Le langage de la révélation en phénoménologie radicale (original) (raw)
2018, Revue internationale Michel Henry
La vie est l'apparaître originel que nous désignons désormais sous le titre de révélation. […] Le premier trait de la révélation de la vie, c'est qu'elle s'accomplit comme une autorévélation. S'autorévéler pour la vie veut dire: s'éprouver soi-même […] ; la façon dont la vie révèle, c'est celle dont elle parle […] ; la parole que parle la vie présente le caractère extraordinaire qu'elle ne parle jamais que de soi. 1 Cet extrait de « Phénoménologie matérielle et langage », un des textes de Michel Henry qui clôt les actes du colloque de Cerisy, résume parfaitement l'aboutissement de sa pensée, caractérisé par l'étroite connexion entre révélation et langage, soit entre le thème fondamental de son commencement-on sait que son opus magnum devait s'intituler L'essence de la révélation-et celui du langage, qui constitue comme la dominante de sa dernière pensée. En effet, si dans L'essence de la manifestation, le langage ne se trouve saisi que de manière latente et ne fait son apparition explicite, à propos du sentiment, qu'au § 61, on peut dire qu'à partir du texte que nous avons cité, il devient un vrai leitmotiv de la pensée henryenne, qui se conclue justement sur des paroles, les paroles du Christ, paroles par excellence. C'est que, comme chez tout grand penseur, ce qui vient à la fin est en réalité présent dès le début, de sorte que ce qui n'avait d'abord qu'une présence furtive se révèle in fine obéir à une nécessité interne. Cela n'annule évidemment pas l'effectivité du chemin, au terme duquel le langage est devenu non seulement un passage obligé, mais aussi un point d'arrivée, voire une sorte de banc d'essai où se joue la validité de la phénoménologie matérielle ou radicale. Cet aboutissement, on peut le résumer dans cette affirmation : pas de révélation sans langage, pas de langage sans révélation. Toutefois, avant Michel Henry, c'est bien ce qu'avait on ne peut mieux dit Heidegger. De quelle révélation s'agit-il dès lors, et de quel langage ? Plus encore : de quel langage pour quelle révélation? Voilà la question. C'est sur ce plan que la pensée de Michel Henry croise inévitablement la pensée de Heidegger qui, dès les premières lignes de L'essence de la manifestation, se présente comme son interlocuteur privi