène, Thomas Ostermeier, qui se perçoit comme le petit frère des déconstructivistes, reconstruit des histoires selon la méthode du kintsugi , c’est à dire à partir de morceaux brisés, en ayant toujours le souci de laisser visibles les points de raccord, les fractures, les cicatrices laissées sur notre société. Metteur en scène qui défend les possibilités d’un théâtre réaliste engagé, pourfendeur du théâtre performatif ou post-dramatique, il respecte le texte, mais ne cherche pas à faire entendre la littérature, à la mettre en valeur, son objectif est de comprendre les hommes, de faire avancer les idées. Son théâtre réaliste implique immédiatement un théâtre politique. Mais devrait s’exercer surtout à représenter la réalité du « vivre ensemble » humain. Et cette vision du théâtre que Thomas Ostermeier appelle aussi parfois théâtre sociologique, « part du constat que le comportement des gens les uns envers les autres se transforme en relation aux mouvements sociaux qui les entourent » . A l’instar du comparatiste, il revendique « une liberté de démarche, un refus de s’enfermer dans des frontières » . Toujours en action, le théâtre d’Ostermeier est un théâtre de l’attitude transdisciplinaire, celui « d’une attitude militante de recherche d’un tout d’une complexité fascinante » . Son théâtre réaliste ibsénien, matérialiste « à la Brecht », se double d’une vision shakespearienne tragique, trash et quasi hystérique qui fascine les scènes françaises et internationales, tout en soulevant des critiques en Allemagne. Questionner le travail d’Ostermeier dans le cadre d’une thèse en littérature comparée, c’est l’inscrire dans le domaine d’études transdisciplinaires, mais aussi dans l’analyse des « rapports intermédiatiques » qu’il met en œuvre avec « la coprésence de plusieurs médias », et où le texte littéraire, les traductions, adaptations et réécritures, la mise en scène, les études de réception et les sciences humaines, s’interrogent réciproquement et se répondent en traversant les disciplines, pour mieux comprendre les enjeux de la création contemporaine et penser un rapprochement entre création artistique et recherche littéraire. Bibliographie CLAVERIE, Bernard : « Pluri-, Inter-, Transdisciplinarité : ou le réel décomposé en réseaux de savoir », Projectics / Proyéctica, Projectique 2010/1 (n°4) FISCHER Carolin : « Réception productive entre imitatio, intertextualité et intermédialité », in : Konzepte der Rezeption, Band 1, Stauffenburg Colloquim, Band 73, 2015 OSTERMEIER, Thomas : « Remarques sur la réalité du ‘vivre ensemble’ des Hommes : plaidoyer pour un théâtre réaliste », in : Le théâtre et la peur, Actes Sud, 2016 SOULLIER Didier, Littérature comparée, PUF, 1997

Simon Susen (2023 [2023]) ‘Vers une ontologie de la réalité contemporaine ?’, Éditions Académiques de France, traduit par Pascal Nouvel, pp. 1–33.

2023

L'objectif principal de cet article est de fournir un aperçu critique des contributions clés de Luc Boltanski et Arnaud Esquerre dans Qu'est-ce que l'actualité politique ? Événements et opinions aux XXIe siècle. Alors que Enrichissement ; une critique de la marchandise est essentiellement une étude de sociologie économique, le dernier livre de Boltanski et Esquerre reflète un changement d'orientation vers la sociologie politique. Comme le montre cet article, leur enquête sur l'ontologie de l'actualité-c'est-à-dire l'ontologie de la réalité contemporainecontient des informations précieuses sur la relation entre la production, la circulation et la consommation de nouvelles, d'une part, et l'émergence de processus de politisation, d'autre part. La première moitié de cet article comprend un résumé des arguments centraux développés dans l'enquête de Boltanski et Esquerre, avant de passer, dans la seconde moitié, à une évaluation de ses limites les plus importantes.

Utopie et psychanalyse : entretien avec Gérard Mendel, extrait de la revue MOTS, 1993-1, 35, numéro thématique Utopie... Utopies, sous la direction de S. Bonnafous et V. Milliot

Mots, 1993

extrait de la revue MOTS, 1993-1, 35, numéro thématique Utopie... Utopies, sous la direction de S. Bonnafous et V. Milliot www.persee.fr/issue/mots\_0243-6450\_1993\_num\_35\_1 Mots, n°35, juin 1993. Utopie...utopies, sous la direction de Simone Bonnafous et Vincent Milliot. Sous la direction de Simone Bonnafous [Éditeur intellectuel] ; Vincent Milliot [Éditeur intellectuel] Présentation [liminaire] 3 - 4 Simone Bonnafous Vincent Milliot Référence bibliographique Les Bretons et l'utopie : les Cahiers de doléances de 1789 [article] 5 - 18 Philippe Grateau Le marxisme entre science et utopie [article] 19 - 38 Georges Labica Le communisme de Neanderthal. Pol Pot et les siens. [article] 39 - 65 Philippe Videlier Le « pragmatisme » des discours institutionnels sur l'école : ultime mutation de l'utopie éducative [article] 66 - 85 Christine Mongenot Utopies du troisième type. Communications managériales et utopisme [article] 86 - 108 Christian Le Moënne Chroniques 110 - 120 Utopie et psychanalyse : entretien avec Gérard Mendel [article] 110 - 113 Simone Bonnafous Vincent Milliot « Des mots en politique » 114 - 120 Utopie, ce lieu de nulle part qui est à tous et à personne [article] 114 - 120 Maurice Tournier