Des pompes et des hommes (original) (raw)

En 1980, les Nations Unies ont proclamé pour la période 1980-1990 la Décennie Internationale pour l'Eau Potable et l'Assainissement (DIEPA) qui visait à augmenter la couverture en eau potable en particulier dans les pays mal pourvus, essentiellement au sud. Dès lors, le Mali a bénéficié d'opérations de déploiement de ressources en eau notamment en zone rurale, de forages équipés de pompes à motricité humaine et d'adductions d'eau sommaires. Le taux national de couverture des besoins est passé de 39,2 % en 1989 à 62 % en 2003 [Direction Nationale de l'Hydraulique ; DNH, 2006]. Dans les villages de la commune de Hombori 1 , trop petits pour recevoir des adductions, ce sont les pompes à motricité humaine (PMH), une vingtaine en tout qui ont été installées. Bien qu'elles soient ici et là utilisées pour abreuver quelques petits ruminants ou arroser des jardins, elles sont conçues par les décideurs (pouvoirs publics, ONG, bailleurs de fonds) comme des ressources en eaux de qualité, à usage prioritairement domestique. Elles ne sont pas simplement une ressource de plus (les villages d'implantation disposent toujours d'au moins un puits, souvent de puisards, d'eaux de surface...) mais elles introduisent une dimension socio-technique inédite. En effet, pour la maintenance des PMH, le changement des pièces détachées contraint les utilisateurs à recourir au marché parce qu'elles sont de fabrication industrielle et qu'elles ne peuvent être produites localement. Aucune autre ressource en eau ne suppose cette dépendance, un puits ne risque pas de panne et l'exhaure ne nécessite qu'une corde et une puisette dont chaque famille dispose.