Emergence et entropie : une analyse critique des stratégies explicatives émergentistes basées sur le concept d'entropie (original) (raw)

Émergence et Entropie

2015

These effectuee en cotutelle avec l’Universite de Montreal et l’Universite Paris 1 Pantheon-Sorbonne (IHPST)

L'entropie dans la pensée néo-matérialiste

Université de Montréal, Canada, 2019

Dans les milieux artistiques et académiques, les discours se multiplient autour de ce qu'on pourrait appeler le décentrement du sujet humain. Si la recherche intermédiale insiste depuis trente ans sur l'évacuation du système binaire de réflexion afin de s'ouvrir à d'autres modalités discursives, la recherche la plus récente réinterroge la présence humaine comme porteuse du sens esthétique primordial, et ce, de façon complexe. Force est de constater que, depuis quelques années, certains chercheurs élaborent un nouveau tournant théorique qui se focalise sur différentes variantes de la matière et les flux sensoriels que ces dernières provoquent chez le public. En particulier, on peut évoquer Médiarchie d'Yves Citton 1 qui met en relief la matière médiatique, Le son du théâtre de Jean-Marc Larrue et de Marie-Madeleine Mervant-Roux 2 qui met de l'avant la matière sonore au théâtre, Absence et présence du texte théâtral de Joseph Danan 3 qui porte sur la matière textuelle ou bien Technical Delusion de Jeffrey Sconce 4 qui insiste sur l'omniprésence de la matière technologique. Leur recherche manifeste dès lors une réorientation ; elle interroge les strates multiples de la matière dans les aires de la représentation en se distanciant du sujet humain comme entité centrale dans la production artistique et intellectuelle. Or, ce qu'on observe, notamment avec le développement de nouvelles technologies médiatiques, c'est un nouveau mode de présentation, conçu sans agentivité humaine. En effet, de nombreux projets plastiques et théâtraux remettent en cause l'autonomie de l'individu, laissant place à la matière autre qu'humaine pour générer le potentiel de créativité. Pour les artistes travaillant sur cette approche, l'eau, le brouillard, le vent, le son, les projections, les animaux, les reflets, le numérique, les robots sont tous des stratégies représentationnelles qui produisent à la fois l'effet esthétique fondamental et la puissance paradigmatique dans laquelle ces effets évoluent. Il y a assurément un désir chez les créateurs tels que Sergei Shutov, Jean Tinguely, Heiner Goebbels, Bill Vorn et Lemieux-Pilon (pour n'en mentionner que quelques-uns) de réarticuler un rapport entre les spectateurs vivants (la 1 Yves Citton, Médiarchie, Paris, Le Seuil, 2017. 2 Jean-Marc Larrue et Marie-Madelaine Mevant-Roux (dir.), Le son du théâtre. XIXe -XXIe siècle, Paris, construites à partir d'éléments de la scène de l'ancien théâtre, situé face à la fontaine. Ces machines sont toutes tournées vers le centre du bassin peu profond en asphalte noir, créant ainsi un dispositif circulaire et central. Chacune d'entre elles agit d'une façon différente. Une roue métallique tourne automatiquement pendant que l'eau coule depuis l'intérieur d'elle, alors qu'un autre robot projette de l'eau vers le centre de la piscine. Deux autres figures simulent la course avec des jambes en acier accrochées à une structure métallique. Ces mouvements uniformes produisent des éclaboussures d'eau et le spectateur a l'impression qui le bassin élabore sa propre chorégraphie. Les autres robots, quant à eux, sifflent et pulvérisent du liquide vers le centre de la fontaine. Il se meuvent et crachent de l'eau, sans ordre particulier. Au total, selon Tinguely, des tuyaux, des engrenages, des atomiseurs et des ajutages pompent 55 000 litres d'eau par jour 8 . Ces premières observations mettent en relief l'effacement du sujet humain au profit d'une corporalité à la fois mécanique et aquatique 9 . Les acteurs dans ce spectacletout comme dans le premier exemple évoquésont des êtres intelligents artificiels produisant leur propre trajectoire dramaturgique. À cet égard, La Fontaine Carnaval de Tinguely expose un couplage de deux entités considérées traditionnellement comme distinctes. Quel rapport entre l'eauélément naturel biologique le plus important, essentiel pour tous les organismes vivants connus, et la machineproduit mécanique factice conçu pour effectuer une tâche spécifique ? Le premier réflexe critique nous conduit à considérer que ces deux éléments (l'eau et la machine) sont reliés.

L'Entropie, une Méthode d'Analyse du Phénomène Révolutionnaire

2012

Qu’il s’agisse de la chute du bloc socialiste de 1989, du printemps arabe de 2011 ou bien, comme l’a mis en exergue Alexandre Adler, des révolutions européennes de 1848, nous faisons face à des phénomènes macrohistoriques, dont l’intelligibilité est difficile car ils sont définis par de nombreuses variables temporelles, géographiques et thématiques. L’aspect temporel, bien que souvent oublié des analyses géopolitiques, est peut-être le plus complexe à définir. L’aspect géographique n’est pas beaucoup plus aisé à appréhender, et il dépend qui plus est lui-même des évolutions temporelles et du panel thématique. Enfin, l’aspect thématique complexifie passablement ces difficultés méthodologiques. L’analyse par une segmentation des variables temporelle, géographique et thématiques permet de faciliter l’approche analytique afin de mieux en saisir les points de convergence ou de divergence des phénomènes révolutionnaires. Mais on en perd à la fois la dynamique et la transversalité. Une méthode autre permettrait d’évoluer entre les phénomènes de façons à conserver compréhension des dynamiques et transversalité de l’analyse: l'entropie.

Japanoise - Extrémismes & entropie

Japanoise - Extrémismes & entropie, 2019

Le phénomène dit japanoizu (acronyme de l'anglais Japan et noise), ainsi nommé à partir des années 1990, désigne désormais une catégorie de plus dans le paysage musical de la postmodernité. Mais est-il aussi homogène, délimité et (il-)lisible que certaines littératures l'ont laissé entendre, y compris celles générées par des réflexions japonaises elles-mêmes sur le sujet ? Par une étude minutieuse et très documentée aux sources japonaises aussi bien qu'occidentales, l'auteur, évitant les écueils d'une approche de collectionneur, resitue les éléments dans leur contexte, présente de façon détaillée les mutliples facettes et tensions de cet univers proliférant et violent, fournissant des analyses formelles, claires et rigoureuses, révélant également les enjeux fantasmatiques, voire idéologiques qui y circulent. Il apporte en outre une documentation rare sur les principaux acteurs de cette scène complexe et contradictoire (Akita Masami – Merzbow –, C.C.C.C., Gerogerigegege, Government Alpha, Hanatarashi, Hijōkaidan, Incapacitants, Masonna, MSBR, Null, etc.), dont certains sont déjà passés au statut « légendaire ». Ouvrage abondamment illustré, enrichi de discographies et d'annexes lexicales.

De l’émergence dans les risques émergents

Congrès Lambda Mu 19 de Maîtrise des Risques et Sûreté de Fonctionnement, 2014

La vitesse des évolutions technologiques et sociétales ainsi qu'une acceptabilité de plus en plus réduite font des risques émergents un sujet d'intérêt de plus en plus accru pour l'ensemble des acteurs de la société. Néanmoins, de nombreuses disparités et divergences existent quant à la définition même de ce concept. Après l'analyse des différentes définitions existantes et de leurs limites, nous nous appuierons sur les apports de la théorie de la complexité pour proposer une définition originale du concept de risques émergents et en déduire des orientations pour leur gestion.

Entretien sur l'entropie, le vivant et la technique : Deuxième partie

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S -Je voudrais maintenant discuter de la question des possibles, telle qu'exposée dans ton article Possibility spaces and the notion of novelty: from music to biology et ce que tu écris à partir de Bergson 1 . Allons directement à la citation de Bergson tirée de La Pensée et le Mouvant 2 . La question posée est : qu'est-ce que l'événement d'une symphonie et qu'est-ce que l'événement en général ? Je suis absolument d'accord avec ce que tu dis dans ce texte parfaitement clair et convaincant. J'ai moi-même travaillé sur la musique. C'est la musique qui sert de matrice à la phénoménologie du temps de Husserl. Elle est aussi le champ idéal pour étudier l'irréductible technicité de cette phénoménologie. Là plus que nulle part ailleurs, il faudrait parler de phénoménotechnique en élargissant la notion de Bachelard 3 . Si la mélodie d'où part Husserl n'est certes pas toute la musique, c'est déjà de la musique. Et un instrument de musique est un objet technique -un organe exosomatique -à faire du temps, au sens où il (co)produit avec le musicien (c'est-à-dire par l'agencement des organes endosomatiques avec l'organe exosomatique qu'il est pour le musicien) des bifurcations anti-anthropiques. Il « fait » du temps au sens où Bergson et toi le disent, et ce n'est pas n'importe quel temps. C'est un temps qui n'est pas soluble dans le devenir, parce qu'il y ouvre un avenir d'où il revient. Cette revenance, qui est celle d'un esprit du temps, donne lieu et fait événement en ce sens : elle donne lieu à un temps (c'est l'événement) qui ouvre un espace du nouveau. Cette localité est néguanthropique en cela qu'elle procède de ce qu'Aristote appelle une poïésis. La musique, c'est ce temps bien spécifique. Sa spécificité relève d'une problématique de la quasi-causalité et de la performativité (je parle évidemment ici de performativité au sens du philosophe John Austin dans Quand dire c'est faire 4 )

Émergence d'un nouveau paradigme La systémique appliquée à la traduction des concepts évolutifs

Traduction et Langues , 2011

This paper discusses notional and conceptual translation and the issues it raises. For this purpose, examples will be provided concerning two types of translation: sustainable development, which illustrates an inter-linguistic translation and virtue, which is intra-linguistic. The new paradigm that is proposed in this article is that of the sciences of complexity and, in particular, an application of the need for a synergy of forms of knowledge. A reflection on both the syntagmatic and paradigmatic use of a word and its evolution will refine research and will clarify the usage of a term in a language for specific purposes. Some concluding remarks have been drawn from this research. While the classical analytical rationalist approach obviously tended towards reductionism based on causality and linear reasoning which gives rise to exhaustiveness, the systemic approach sets out on the path of relevance, interaction and globalism, particularly in relation to the environment of the system. The systemic approach is teleological “in search of the behavior of the conceptual system”. The latter is an approach that responds to aggregation or “modeling for simplifying representation”. It consequently adheres to the concept of interaction between the components and the concepts, of which the feedback "the feedback" which is a form of it. The complexity - far from being a complication - can be inherent in very composition of the system essentially based on reticular relations also depending on the uncertainty of the environment of the system in question. The concept is a complex entity, even hypercomplex, whether it is intrinsically superordinate, subordinate or coordinated, the latter cannot be approached in a reductionist way. He must resort to systemics, the approach of which consequently lends itself to a conceptual exercise in the reconstruction of knowledge and consequently of the concept: A reconstruction which aims to be faithful, adequate and almost absolute, eliminating the risk of falling into the anarchy of designations and incomprehension due to the fact that complex thought is “animated by a permanent tension between the aspiration for a non-parcel, non-partitioned knowledge and the incompleteness of all knowledge”. The elasticity of the concept inevitably appearing insofar as it is transversal and moves from one discipline to another and from one theory to another.

Pour une éco-critique de l'Entropocène : entropies, écologies, techniques et savoirs dans les sociétés hyperindustrielles

Publié dans ELFe XX-XXI n°11, "Ruptures éco-critiques, à l'avant-garde", O. Penot-Lacassagne (dir.), 2022. https://journals.openedition.org/elfe/4361 En décrivant l’ère Anthropocène comme une ère Entropocène, c’est-à-dire comme un processus d’augmentation massive de l’entropie sous toutes ses formes (physique, biologique et informationnelle), Bernard Stiegler produit un nouveau diagnostic de la situation contemporaine, qui ne repose plus sur une opposition entre une humanité technicienne et une nature originaire, mais qui suppose d’appréhender le lien intrinsèque entre la destruction des écosystèmes, des espèces, de la biodiversité et la destruction des savoirs, des cultures et de la « noodiversité ». Pour comprendre cette analyse, il est nécessaire de revenir sur la notion transversale d’entropie, ainsi que sur ces implications en termes d’écologie environnementale, mais aussi d’écologie mentale et d’écologie sociale. Nous nous demanderons alors comment bifurquer vers des sociétés anti-anthropiques pour sortir de l’Entropocène.